Symposium créer/montrer/conserver

Une certaine école

Back and forth (Michael Snow, 1969)

Le texte ci-dessous a été présenté dans le cadre du symposium à la Cinémathèque le 7 novembre 2015. Le caractère « oral » du texte n’a pas été retouché.

Je tiens tout d’abord à remercier, à te remercier mon cher Guillaume [Lafleur] pour la belle invitation, pour tout ce que tu fais pour faire vibrer le cinéma, ce cinéma expérimental qui t’est cher, et puis tous les cinémas, dans cette institution, et aussi pour l’idée de tenir ce symposium, ici, à Montréal, merci ; merci aussi la Cinémathèque qui nous accueille, à tous ceux qui y travaillent, dans ce lieu qui sera toujours si important, absolument nécessaire, et merci à vous tous qui êtes ici.

Bon, on le sait, pour plusieurs raisons, Montréal est devenu, autour de certains noms et de certains collectifs ou organismes, une sorte de lieu-phare pour le cinéma expérimental et ce symposium, qui j’espère reviendra périodiquement, pourrait devenir un pôle attractionnel puissant, et fournir une occasion pour le rappeler. Le rôle de Montréal dans l’histoire du cinéma expérimental a toujours été un peu particulier, pas toujours évident, mais sa vitalité, si on peut parler de vitalité, et ceci est vrai d’ici comme d’ailleurs comme on n’a pu je crois le constater ces derniers jours, a toujours tenu à une minuscule poignée de gens passionnés, inventifs, motivés, des originaux un peu fous, mais qui ont fait que ce cinéma, malgré tout, tient encore le coup, est montré, enseigner, conserver, créé —qu’il tient à Montréal sans une salle dédiée, parfois souvent sans soutien financier, etc. J’en profite pour dire que ce symposium est l’occasion de saisir l’état du moment, de faire le point sur ce qui se passe aujourd’hui, mais peut-être pourrait être le point de départ pour une archéologie plus vaste qui retracerait l’histoire au long cours du cinéma d’avant-garde et expérimental à Montréal et au Québec. Cette histoire me semble nécessaire et l’exercice serait sans doute profitable. Voilà. L’idée était déjà un peu lancée. Je la relance. On s’en reparle après.

Je le dis tout de suite, je me suis beaucoup, beaucoup interrogé sur ce que je pouvais bien dire, comment cela se dirait : je n’ai pas d’œuvre à montrer, je n’incarne pas ni ne représente une institution ou un organisme en particulier, en tout cas, c’est pas à ce titre que je crois avoir été invité ou que je me présente aujourd’hui. Je ne voulais pas non plus parler d’une œuvre, d’un cinéaste, d’un groupe, furent-ils exemplaires, cela m’aurait semblé futil et un peu contre-productif dans un contexte comme celui-ci.

Guillaume, pour ne pas arranger les choses, a cru bon de nous donner carte blanche et un chapeau génial mais aussi un peu intimidant « Ruines et sentiment ». Donc après avoir longtemps réfléchi, j’ai un peu décidé de bousculer le titre, pour garder au final, pas mal plus de sentiment que de ruines. J’espère qu’il m’en excusera…

J’ai décidé de partir de ce dont on, ce dont je parle en général assez peu publiquement, à savoir l’école, l’enseignement – car je suis un peu aussi prof de cinéma —, et en particulier, je voudrais m’interroger sur l’école particulière que le cinéma expérimental représente, qu’elle a représenté pour moi, en remontant un peu le fil de ma propre histoire, et puis vous dire deux sur le genre d’école que ce cinéma peut représenter pour des étudiants qui commencent aujourd’hui… Tout ceci se fera sur le peu sur le mode de la confidence émue et du manifeste soft.

