Fin octobre (quelques jours avant mon anniversaire à vrai dire) Nicole Brenez me propose de produire un petit film pour un grand homme, un film bref, un film comme une chanson d’anniversaire, un cadeau commun.
Je suis né à Beyrouth et j’ai grandi dans ses différentes salles réparties entre les places Debbas, Riyad el Solh, El Burj et des Martyrs, du cinéma Capitol, aux deux salles Byblos et Gondole situées rue Saifi, et aux alentours du port. M’y rendre était dès mon plus jeune âge ma seule ballade dans Beyrouth, et quant au territoire qui a le plus marqué mon être, c’était le centre-ville de Beyrouth.
L’expérience cinéphilique que j’aimerais maintenant tenter est à la fois sommaire et fastidieuse : mettre un peu d’ordre dans cette histoire de portes que je me suis mise à me raconter.
3 mars 2020. Je rejoins Stéphane Collin et Laurent Devanne à Crest pour tester l’installation du Livre d’image.
“Entre la tête familière du célèbre Vaudois, son cigare qu’il mâchonne plus qu’il ne fume, son hideux pull vert sans manche, ses yeux rieurs derrière ses lunettes, les petits cœurs de toutes les couleurs qui n’ont de cesse de jaillir de côté sur le petit écran, les commentaires saugrenus qui se bousculaient au bas de l’image verticale, les nombreuses langues qui s’affichaient, je ne savais plus où donner du regard.”
J’étais réticente devant ces Histoire(s) du cinéma qui, bien honnêtement, me semblaient n’offrir qu’une insurmontable ascension ou, plus tétanisante encore, une mer sombre aux mouvements indiscernables, qui au mieux, terrifie, au pire, paralyse. Devant ce flot insaisissable, ce trop plein d’informations d’une hétérogénéité essoufflante, j’étais médusée.
Été 1999. Dans les bureaux d’Hors champ de la rue Ste-Catherine, il y avait des projections de choses « rares », montrées en VHS. Un soir, on avait programmé un Godard récent, repiqué de la télé française qui venait de le diffuser, envoyé par la poste par un ami, en PAL-Secam. Il s’agissait des Histoire(s) du cinéma.
C’est le seul passage de mon mémoire de maîtrise que j’ai eu le désir de relire. Il concerne une image « originaire », sur bien des points, dans ma relation aux Histoire(s).
Un Carnet de… Paris. Entre les manifestations des Gilets jaunes, Les Misérables et la rétrospective Godard.
J’aimerais écrire un petit livre, plaquette, étude, essai libre, sur l’attrait de la flaque au cinéma, avec un sous-titre bien sérieux comme : « Pour une esthétique du renversement ». J’en émets ici l’hypothèse, la très frêle et improbable ébauche, avec peut-être l’espoir que quelqu’un prenne la balle au bond et me donne un jour le plaisir d’en exposer le dessin complet.
— Pour débuter, vous réaliserez un petit film d’action inoffensif, lui dira Kyusaku Hori, président de la Nikkatsu. Je vous propose donc La victoire est à nous. Le scénario n’est pas génial, mais il n’est pas mauvais non plus. Il est néanmoins inoffensif. À la fin du scénario, il y a un combat qui oppose un marin à un gangster. En dépit de la teneur inoffensive du produit final, si cette séquence tient la route, il est de mon avis qu’il en ira également de vos commencements.