À l’occasion de la sortie en DVD de Sur la trace d’Igor Rizzi, un entretien avec Noël Mitrani réalisé en octobre 2006, au Festival du nouveau cinéma de Montréal.
Si vous voulez, pour ma part, les personnages que je mets en scène ont un rapport à l’écriture, aux mots : professeur dans Encore, critique dans Rien sur Robert, journaliste en vacances dans Petites coupures. De même, dans mon dernier film, Je pense à vous, le personnage d’Hermann est éditeur, il a donc un rapport au monde de l’écrit.
Le programme straubien serait plus qu’un cinéma historique (leurs films sont tout sauf des fresques ou des épopées de l’histoire), plutôt des objets de présence, habités d’une conscience du temps.
Que reste-t-il de mai ? Quels plans ai-je tourné un jour de mai 68 que je pourrais retrouver d’une certaine manière aujourd’hui, en prenant soin de filmer les visages de mes contemporains plus jeunes ? Voilà peut-être à quoi voulait répondre Garrel, entre autre chose, en faisant Les amants réguliers.
“Le cinéma, à mon sens, est mort en devenant un art de la maîtrise, dès le second film des frères Lumière. Le prolongement de cette forme morte de cinéma se trouve dans le virtuel. Le premier film des Frères Lumière quant à lui, se prolonge avec Rohmer, Kiarostami, les Straub et c’est une aventure folle.”
“Car c’est bien de cela dont il s’agit, lorsque Tiresia devenu oracle prédit le bonheur des uns ou le malheur des autres : faire passer l’expérience, qui dans la subjectivité est aussi une connaissance du temps, comme un fardeau dont il faut se délivrer. « Tiresia », ou celui qui enlève l’expérience de la bouche des autres.”
“ J’ai d’abord photographié ce qui était autour de moi; je me suis toujours demandé pourquoi on ne pouvait pas raconter certaines histoires, pourquoi certaines choses n’étaient jamais dites. Quand j’étais jeune, tout était supposé être très bien, il n’y avait supposément ni toxicomanie, ni alcoolisme, ni abus d’enfant. “
Entretien avec le cinéaste Larry Clark.