Ce sont les fils de ma vie qui se tressent dans Le mont Fuji vu d’un train en marche et en créent la tessiture. Ce film est la zone de croisement de tous les courants intimes et artistiques qui ont constitué mon expérience.
À propos du film Zigeunerweisen de Seijun Suzuki.
Levé tôt, je défais ma valise. Dans le plus petit compartiment, bric-à-brac de voyage : un roman (que je ne lirai que dans l’avion), ma caméra digitale et 2 adaptateurs de voyage (portable, téléphone). Ma trousse de médicaments (antiinflammatoires, antihistaminiques, antibiotiques, antiviraux, iodure de potassium) coincée entre une serviette (sans laquelle je ne me déplace jamais) et un pull en laine (qui sentira bientôt la cigarette).
Dans ce coin de pays, les routes sont anciennes et en saison froide, recouvertes d’un frêle drap de neige scintillante. La forêt, c’est le cas de le dire, est émouvante. Si nous parlions de cinéma, votre ami aurait-il raison d’employer une écriture si poétique pour parler de celui de Suzuki?
J’aimerais écrire un petit livre, plaquette, étude, essai libre, sur l’attrait de la flaque au cinéma, avec un sous-titre bien sérieux comme : « Pour une esthétique du renversement ». J’en émets ici l’hypothèse, la très frêle et improbable ébauche, avec peut-être l’espoir que quelqu’un prenne la balle au bond et me donne un jour le plaisir d’en exposer le dessin complet.
Notes sur «Mais un oiseau ne chantait pas» rédigée en route vers le Festival international du film de Rotterdam où le film était présenté.
— Pour débuter, vous réaliserez un petit film d’action inoffensif, lui dira Kyusaku Hori, président de la Nikkatsu. Je vous propose donc La victoire est à nous. Le scénario n’est pas génial, mais il n’est pas mauvais non plus. Il est néanmoins inoffensif. À la fin du scénario, il y a un combat qui oppose un marin à un gangster. En dépit de la teneur inoffensive du produit final, si cette séquence tient la route, il est de mon avis qu’il en ira également de vos commencements.