Regard croisé autour du livre de Catherine Mavrikakis, L’absente de tous les bouquets, et du film The Garden de Derek Jarman.
How are you? demande une femme tapie dans l’ombre, au coin de deux murs blancs, From ten to one? Ten to zero? quelques pas de danse et elle rit — de nous peut-être, ou alors de l’absurdité de la question ? Une seconde femme, ailleurs, s’agite convulsivement sous une musique répétitive, lave ses mains et s’agrippe au mur — oui, le mur est bien là, massif, impénétrable, sécuritaire ; elle tournoie et ses cheveux giclent sur la surface blanche, souillent le mur de l’eau sale, son corps se cambre et se redresse, elle se lave les mains, How are you? la voix déclenche un tournoiement, un spasme nouveau, les cheveux fouettent le mur, le corps se cambre.
Ce texte est présenté dans la cadre de la série ÉMERGENCE, organisée et présentée par la lumière collective, en collaboration avec la revue Hors champ.
Rappelons-nous cette salle de cinéma enfumée, survolée à vol d’oiseau en suivant le trajet de la lumière d’un projecteur ; rappelons-nous, flottant au-dessus de la foule, la voix de Debbie Reynolds, sa douce mélancolie alors qu’elle souhaiterait savoir si l’homme qu’elle aime connaît le contenu de ses rêves.
Tour à tour, petits et gros, adultes et enfants, s’avancent lentement sur le tremplin, et d’une légère ou puissante flexion des jambes qui se communique à la planche en une vibration qui les propulse, sont lancés, le corps souvent désarticulé, en suspension, quelques fractions de seconde, avant d’être soumis au principe de gravité et englouti dans les profondeurs fraiches de l’eau. Rarement élégant, purement ludique, le plongeon repose sur un plaisir que je comprends, en principe, mais que je ne parviens pas tout à fait à partager (je ne crois pas y avoir pensé activement avant).
“Dunkirk peut susciter plusieurs étonnements, notamment en fonction de la position que l’on occupe dans le spectre de la détestation envers le cinéma que Nolan pratique (qui dans mon cas, a toujours atteint des hautes fréquences). Le premier étonnement, et le plus grand, est de me retrouver à écrire, en plein été, un papier à propos d’un type d’œuvre qui d’ordinaire — pour divertissante, admirable, accablante ou sympathique qu’elle soit — suscite assez rarement des désirs d’écriture.”
Être ou ne pas être ? Étienne le connaît par coeur. Il peut même le réciter à l’envers, de la dernière à la première phrase. Il a d’ailleurs réussi cet exploit intoxiqué à la bière noire et, bien que ce facteur soit moins susceptible d’avoir influencé son interprétation, par un soir de pleine lune. Par un autre soir, celui de grands vents cité plus haut, Étienne et moi avons visionné les interprétations de ce monologue dans huit adaptations différentes de la pièce de Shakespeare.
La technologie du téléphone portable semble incarner une nouvelle manière de penser et de repenser l’écran, qui correspond très certainement à une progression de l’usage de cette technologie dans le quotidien. À notre époque, en effet, qui se caractérise par une « convergence médiatique » de plus en plus grande, et où l’expérience du cinéma et de la télévision migre vers une multiplicité de supports, le téléphone mobile est indubitablement l’un des plus importants dispositifs qui contribuent à la circulation des images.
Retour sur le “Nitrate picture show”, présenté à la George Eastman House, à Rochester, du 1er au 3 mai 2015.