« Réglé » au quart de tour, comme on dit, Exilé est évidemment en dialogue constant avec les « règles du genre » (c’est la règle du jeu), mais comme s’il les redécouvrait pour la première fois, comme si elles se développaient organiquement à partir des nécessités du film, et non par simple obédience à une loi qui lui préexisterait.
Il est étonnant (et heureux) de retrouver, flanqué au milieu d’une programmation de films plus ou moins imbéciles, plus ou moins réussis, l’un des films les plus accomplis de toute l’histoire du cinéma, et dont les nombreuses émules maladroites qu’il a générées (quelques-uns rodent à Fantasia, au FNC, au FFM) ne font que confirmer, par la négative, la grandeur et la caractère indépassable de son accomplissement.
Retour sur deux événements présentés à Montréal au mois d’août 2007, tous deux symptomatiques d’un état de la cinéphilie au Québec.
Un seul individu, doté d’un cellulaire et d’une connexion Internet, a été en mesure d’ébranler, pendant quelques jours, la solide charpente des institutions, en nous permettant d’entr’apercevoir le contrechamp d’un événement historique et médiatique.
« D’une part, il y avait le discours sur la mondialisation qui devait apporter la richesse et d’autre part, c’était la crise économique. J’ai alors constaté qu’à partir du moment où les quartiers ne sont plus des lieux d’enracinement et que seul le travail peut nous donner une position sociale, le chômeur est non seulement pauvre, il est aussi dans une situation d’errance… »
Depuis une dizaine d’années au moins, l’idée de fiction à la télévision semble traverser une crise, dont la multiplication des concepts de téléréalité apparaît comme un symptôme parmi d’autres. Non pas que les émissions de fiction soient appelées à disparaître du petit écran – elles sont encore très présentes, et le resteront – mais quelque chose se passe qui concerne en substance le statut attribué au processus de fictionalisation lui-même, affectant profondément au passage le nature des liens qui se tissent dans une partie de la programmation entre le réel et l’imaginaire.
Avec ses quatre premiers longs métrages, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan n’a cessé de surprendre et d’éblouir. Chaque film révèle la cohésion d’une œuvre unique, émouvante et envoûtante. Hors Champ présente cette rétrospective complète en collaboration avec la Cinémathèque québécoise…
Grâce à des circonstances extraordinaires, et surtout à une conscience aigue de l’éthique documentaire, Rithy Panh parvient avec succès à recréer, trente ans après le drame, une sorte de mémoire collective, composée de gestes et d’images personnelles. Il prouve que, malgré tout, le cinéma est capable de réaliser une image de ce génocide, en dépit du temps et de la machine Khmère.
Montage de textes, de citations, de photographies et de documents, en hommage à Danièle Huillet et Jean-Marie-Straub.
“Il paraît qu’il y a depuis quelque temps et en divers endroits des individus armés qui entrent dans les écoles et tirent au hasard sur d’autres individus. Ces événements étranges ébranlent beaucoup de gens. Pourquoi les écoles ? Pourquoi cette haine aveugle? Pourquoi donc d’horribles malades s’attaquent-ils systématiquement aux écoles ? Quel mal innommable les habitent pour qu’ils se jettent ainsi sur ce qui de loin les mérite le moins ?”
Jean Baudrillard est décédé le 6 mars 2007, à l’âge de 77 ans. Sociologue, philosophe, photographe, mais surtout écrivain génial, penseur inclassable, célébré et dénigré, il a porté à travers ses nombreux écrits un regard pénétrant sur les phénomènes culturels, les convulsions de l’Histoire, les fondements psychiques et sociaux d’un monde en profonde mutation.
Le programme straubien serait plus qu’un cinéma historique (leurs films sont tout sauf des fresques ou des épopées de l’histoire), plutôt des objets de présence, habités d’une conscience du temps.
Lorsque, il y a vingt ans, j’ai eu pour la première fois l’idée d’écrire un article sur les films de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, j’avais pensé lui donner le titre : « Curiosité », ou même : « Enthousiasme ». Prenant le contre-pied d’un ensemble de réflexions théoriques bien pesantes qui circulaient à l’époque sur les films de Straub-Huillet, je voulais plutôt souligner une dimension rare, immédiate et agréable de leur cinéma, à savoir la précision, la justesse de tout ce qui le compose…