Archives des brèves éditoriales, 2e partie (2002).
“C’est peut-être ça qui fait que c’est du réel : ça résiste. C’est ce que l’on ne traverse pas facilement. Quand nous choisissons les angles de caméra, les mouvements des corps de nos personnages ou de la caméra, nous essayons toujours qu’il y ait quelque chose qui résiste au regard. Nous cachons une partie, nous en cachons plus que ce que nous en montrons. “
Le Sommet des Amériques de Québec est un événement hyper documenté. Parfois, un manifestant sur trois semblait être muni d’un appareil de prise de vues. Puis il y a aussi l’omniprésence de la télévision et les centaines de caméras de vidéo-surveillance de la police (qui, d’ailleurs, sont pour la plupart toujours en fonction plus d’un ans après la “clôture” de l’événement). Dès lors, on pouvait espérer que quelqu’un, quelque part, allait tisser à partir de ces kilomètres de bande magnétique, un filet de sécurité pour tous ceux qui, croulant sous la surabondance d’images et de commentaires, perdirent pied depuis l’étroite poutre du réel.
“…Au terme de ces soirées denses, l’artiste viennois a cependant semé dans la tête des spectateurs – ainsi qu’à la rédaction d’Hors Champ – de nombreuses questions qui n’ont pas manqué de soulever des discussions et des prises de positions aussi radicales (et opposées) que celles proposées par Kubelka. Il nous semblait donc nécessaire de revenir clarifier certaines des affirmations de ce théoricien iconoclaste, mais aussi de prendre avis de l’état du cinéma, un art toujours “inachevé”. Nous avons rencontré Peter Kubelka à son hôtel où, bien calé dans son fauteuil au retour d’une brève excursion ethnologique chez les amérindiens Mohawk, il a poursuivit sur la même lancée qui l’avait animé pendant deux heures chaque soir…”
Archives des brèves éditoriales, 3e partie (2001).