C’est lors des plus récentes rencontres internationales du documentaire que le cinéaste français Jean-Charles Hue venait nous présenter son docu-fiction intitulé La BM du Seigneur, une plongée dans la communauté yéniche, l’un des nombreux peuples migrants de l’Europe occidental. Trop souvent identifié comme gitans ou manouches, les Yéniches ne proviennent pas de la même souche ni du même terreau culturel, ils sont de surcroît de confession évangélique.
C’est ce que nous décrit Hue dans son film : la conversion de Frédéric Dorkel suite à l’apparition d’un ange. Il met en scène ce qu’il documente depuis maintenant plus de sept ans, c’est-à-dire la vie et les illuminations concrètes d’une communauté où subsiste encore une part de mythe, bien loin de la raison occidentale.
Discussion avec un documentariste à la pratique surprenante et à l’esprit éveillé.
L’année 2011 fut faste en surprise sur la planète cinéma, ainsi qu’à l’échelle de la petite province que nous y habitons. Hors champ n’a jamais été féru de bilans de fin d’année, mais il nous a semblé qu’un petit rappel, très bref, partiel et partial, de ce qui s’est déroulé de glorieux et de moins glorieux cette année — en oubliant très certainement beaucoup de choses — ne ferait pas de tort à la mémoire.
«Qui es-tu pour juger?» est une manière de laisser savoir qu’il n’y a plus de hiérarchie des valeurs; attitude par excellence de l’abdication et de l’indifférenciation qui permet d’éviter toute confrontation, tout débat réel, tout choc culturel ou idéologique, et qui permet de s’enfermer dans ses certitudes individuelles.
Figure importante de l’occupation des Beaux-arts en 1968, Pierre Monat passe de la peinture au graphisme suite aux déboires qui accompagnent la création de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Au Vidéographe, il réalise deux documents singuliers d’une pertinence indéniable. L’entretien qui suit porte sur ces deux productions – Vive les animaux et Y’a du dehors dedans – et sur l’importance d’agir dans l’immédiat avec les outils du moment.
Raymond Gervais et Michel Di Torre se rencontrent en 1970 au Warehouse, une boutique de disques Montréalaise que fréquentent des jazzmen de renommé. Ils sont des passionnés de musique. Ils sont aussi critiques des carcans dans lesquels le jazz montréalais se cloitre. « Y a-t-il place pour de la musique au Québec? » C’est en quelque sorte pour répondre à cette question qu’ils réalisent Ce soir on improvise. Produite sous les auspices du Vidéographe, cette vidéo dresse un portrait de la nouvelle musique au Québec. L’entretien qui suit porte sur cette production de 1973 et sur les liens possibles entre l’image et le son dans un contexte d’improvisation.
Le coffret-anniversaire de RBO sorti à l’occasion des 30 ans de la fondation du groupe permet de bien mesurer tout ce qui sépare la télévision des années 1980 de la télé contemporaine, mais plus significativement encore, il nous donne l’occasion de mettre en relief le trajet exemplaire des membres du groupe, et en particulier celui de Guy A. Lepage dont le statut de « roi des ondes » aujourd’hui semble être une forme de consécration.
The Price Is Right est un des concepts de jeu télévisés les plus connus internationalement, synonyme d’une certaine télévision de divertissement facile et même un peu bébête. Son adaptation par le canal V depuis le début de l’automne 2011 s’inscrit par ailleurs dans une tendance lourde du marché, qui, à l’heure de la mondialisation, voit croître la circulation des formats. Même si les versions américaine et québécoise peuvent paraître très similaires en surface, les quelques différences dans la forme, l’animation, la manière de programmer le jeu sont profondément significatives.
Il faut chercher dans la forme même de l’émission Occupation double les raisons de son succès, des raisons qui ne sont peut-être pas si « superficielles » qu’on le laisse généralement entendre.
L’information transite aujourd’hui par des formats diversifiés, dont un nombre croissant fait de la place au commentaire et à un traitement plus subjectif de la matière « brute ». L’émission quotidienne TVA en direct.com est un excellent exemple de la tendance lourde qui transforme le téléspectateur en interlocuteur.
Breaking Bad est un joyau d’écriture et une série dont l’audace, la qualité de jeu et de réalisation rendent définitivement caduque toute distinction a priori avec les meilleures productions américaines destinées au grand écran. Elle offre en outre un excellent point de vue à partir duquel il semble possible de comprendre la singularité de la production télévisuelle contemporaine.
Les RIDM, en collaboration avec HORS CHAMP et la Chaire René-Malo, présentent une sélection de films de Frederick Wiseman. Montréal, du 9 au 18 novembre.
Les Détestables – dans le cadre humoristique qui est le sien – fait de la sphère publique un laboratoire d’observation hors pair. 8 acteurs âgés (le plus jeune a 62 ans) embrassent en diverses circonstances le rôle de vieux désagréables, le plus souvent auprès de victimes elles-mêmes très jeunes.
Le cinéaste québécois Étienne O’Leary nous a quitté le 17 octobre dernier. Son oeuvre fulgurante, composée pour l’essentiel de trois films inclassables, d’une émouvante et transfigurante beauté, réalisés entre 1966 et 1968 (Day Tripper, Homeo, Chromo Sud), constitue un jalon important de l’histoire du cinéma expérimental, québécois et français. Nous avions eu le bonheur inouï de redécouvrir ses films en novembre dernier, sur grand écran, en 16mm, à la Cinémathèque québécoise.