Cher Jean Pierre, j’aimerais t’entretenir des 3 dernières anecdotes te concernant en tant que cinéaste ; je veux dire celles, très partielles, venues à mes oreilles et à mes yeux. Tu connais très bien la première, peut-être moins les 2 autres. Au premier abord, elles ont une odeur un peu aigre, mais si je te les partage, c’est que je crois qu’elles constituent en fait une excellente nouvelle : tout le monde ne t’aime pas.
Le texte ici proposé est tiré de l’expérience de l’atelier de recherche-création tenu l’été dernier à l’Université de Montréal sous l’aile d’André Habib et Pierre Hébert.
Dans un contexte médiatique toujours plus saturé, et toujours plus soumis à la dictature du présent, trois événements récents viennent éclairer la riche actualité du cinéma expérimental, et des questions qu’il suscite notamment autour de ladite « Révolution numérique », qui n’en finit pas d’arriver et dont, après la prise de la Bastille argentique, on peine parfois à réaliser que les jours de la Terreur sont déjà advenus, et les premières têtes coupées depuis un bon moment.
Texte prononcé à l’occasion du symposium tenu à la Cinémathèque québécoise. Réflexion sur l’enseignement du cinéma expérimental.
Stan Brakhage (1933-2003), véritable monument de l’art du film, a créé au-delà de 350 films au long d’une carrière qui s’est étirée sur près d’un demi-siècle. Hors champ, en collaboration avec le Cinemaspace du Centre Segal, présente une série en quatre parties de films rares du cinéaste, en présence de Marilyn Brakhage, la commissaire du programme.
La mystique du cinéaste en est une du souvenir et du re-souvenir. Le sens des images « souvenues » sera celui du plus universel, du plus simple dans sa signification et du plus complexe dans sa greffe à la mémoire qu’on nous donne à voir qui, précisément dans cette série, semble se soucier d’une histoire de la poésie et de la condition humaine et donne à la caméra le rôle de témoins des déclins et des illusions.
Un des bonheurs de ce film est d’avoir laissé en nous des impressions aussi fortes, et d’une nature si particulière, que chaque image en évoque d’autres, que chaque piste en ouvre de nouvelles…
Le bonheur, c’est de replonger dans sa mémoire aussitôt que l’on se plaît à y repenser, c’est en faire défiler un moment, tenter de recomposer un segment, s’imprégner de ses évocations et suivre au hasard les voies du ressouvenir, à la rencontre à chaque fois différente d’un nouveau contour, d’un nouveau détail, d’un angle encore inaperçu, et assister, à chaque fois et pour soi, à la naissance de quelque chose de neuf, de nouveau, à nouveau.
Reflections on Black (1955) constitue un excellent point de départ pour comprendre et, surtout, pour apprécier l’oeuvre de Stan Brakhage, puisque ce film, parmi les premiers de l’auteur, révèle déjà les préoccupations essentielles au cinéma de Brakhage..
Le style de Window Water Baby Moving est assez unique dans le sens où Brakhage mélange du pur expérimental avec du documentaire réaliste. Il présente un moment partagé avec sa femme enceinte et puis l’accouchement de celle-ci.