Les quelques jours d’affolement médiatique causé par la mort de Michael Jackson auront servi à nourrir notre connaissance non pas de l’homme mais des circonstances qui poussent la machine-média à s’emballer aussi radicalement, et peut-être surtout des étapes qui accompagnent nécessairement le processus hagiographique.
Nombreux sont les cinéastes qui, dans un même élan, éveillent les rêves des spectateurs et donnent des cauchemars aux commentateurs. Rares sont en revanche ceux qui provoquent un tel phénomène en ne sombrant jamais dans les abîmes de la trivialité. Terrence Malick appartient à cette lignée d’artistes. Sa singulière propension à engendrer simultanément le réconfort du Cœur et l’inconfort de la Raison a des origines aussi multiples que difficiles à cerner. Comme s’il avait voulu dresser des remparts infranchissables autour de la citadelle de sa pensée, l’auteur de ces oscillations énigmatiques a fait de son ouvrage une longue série de questions, dont la principale caractéristique est de n’accorder aucune place aux réponses explicites. Ce choix a certes allégé ses œuvres des désastreuses pesanteurs de la démonstration ; mais en faisant prévaloir la sensation sur l’intelligibilité, il a rendu plus difficile encore le travail des amateurs d’herméneutique.
Analyse du film de Michel Houellebecq, La possibilité d’une île, et retour sur la réception critique du film.
Cinéaste expérimental majeur, Ken Jacobs a récemment terminé une œuvre vidéo en stéréoscopie anaglyphe, Anaglyph Tom (Tom with Puffy Cheeks). Il y revisite les images de Tom, Tom, the Piper’s Son, un film de 1905 qu’il avait déjà utilisé dans son film du même titre de 1968. Autour de cette expérience magistrale, qui explore toutes les possibilités et illusions de l’espace cinématographique, la Cinémathèque québécoise propose un programme d’œuvres vidéo récentes, longues et courtes. De films en vidéos, Jacobs poursuit ainsi une réflexion poétique sur le cinéma, d’une portée et d’une beauté saisissantes.
Entretien avec Hélène Cattet et Bruno Forzani, réalisateurs d’Amer, présenté au FNC en 2009.
Outre l’évidente ou apparente inutilité de l’exercice, l’intérêt d’un retour sur un festival de films vieux de quelques mois consiste à prendre acte de la prégnance des images et des sons, à faire retour sur ce qui s’est sédimenté dans la mémoire, explorer cette contraction formidable du temps vécu, qui transforme des amoncellements d’heures passées devant des images en une série de courts plans retenus, retrouvés au fil de l’écriture, au gré des associations et des réminiscences.
Aucune lumière parasite pour regarder Un Lac. Le film doit être vu dans une obscurité totale et conditionnelle, une manière de rappeler la posture proche du rêve dans laquelle est maintenu le spectateur tout au long d’une projection. La matière du rêve est celle avec laquelle se fait aussi le cinéma.
Pourquoi revenir sur Polytechnique? Parce que l’énormité de « cette histoire » ne mérite pas de se clore aussi facilement : elle montre le degré d’aveuglement, d’abrutissement non seulement de la critique, mais des médias en général qui ont prouvé une fois de plus que ce qu’un film contient, ce dont il est fait, est absolument secondaire quand vient le temps de créer un « événement cinématographique ».
Le révélateur est à ranger précieusement parmi ces films rares touchant aux sensations les plus enfouies, mais sans doute les plus indélébiles, ces obscures impressions ressenties pendant l’enfance, films procurant l’étrange sentiment d’avoir toujours été vus, et peut-être même vécus, films dont les images remontent en nous comme autant de réminiscences de ce territoire lointain.
Pour rendre compte de l’intensité et de l’atmosphère unique qui ont caractérisé les événements de la place Tiananmen, Lou Ye a choisi de filmer une histoire d’amour torride et passionnée. Cela peut sembler à première vue un choix banal, mais dans le contexte du cinéma chinois contemporain, c’est un choix qui porte à réfléchir.