J’écris après. Alors que déjà se dissipe le souvenir de ces nuits projetées. Que s’émousse ce qui était encore il y a quelques jours, quelques heures, saillant dans la mémoire. La précision de certains rythmes, sensations, bruits, non décantée, revenait simplement. Il faut désormais faire un peu d’effort.
Retour sur deux films du Festival Nouveau Cinéma par Sylvain Lavallée.
« La vie donne parfois au plus petit geste le retentissement d’une victoire. Et le cinéma a ceci d’émouvant qu’il restitue la densité de l’ordinaire en enregistrant cette profusion de signes presque imperceptibles qui en font l’étoffe. […] »
Tout commence par une image, ce texte comme la vie du cinéphile qui en est l’auteur. Une image des origines si l’on veut, une image de mon origine, mais aussi une image qui nous pointe vers l’origine de toute image, ou plutôt une image dont l’origine nous échappe, ce qui nous incite, en retour, à contempler cette question de l’origine, précisément parce que la réponse n’est pas donnée.
Faire politiquement des films : mettre politiquement en cause, ou même en crise, les conditions de production, les systèmes d’écriture des films. Par exemple : sans financement et sans producteur, simplement muni d’une petite caméra et parfois accompagné d’un ami pour le son, un couple part, une année durant, à la rencontre d’un monde qui refuse obstinément de se laisser domestiquer afin d’en faire un monde de cinéma – lui qui par ailleurs n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il parvient à domestiquer la vie sous toutes ces formes.
“Dunkirk peut susciter plusieurs étonnements, notamment en fonction de la position que l’on occupe dans le spectre de la détestation envers le cinéma que Nolan pratique (qui dans mon cas, a toujours atteint des hautes fréquences). Le premier étonnement, et le plus grand, est de me retrouver à écrire, en plein été, un papier à propos d’un type d’œuvre qui d’ordinaire — pour divertissante, admirable, accablante ou sympathique qu’elle soit — suscite assez rarement des désirs d’écriture.”
“Peut-être faut-il d’office dissiper un premier malentendu que pourrait suggérer le titre. L’intention d’Hébert et de son complice Joubert-Laurencin n’a jamais été de réaliser le film que Bazin rêvait de faire avant de mourir. Le Film de Bazin est bel et bien un film de Pierre Hébert.”
Pour retrouver les premières images en mouvement tournées au Liban, il faut probablement remonter à la fin du XIX siècle. Captées par Alexandre Promio et produites par Louis et Auguste Lumière en 1897, ces images nous montrent une vue inédite des souks de Beyrouth (Souk Abou-al-Nassahr) ou de la place des Canons avec ses piétons et ses voitures.
Entretien avec Jinane Dagher, productrice de films libanaise à Orjouane Productions.
“Avant de tourner En cette terre reposent les miens, Reine Mitri a réalisé d’autres essais documentaires comme Un bruit de pas sur les carreaux du trottoir (The Sound of Footsteps on the Pavement, 2004), qui se concentre sur la disparition d’un lieu attachant, un café-restaurant de la rue Hamra (et du quartier éponyme) à Beyrouth très apprécié de celles et ceux qui le fréquentaient, souvent avec assiduité, parfois même depuis plusieurs décennies, ainsi que Vulnérable (2009), un portrait croisé d’habitant(e)s de Beyrouth, ami(e)s de la cinéaste.”
“Le cinéma occupe une place centrale dans la vie et l’œuvre de Mohamed Soueid. Sa jeunesse a été rythmée par la découverte des films, du classique au populaire : mélodrames égyptiens, comédies ou films américains classiques, films de karaté ont peuplé son imaginaire et alimenté son désir de cinéma.”
“Il me semble que chaque film se doit de porter en lui tant d’autres films, et il me semble aussi que chaque film se doit de porter en lui le deuil de tous ces autres films. Il nous suffit de remplacer le mot film par le mot vie. Non pas que le cinéma soit comme la vie ainsi que le clamait un ridicule slogan, un film est une vie à lui seul, entité vivante. Une tentative de vie, si l’on préfère.”