Il n’est pas toujours mal de “faire semblant”, tant qu’on demeure conscient de jouer un rôle. C’est du moins le principe fondamental qui anime Peter, dans le premier long métrage d’Atom Egoyan, le trop peu connu Next of Kin (1984).
“…Pour le spectateur, fasciné par l’acteur Léaud depuis ses premiers rôles, habité par la mémoire d’un cinéma français radical, le film déborde le simple récit. Surpris et touché par Le pornographe, conscient de la marginalité du propos, les questions se multiplient : Comment témoigner d’une époque dans un mouvement qui cherche en même temps à s’en exorciser ? Comment perpétrer la pratique d’un cinéma qui, en plein cœur de l’industrie, veut lui échapper ? L’héritage de la Nouvelle vague, comme celui de l’enthousiasme social des “soixante-huitard”, est lourd et diffus. Comment revendiquer cet héritage sans coller à une radicalité qui accumule les pensées bien élevées ?…”
“…Il faut aujourd’hui penser l’histoire du cinéma américain en ayant en tête le mode d’absorption particulier de ses propres images, de la mythologie particulière qu’elles provoquent. Il est trop facile de prendre en compte cela en considérant simplement l’évidence des situations, des dénouements dramatiques qu’elle implique dans les films. Cette évidence relève d’une connaissance spectatorielle inouïe des codes de la représentation, peut-être sans équivalent dans l’histoire de l’art et de la culture de masse. Elle est le fait simple de la surexposition d’un système d’exploitation…”
La publicité est un lieu où les intérêts privés peuvent à leur guise propager des images et des croyances sur des sujets qui dépassent leurs produits et leur champ de compétence réservé.
Le Viagra est apparu. La fontaine de jouvence devenue réalité et disponible sur prescription. Tout de suite s’est déployée une large campagne publicitaire, ou disons, selon son apparence, un message “d’intérêt publique sur la santé”. Un terme auparavant circonstentiel s’est alors installé dans le langage courant, à la télévision, dans le bureau du médecin, il a institué un fait social, a créé une maladie répandue au point d’atteindre “un homme sur trois” : c’est “la difficulté érectile”.
Le Sommet des Amériques de Québec est un événement hyper documenté. Parfois, un manifestant sur trois semblait être muni d’un appareil de prise de vues. Puis il y a aussi l’omniprésence de la télévision et les centaines de caméras de vidéo-surveillance de la police (qui, d’ailleurs, sont pour la plupart toujours en fonction plus d’un ans après la “clôture” de l’événement). Dès lors, on pouvait espérer que quelqu’un, quelque part, allait tisser à partir de ces kilomètres de bande magnétique, un filet de sécurité pour tous ceux qui, croulant sous la surabondance d’images et de commentaires, perdirent pied depuis l’étroite poutre du réel.
La dialectique nous a appris, écoliers, que le vrai est toujours un moment du faux, et le faux, non moins, un moment du vrai. Cette dialectique, à la fois se vérifie et se contredit, chaque jour, suivant l’angle d’attaque et la lucidité de l’observateur, depuis que le “monde-vérité” a migré vers un autre système solaire, depuis, aussi, que la vérité est passée du discours (écrit, parlé) aux images mécaniques.
“…Il faut bien comprendre qu’un film comme Baise-moi n’est pas né du jour au lendemain mais qu’il est le fruit complexe de plusieurs tendances qui ont travaillé la société depuis plusieurs dizaines d’années. Il serait trop long de rentrer dans les détails à ce sujet mais tentons néanmoins de comprendre succinctement les différents enjeux du film et ce qu’on y voit. Depuis quelques temps, des films revendiqués auteuristes montrent des scènes “explicites” d’actes sexuels. Ce qui était prévisible après mai 68 et de ce qui l’a précédé au début du XXe siècle avec l’avènement de ce qu’on a appelé le “modernisme” qui revendiquait révolution politique et propagande hédoniste, est arrivé…”
“…Au terme de ces soirées denses, l’artiste viennois a cependant semé dans la tête des spectateurs – ainsi qu’à la rédaction d’Hors Champ – de nombreuses questions qui n’ont pas manqué de soulever des discussions et des prises de positions aussi radicales (et opposées) que celles proposées par Kubelka. Il nous semblait donc nécessaire de revenir clarifier certaines des affirmations de ce théoricien iconoclaste, mais aussi de prendre avis de l’état du cinéma, un art toujours “inachevé”. Nous avons rencontré Peter Kubelka à son hôtel où, bien calé dans son fauteuil au retour d’une brève excursion ethnologique chez les amérindiens Mohawk, il a poursuivit sur la même lancée qui l’avait animé pendant deux heures chaque soir…”
“…Vue rétrospective contradictoire, à l’instar de ce cinéma qu’annuellement les Rendez-vous rassemblent, diffusent, nomment, interrogent. Un cinéma certes en croissance marquée, mais perpétuellement partagé entre, d’une part, ses visées de modeste et indépendante cinématographie des “auteurs” et de l’expression socio-culturelle plus personnelle ; d’autre part, ses ambitions de compétition nationale et internationale ainsi que ses rêves d’“oscarisations” possibles, générés par ce que l’on a nommé le “cinéma des producteurs et des PME audiovisuelles”…”