Archives des brèves éditoriales, 2e partie (2002).
La vidéo est de toute évidence le médium de notre époque et celui de notre culture. Au cours des trente dernières années elle a proliféré comme aucun autre médium dans le monde des arts (diffusion élargie dans les musées, galeries d’art et festivals de cinéma, intégration à tous les arts de la scène, à la culture techno, enseignements spécifiques dans les écoles d’art…), en plus d’être le support du média de masse qu’est la télévision. En tant que technologie de l’image, dans toutes ses variantes, son étendue est encore plus vaste ; caméras amateures, cinémas maison, documents corporatifs, Internet, surveillance… L’omniprésente possibilité de tout capter en images.
La dialectique nous a appris, écoliers, que le vrai est toujours un moment du faux, et le faux, non moins, un moment du vrai. Cette dialectique, à la fois se vérifie et se contredit, chaque jour, suivant l’angle d’attaque et la lucidité de l’observateur, depuis que le “monde-vérité” a migré vers un autre système solaire, depuis, aussi, que la vérité est passée du discours (écrit, parlé) aux images mécaniques.
“…Il faut bien comprendre qu’un film comme Baise-moi n’est pas né du jour au lendemain mais qu’il est le fruit complexe de plusieurs tendances qui ont travaillé la société depuis plusieurs dizaines d’années. Il serait trop long de rentrer dans les détails à ce sujet mais tentons néanmoins de comprendre succinctement les différents enjeux du film et ce qu’on y voit. Depuis quelques temps, des films revendiqués auteuristes montrent des scènes “explicites” d’actes sexuels. Ce qui était prévisible après mai 68 et de ce qui l’a précédé au début du XXe siècle avec l’avènement de ce qu’on a appelé le “modernisme” qui revendiquait révolution politique et propagande hédoniste, est arrivé…”