Plusieurs cinéastes ont décrit le rapport d’extrême proximité que le cinéma entretient avec la dimension onirique de l’existence. Mais à ma connaissance, et même si pour sa part Abbas Kiorastami se félicite que les gens s’endorment durant la projection de ses films, personne n’est allé aussi loin dans l’exploration de la dimension onirique du cinéma qu’Apichatpong.
Pour rendre compte de l’intensité et de l’atmosphère unique qui ont caractérisé les événements de la place Tiananmen, Lou Ye a choisi de filmer une histoire d’amour torride et passionnée. Cela peut sembler à première vue un choix banal, mais dans le contexte du cinéma chinois contemporain, c’est un choix qui porte à réfléchir.
Au-delà du malaise post-Tiananmen proprement dit, Frozen propose en fait un cadre d’analyse privilégié pour comprendre l’évolution de l’art performatif en Chine jusqu’à aujourd’hui, en problématisant avec une rare acuité le rapport entre « vie nue », science et performance.
Il est difficile de mesurer la profondeur du traumatisme causé par le massacre de la place Tiananmen. La tâche est rendue d’autant plus difficile que le silence imposé par le gouvernement chinois sur les événements perdure encore près de 20 ans plus tard, limitant considérablement les possibilités d’une réappropriation collective du sens de ce drame humain. Conjugaison, le premier long-métrage de Emily Tang, témoigne de ce profond malaise.
Érik Bordeleau et He Xiaodan, les deux programmateurs invités du cycle « Chine Cinéma » à la Cinémathèque québécoise ont gentiment accepté d’échanger avec nous, de nous donner leur point de vue sur l’état des choses en Chine, de son cinéma et de sa société, entre capitalisme et communisme, entre individualisme et effacement de soi.