Disons-le d’emblée, j’ai l’inestimable privilège de donner un cours de cinéma expérimental depuis quelques années à l’Université de Montréal, qui me donne des plaisirs, des joies que j’ai franchement beaucoup de peine et de difficulté à nommer, qui a laissé en moi de grandes émotions d’enseignant, comme, je crois, aucun autre cours que j’ai eu le bonheur d’enseigner ; ce plaisir, l’émotion que j’ai a donné ce cours, à chaque année, je le perçois un peu, en même temps, comme le plaisir qui découle d’un contre-don, contre-don pour tous les dons que j’ai reçus de ce cinéma, des gens qui le pratiquent, de l’humaine amitié qu’il m’a permis de tisser avec des gens ici et de partout, de tous ceux me l’ont enseigné et qui ont été des passeurs absolument déterminants dans ma propre vie.

J’avais moi-même reçu de plein fouet, et sur le tard, il faut le dire, je m’y connaissais assez peu, un cours de cinéma expérimental à la maîtrise, à Concordia, donné par Mario Falsetto (Michael en était je crois), recevant cours après cours des déflagrations d’images — Deren, Brakhage, Snow, Jacobs, Warhol, Robert Frank, Harry Smith, Anger, Wieland, Frampton, Belson, Breer, Lye, tous les usual suspects, presque tous présentés en 16mm — et ce cours, allait être une sorte de premier bain révélateur, a fait naître une grande soif. Qui ne me lâchera jamais.

C’était la même année que le cycle Brakhage présenté ici même à la Cinémathèque, en présence du cinéaste, organisé par la revue Hors champ (on est en janvier 2001), et dont surtout Nicolas Renaud et Simon Galiero s’étaient occupés. Qui fut un autre choc absolu et vraiment un privilège dont je mesure à chaque année qui passe l’importance, d’avoir été le témoin du passage de cet homme immense – et auquel sont associés des tas de souvenirs. Par la suite, la revue Hors champ a invité coup sur coup Kubelka, Morrison, Ernie Gehr, Grandrieux, Aldo Tambellini, nous avons présenté des cycles sur le cinéma des premiers temps et le cinéma expérimental, des hommages à LightCone, bref, une bonne partie de l’activité publique de la revue et de la programmation que j’y ai menée avec mes collègues, avec la Cinémathèque, avec le FNC, avec Double négatif, a été consacré à montrer du cinéma expérimental, à partir de cette piqure initiale et définitive.

J’ai aussi été, très tôt, un un admirateur et un défenseur féroce du travail et des activités publiques du collectif Double Négatif — au sein duquel j’ai développé de belles amitiés —, essayant de capter tous leurs programmes, ici (j’ai souvenir d’un extraordinaire programme 8mm des Songs de Brakhage, au café-bar jadis enfumé), au Cinemaspace, à EX-Centris, à la Sala Rossa, a être à l’affut des nouveaux films qui sortaient de ce petit laboratoire génial — et là encore, ce fut pour moi une école prodigieuse et on doit se compter réellement privilégiés d’avoir une telle bande de géniaux et généreux créateurs et organisateurs qui oeuvrent depuis 10 ans à disséminer le cinéma expérimental à Montréal (à côté de d’autres, bien entendu, comme Ben Taylor avec Visions, et encore bien d’autres qui sont peut-être dans cette salle qui font un travail absolument fondamental et nécessaire et il faut régulièrement se rappeler de les remercier). J’ai eu le grand privilège, encore une fois, d’amener un programme de films du collectif Double négatif à Paris, puis aussi d’accompagner quelques créateurs dont j’admire beaucoup le travail, Sol, Alex, Karl, Daichi, Roger, Radwan, Sabrina, — à Caraquet, N-B, à l’invitation de Rodrigue Jean que je salue, pour monter un programme de films expérimentaux, d’ateliers et de performances, un peu fou. Une grande aventure, une autre magnifique école. Il suffit de se rappeler, pour ceux qui y étaient, la projection de Line Describing a Cone d’Anthony McCall, projeté dans la petite salle communautaire de Caraquet avec les enfants qui sautaient dans la lumière, et le maire qui s’extasiait, et nous tous qui étions là, comme redevenus des enfants, à simplement contempler le mouvement de la lumière à travers un écran de fumée. Et je passe par dessus beaucoup de choses…

