Nombreux sont les cinéastes qui, dans un même élan, éveillent les rêves des spectateurs et donnent des cauchemars aux commentateurs. Rares sont en revanche ceux qui provoquent un tel phénomène en ne sombrant jamais dans les abîmes de la trivialité. Terrence Malick appartient à cette lignée d’artistes. Sa singulière propension à engendrer simultanément le réconfort du Cœur et l’inconfort de la Raison a des origines aussi multiples que difficiles à cerner. Comme s’il avait voulu dresser des remparts infranchissables autour de la citadelle de sa pensée, l’auteur de ces oscillations énigmatiques a fait de son ouvrage une longue série de questions, dont la principale caractéristique est de n’accorder aucune place aux réponses explicites. Ce choix a certes allégé ses œuvres des désastreuses pesanteurs de la démonstration ; mais en faisant prévaloir la sensation sur l’intelligibilité, il a rendu plus difficile encore le travail des amateurs d’herméneutique.