Les jeux télévisés existent dans une grande variété de formes, mais une majorité d’entre eux entretiennent avec l’idée de « culture générale » une relation bien définie, qui se présente sous deux grands modes…
Ainsi, la paléo-télévision (qui recoupe en gros son premier quart de siècle d’existence) nous « parlait du monde extérieur » et le faisait le plus souvent en adoptant un ton professoral et distancié ; son modèle était essentiellement pédagogique, l’ensemble des téléspectateurs faisant figure de « grande classe » qu’il s’agissait, selon la nature des programmes, « d’éduquer, d’informer ou de distraire ». La néo-télévision qui la remplace à partir des années 1970 se préoccupe de moins en moins de la réalité et de plus en plus d’elle-même ; en fait, c’est le contact avec le téléspectateur qui devient sa principale obsession.
Y a-t-il une spécificité de la webtélé de fiction ? Quelque caractère qui la définisse et qui permette de la distinguer des autres types de dramatique télévisuelle? Je ne parle pas ici des éléments par trop évidents et qui regardent surtout son format : brièveté, économie de moyen, etc., mais bien d’un rapport spécifique qu’elle développerait avec son spectateur, comme le cinéma et la télé, d’une esthétique en quelque sorte qui dépende du lieu – l’ordinateur, le téléphone portable – où elle est ordinairement consommée ?
Mad Men est la série de l’heure aux États-Unis, et la preuve par l’exemple que la fiction télévisée n’a plus aucun complexe à avoir face à la production destinée au grand écran : en fait, au moins 95% de tout ce qui est conçu pour le circuit des salles au sud de nos frontières ne peut même pas se comparer, ni en qualité ni en intelligence, à cette émission remarquable qui élève d’un cran les standards même les plus exigeants de la meilleure télévision.
C’est cette triple allégeance (au jugement a priori sur la télé, aux vedettes bouche-trou et au public-alibi), pourrait-on dire, qui mine dans son actualisation l’idée derrière C’est juste de la tv, par ailleurs assez séduisante. Mais cela ne devrait pas trop nous surprendre : dans la mesure où c’est tout le paysage télévisuel en mutation qui semble se plier volontairement à cette stratégie dialectique entre le Quidam et la Star, il est dans l’ordre des choses qu’une émission qui s’adresse au même public et se positionne tel un miroir face à ses goûts et dégoûts finisse par en reproduire les tics majeurs.
La question des genres, en littérature et au cinéma surtout, est un sujet âprement débattu. Depuis Aristote et sa célèbre poétique, en passant par Hegel et son application de la dialectique aux formes littéraires, jusqu’aux tergiversations sémantico-syntaxiques des sémioticiens, la notion est au cœur de tous les questionnements concernant la production, l’analyse et la réception des œuvres.
High Plains Drifter est seulement le deuxième film de Clint Eastwood en tant que réalisateur, mais il force l’admiration tant il est maîtrisé ; et lorsqu’on le compare aux autres projets du célèbre californien à la même époque – des œuvres telles Play Misty for me, Breezy, The Eiger Sanction, moins achevées – on s’étonne même de ses nombreuses qualités.
La transformation qu’il s’apprête à subir est donc invariablement présentée comme la réparation d’une injustice. Le geste doit en être un de réappropriation d’une identité perdue ou jamais complètement assumée, et non comme l’expression d’un désir égoïste. L’équipe des spécialistes chargés de mettre en œuvre les diverses opérations est alors introduite, chacun pratiquant à l’écran son diagnostic et les actions qu’il s’apprête à prendre. Le sujet est ensuite complètement isolé de son milieu pour plusieurs semaines, période qui nous est présentée sous la forme d’un montage des transformations, invariablement ponctué par une série d’aveux prononcés par le « cobail » – à ce stade, il en vraiment toutes les apparences -, découragement et enthousiasme se succédant à mesure que son apparence se transforme.
La fiction télévisée semble suivre en ce moment deux directions distinctes: soit elle emprunte massivement au cinéma certaines de ses caractéristiques, ouvrant au sein de l’espace télévisuel un créneau « cinéphilique »; soit elle tente par divers moyens de jouer jusqu’au bout le jeu de la télévision et tende ainsi à adapter sa stratégie aux caractéristiques propres du petit écran.
Les quelques jours d’affolement médiatique causé par la mort de Michael Jackson auront servi à nourrir notre connaissance non pas de l’homme mais des circonstances qui poussent la machine-média à s’emballer aussi radicalement, et peut-être surtout des étapes qui accompagnent nécessairement le processus hagiographique.
La course aux cotes d’écoute qui oppose Star Académie à Tout le monde en parle est représentative à plus d’un titre des enjeux actuels de la télévision québécoise.