Mais l’essentiel c’est que cette école, que j’essaie de cerner, est propulsée par le désir et l’absolue nécessité de créer des petits foyers… des foyers de résistance j’allais dire/écrire, mais ça aurait l’impression de reconduire le poncif du cinéma expérimental comme nécessairement une affaire de résistance contre-culturelle contre je ne sais trop quel ennemi à abattre, contre je ne sais trop quel groupe de philistins. Et puis finalement ce n’est pas ça, car ces films sont pour tout le monde, il suffit de guider un peu. Ce sont, je dirai davantage des foyers poétiques, des lieux, des foyers qu’il faut créer, des situations concrètes où on se met parfois soudain à vivre plus fort, où on se donne le temps, des petites brèches qui font qu’on respire un peu mieux (même si il y a évidemment du dissensus, des mauvais films, des grands combats, des résistances, ce n’est pas toujours l’Arcadie, etc.).

Bon bref c’est à toutes ces écoles que je dois beaucoup, et je ne ferai pas la liste de tout ce que les acteurs de ce milieu m’ont permis de découvrir et qui ont transformé ma perception du cinéma, et orienté en tout cas une bonne part de mes activités et de mon temps.

Je soulignerai au passage que nombre des plus grands cinéastes, Kubelka, Brakhage, Gehr, Sharits, Frampton, Jacobs, ont été des enseignants et des pédagogues hors-pair, sans parler des cinéastes-enseignants que nous avons à Montréal, Marielle, Jean-Claude, Richard Kerr, François Miron. Je le souligne aussi parce qu’on constate sans peine que dans le système pervers qui s’est implanté depuis quelques années, il serait à peu près impossible pour ces immenses créateurs de se faire engager comme « prof-prof » aujourd’hui à l’Université car ils n’ont pas de doctorat en recherche-création. Je referme la parenthèse.

Je dois évidemment, en suivant le fil de cette école, aussi beaucoup à ceux qui m’ont précédé à l’Université de Montréal (dont on parle moins que Concordia souvent, sur ce terrain) et à la tradition instaurée par Michel Larouche, au sein de mon Département, du cours de cinéma expérimental que j’ai le bonheur de donner — c’est Michel Larouche qui avait fait acquérir des vieux 16mm aujourd’hui un peu écornés, de films inouïs de Razutis, Kirk Tougas, un ou deux Snow, des Rimmer, qui sont encore là, qu’on projette encore — et puis surtout les cours de cinéma expérimental de Marcel Jean et de Louis Goyette, décédé il y a 3 ans (il a enseigné chez nous et à Concordia). Louis savait, comme peu d’enseignants, imprimer son regard et son intelligence sur les films qu’il montrait, de telle sorte qu’on goûtait ces films à travers sa passion et son amour… et c’était en général bouleversant.

C’est sûrement, peut-être, à Louis Goyette que l’on doit le fait qu’il y a encore en 2015 des cabines de projections et des projecteurs 16mm dans certaines salles du Pavillon Jean-Brillant et qu’un budget modeste mais sincère nous est alloué, à chaque année et sans que personne de mon Département ne s’en offusque, pour louer des copies de films chez CFMDC et à la COOP, en partant du principe sacro-saint et jamais contesté que nombre de ces films ne peuvent être compris que s’ils sont montrés sur leur support d’origine (malgré le DVD, malgré internet, etc.). Et qu’il n’y a absolument, mais absolument rien de réac ou de nostalgique là-dedans. Je prêche évidemment à des convertis ici, mais il demeure que la réalité des universités et des collèges rend l’enseignement de ces corpus de plus en plus délicats, et il faut vraiment être follement vigilants… Car bien sûr, on peut montrer des films expérimentaux en DVD ou en Blu-Ray. Ça m’arrive plusieurs fois durant le cours (pour des tas de raisons, évidentes). Mais c’est une toute autre expérience – et c’est un des noyaux centraux du cours, des épiphanies qu’il recèle, qui me semble essentiel de permettre de montrer et de faire apparaitre – de voir ces œuvres sur leur support d’origine. Brakhage, Kubelka, Snow, Sharits, Sherwin, les films de Daichi, d’Alex Larose, de Malena, ont une toute autre puissance d’évocation et de transfiguration si on parvient à les montrer en 16mm ou en 35mm.

