Voilà une note que j’ai écrite pour éclaircir mes positions en réponse à à l’invitation de présenter une conférence en janvier 2019 au microsalon à Paris. C’est le grand rendez-vous de l’Association française des directeurs de la photographie cinématographique.
Texte en hommage à Raoul Coutard, décédé le 8 novembre 2016.
«…il reste qu’au moment de regarder ces images, elles portent vraiment une ambigüité entre l’expérimentation et le geste manqué, entre une forme d’onirisme réussie et une illusion ratée…»
À une époque où la majorité des films étaient en noir & blanc, sauf pour le dispendieux procédé Technicolor à Hollywood, l’introduction de la pellicule 16mm Kodachrome en 1935 a permis de tourner des documentaires en couleurs, notamment à l’ONF…
Réflexion à partir de trois films : Blanche-Neige de Monteiro, Hurlements en faveur de Sade de Debord et La mort du jeune aviateur anglais de Duras. L’auteur pose la problématique de la jointure entre le texte (sa transformation par le médium cinématographique) et une image entièrement noire.
Pourquoi revenir sur Polytechnique? Parce que l’énormité de « cette histoire » ne mérite pas de se clore aussi facilement : elle montre le degré d’aveuglement, d’abrutissement non seulement de la critique, mais des médias en général qui ont prouvé une fois de plus que ce qu’un film contient, ce dont il est fait, est absolument secondaire quand vient le temps de créer un « événement cinématographique ».
Le Kodachrome offre une image claire, définie, richement colorée, une spécificité qui se distingue des autres types de pellicules, hors d’une notion de progrès, hors du temps. Et aujourd’hui, Kodak ne propose pas de le remplacer ou de l’améliorer, on le fait tout simplement disparaître, et c’est donc cela qui disparaît : une texture d’image qui échappait à l’histoire accélérée des règles du marché et du développement technique.