“…Ce ne serait pas couper court de dire que le “vrai” devient, dans ce film, le contre-champ du faux. Mais puisqu’il arrive que le champ devienne, à son tour, contre-champ, le vrai pivote sur lui-même et devient une partie du faux. Le film nous présente une version mensongère du réel : stylisée, idéalisée visuellement. C’est précisément le réel des salles obscures, à l’âge d’or du Silver Screen. Il y aurait donc une constante suppléance, affichée, entre le vrai et le faux, entre le réel et la factice, dans un monde où le plus farfelu devient le plus vraisemblable…”
“…Annoncé comme un “petit Oliveira” par la rumeur, Porto de mon enfance est plus sûrement une clé sans pareille pour pénétrer l’univers du cinéaste. Comme souvent chez le portugais, il suffit de suivre le titre pour se faire un idée juste de ce qu’on vient de voir ; Porto de mon enfance, ou l’évocation par le maître lui-même de sa naissance au monde, de sa ville, de son univers. Plus symboliquement, la tentative de retour au Port (la signification de Porto en Portugais) d’un aventurier parti trop longtemps…”
“…Lorsque Cruise, au début de Vanilla Sky, se retrouve en voiture dans un Time Square désert, je rêve au Paris réinventé de Minelli où l’on dévoilait la chimère d’une ville dans le carton des décors. Cela est passé de mode. On injecte du faux au réel sous des prétextes esthétiques qui cachent plutôt, entre autres, une peur de la collusion entre la réalité et le masque indélébile de l’acteur. Que serait un film en équipe réduite où Tom Cruise marcherait dans une ville ouverte, ferait son marché, prendrait le métro – tout ce qu’il ne fait probablement pas ?…”
“…Quelle heure est-il là-bas ?, du réalisateur taiwanais Tsai Ming-Liang, s’affiche comme un film sur la mort du père. Le père du réalisateur est mort en 1992, et la mort du père de son acteur fétiche, Lee Keng-Shen, est survenue au cours du tournage de The Hole (1999). Son dernier film interroge et tente de surmonter la douleur que les deux hommes ont vécue, en proposant la chronique détournée d’une disparition par le biais d’une lente – bien que par moments hilarante – méditation sur le temps et la mort, sur le dépaysement et le retour, sur l’incommunicabilité et le hasard ?…”
“…À mi-chemin de son histoire, il s’est ouvert une brèche dans le développement du cinéma, une marge où s’est constituée en quelque sorte une deuxième genèse possible du médium filmique. Bien qu’il y eu plus tôt des précurseurs français – René Clair, Fernand Léger, Marcel Duchamp… – et bien sûr Vertov, c’est dans cette marge des années 50 et 60, aux États-Unis et plus à l’est en Europe, qu’est apparu un corpus d’oeuvres remarquable par sa variété, son ampleur et la force des expériences qu’il offrait…”
DEUXIÈME PARTIE
PREMIÈRE PARTIE “…Cette popularité-là n’a rien à voir avec l’étrange mystique, curieuse, qui entoure les deux frères, et dont raffole, certes, un certain public qui, enfin, allait pouvoir découvrir les “individus biscornus” qui avaient mis au monde de tels mondes. Au fond, en les rencontrant, par un matin clair, nous avons pu constater qu’il n’y avait rien de plus erroné. Au lieu des “jumeaux-névrosés à la sexualité vacillante”, qu’une certaine presse tente à grands renforts de mystification de nous vendre, ce sont deux artistes d’une générosité rare, attentionnés et précieux, que nous avons rencontrés, et qui nous ont accordé une séance d’interview qui dépassait toutes nos attentes…”