Je dois dire, et ce, non sans une certaine fierté, que je suis parvenu, avec l’appui de mon Département, à force d’obstination, à amener la médiathèque de mon université à faire l’acquisition ces dernières années de quelques nouvelles bobines de films de Brakhage, Wavelength de Snow et deux films de Daichi Saïto, et je compte bien répéter l’exercice tant avec des classiques du canon que pour des jeunes créateurs. Ce qui était parti comme un boutade ou un truc frondeur est devenu une position de principe. Et ce, non par fétichisme ou par nostalgie, mais simplement en suivant l’idée que ces films doivent être vus ainsi, que, par ailleurs, ils ont de bien meilleures chances — c’est l’argument qui tue habituellement — d’être encore visibles dans 30 ans en 16mm que nos déjà vieux DVD, et que si on entend, comme je l’espère, continuer à montrer quelques jalons cruciaux de l’histoire du cinéma expérimental encore pour des dizaines d’années à venir, c’est le genre d’obstination têtue dont nous devons faire preuve aujourd’hui, car sinon, comme pour tant d’autres choses, ça va simplement disparaître sans que personne ne s’en émeuve (et puis on n’a pas à s’excuser de vouloir tenir bon à ça).

Le B-2305, sans doute en 2011.

Je m’amuse souvent, durant la première séance du cours, à passer à mes étudiants quelques minutes des diverses versions que l’on trouve sur YouTube de Mothlight de Brakahage avant de leur passer la copie 16mm que nous avons récemment acquise (ça fait son effet). Et puis par la suite – très délicatement –je fais dérouler le film devant les étudiants – le vieux truc du bon vieux Kubelka. Et puis en général, sur des jeunes de 20 ans qui souvent n’ont jamais touché de la pellicule de leur vie et pour qui c’est quelque chose d’éminemment abstrait, ça a un impact certain et ça crée parfois des convertis. Soudain, ils comprennent ce que c’est voir un film.

Pellicule de Mothlight (Stan Brakhage, 1963)

C’est le cas aussi, comme je l’ai fait cette semaine, lorsqu’on montre à un groupe de 50 étudiants, Wavelength, en 16mm. Ça fait quand même partie de ces plaisirs singuliers et privilégiés, que l’on ne peut plus prendre pour acquit en 2015 (et pourtant, comment l’enseigner autrement, et comment ne pas enseigner ce film ?). À chaque fois, peut-être que le moment que je préfère, pour ce film comme pour d’autres, ce sont ces secondes, après la fin du film, quant les lumières s’allument, toujours trop brutalement, et que l’on se donne la chance de prendre quelques secondes pour retrouver nos esprits. Et que je les regarde et que je tente de savoir ce qui s’est passé pour eux durant ces minutes. Et il y a toujours un jeu timide qui dure quelques secondes avant que l’on se mette à échanger. Mais cet entre-deux, ce silence un peu ébloui fait toujours parti des choses que je préfère dans ce cours.

Wavelength (Michael Snow, 1967)

Ceci m’amène à parler des étudiants, qui sont aussi, pour moi, une école. Qui ne cessent de me suprendre et de souvent m’émouvoir. Et qui font que ce cours est si précieux. Au premier cours en général je demande aux étudiants ce qu’est pour eux le cinéma expérimental et puis on a un vague Lynch, parfois Un chien andalou, autrement un incertain, « c’est pas les films qui font des zooms d’une heure sur un mur ? ». Je caricature un peu. Mais pour dire qu’en général, et c’est normal, cette histoire est ensevelie et les films encore plus et qu’ils arrivent dans ce cours à peu de choses près vierges bien que, généralement, près et ouvert, assez hospitalier, et puis ils adoptent ce langage et cette torsion particulière que ces films leur demandent, finalement, avec une certaine aisance (il y a bien sûr ceux qui rejettent totalement la proposition, et puis c’est tout à fait correct, on ne peut rien forcer). Mais en général, dans des bonnes dispositions, et en les accompagnant un peu, je suis toujours terriblement ému par ce qu’ils me donnent — par les moments où ça bascule pour eux, parfois très tôt, parfois très tard, dans le cours, parfois c’est Deren, les films peints à la main de Brakhage, Snow, Mekas, Kren, Tscherkassky, et pour des raisons toujours différentes. Et ceci est aussi une sorte de grande école, qui me pousse dans mes retranchements.

