J’étais réticente devant ces Histoire(s) du cinéma qui, bien honnêtement, me semblaient n’offrir qu’une insurmontable ascension ou, plus tétanisante encore, une mer sombre aux mouvements indiscernables, qui au mieux, terrifie, au pire, paralyse. Devant ce flot insaisissable, ce trop plein d’informations d’une hétérogénéité essoufflante, j’étais médusée.
Tout se passe comme s’il y avait un équilibre secret et profond entre les troupes de l’art conformiste et ses voltigeurs audacieux. C’est là un phénomène de complémentarité bien connu en sociologie, où Claude Lévi-Strauss l’a décrit excellement: l’auteur d’avant-garde est un peu comme le sorcier des sociétés dites primitives: il fixe l’irrégularité pour mieux en purifier la masse sociale. Nul doute que dans sa phase descendante, la bourgeoisie n’ait eu un besoin profond de ces conduites aberrantes, qui nommaient tout haut certaines de ses tentations.
J’essaie ici de mettre ensemble André Martin et André Bazin pour réfléchir à la nature commune du cinéma et du cinéma d’animation et ainsi éclairer certaines de mes pratiques. Il y a pour cela des raisons personnelles, historiques et finalement théoriques dans lesquelles se joue la question du rapport entre images de prise de vues réelle et images animées, et de leur incidence réciproque dans la définition du cinéma.
Je tourne les pages, je regarde par la fenêtre. Il fait beau – je m’en souviens, j’avais déjeuné avec ma copine Cathy – je tourne donc les pages, me disant que je consulte le dernier dossier d’archives et que la récolte est maigre. Il faut que cette fois soit la bonne. Et bing! Un titre : « Mais oui, c’est un art ».