Il est sans doute assez difficile de décrire et vous avez été peut-être nombreux a le vivre, ces moments avant, durant et après une projection d’un film toujours un peu difficile … Après que les lumières se soient rallumées, et qu’on est, comme enseignant, à peu près à tout recevoir et accepter, sauf l’indifférence et le simple désintérêt – et puis je préfère infiniment qu’on soit en en mesure de me dire que ça l’a emmerdé et leur a donné mal à la tête — et on attend que la parole se délie et on essaie de deviner sur leurs visages ce qui s’est passé. C’est toujours énigmatique et fascinant. Et ce qu’on entend, les réactions suscitées sont toujours très riches et puis ce cours est un tout cas pour moi un excellent remède contre le cynisme qui peut nous guetter.

Il y a aussi ces innombrables moments particuliers auxquels ce cours donne l’occasion, qu’on n’oublie pas, comme cette étudiante qui – après que je leur aie lancé Window Water Baby Moving sans aucun préambule ou presque —s’était évanouie durant la projection, dans une classe de 90 étudiants. Il faut dire que la projection de ce film, évanouissement ou pas, est toujours un moment privilégié, un choc, un miracle, un événement en tout cas – et je pense qu’on devrait tous se mettre ensemble, tous les profs qui ont enseigné ce cours et ce film et rassembler nos souvenirs de ces projections. Ça ferait un beau livre.

Et puis je me souviendrais toujours de cet étudiant qui était venu me voir après une projection de Wavelength pour me parler de l’ilumination qu’il avait reçue, que dorénavant, grâce à ce film, tout avait changé pour lui ; il y a aussi cet étudiant qui, à propos des films de Brakhage qu’il venait de voir, m’avait écrit pour me dire qu’il n’avait « jamais autant senti ses yeux voir ».

De la même manière, je vais garder profondément ancré en moi le souvenir de cette projection, il y a quelques semaines, d’Anticipation of the night de Brakhage, un film quand même long, difficile à pénétrer, que les étudiants ont souvent beaucoup de difficulté à encaisser, et puis la bobine qui se déroule, les lumières qui se rallument, le sentiment d’incertitude dans la salle, un premier commentaire, et puis réaliser qu’il y a une personne dans cette classe, qui avait le visage baigné de larmes, qui pleurait devant ce qu’elle venait de voir, par ce film désespéré de lumière et de noirceur qui l’avait totalement bouleversée. Je me suis alors rendu compte que quelque chose était passé dans le silence de cette salle. Que l’air avait été transformé, pour tous. Il y a des moments un peu bénis comme ça, vous y avez peut-être goûté, qui font que ce métier prend tout son sens.

Anticipation of the Night (Stan Brakhage, 1959)

Je pourrais continuer encore longuement. Je vais m’arrêter ici. Je vais quand même réitérer un désir, la nécessité d’un projet auquel, avec plusieurs, j’ai été associé, et qui me paraît à chaque semaine plus essentiel, et puis qui se fera sans doute sous une forme ou une autre tant le besoin est évident : je veux parler du projet — qui s’est appelée l’Analog Institute, Kabane 77, qui pourrait prendre un autre nom, je m’en fous — le projet d’une salle dédiée et consacrée au cinéma expérimental, indépendant, artisanal, poétique, appelons-le comme on le voudra, qui n’empièterait pas sur ce qui se fait ici — mais pourrait servir de relais essentiel. Un lieu qui serait en même temps un lieu d’éducation, de formation permanente, et de dissémination, qui nous permettrait, en effet, de continuer, encore, à créer/montrer/conserver. Afin que toutes les portes de cette école — si essentielle —demeurent toujours ouvertes pour que tout le monde puisse y entrer.