la fin de l’été 2018, André Habib m’a parlé de sa volonté de réunir quelques textes pour Hors Champ autour du rapport des chercheurs aux archives en me disant qu’il y avait, pour moi, une actualité à proposer quelque chose au sujet de Shoah (1985). Lanzmann venait de décéder. Je saisis immédiatement l’enjeu.
Je tourne les pages, je regarde par la fenêtre. Il fait beau – je m’en souviens, j’avais déjeuné avec ma copine Cathy – je tourne donc les pages, me disant que je consulte le dernier dossier d’archives et que la récolte est maigre. Il faut que cette fois soit la bonne. Et bing! Un titre : « Mais oui, c’est un art ».
Moussinac est associé à une époque, à une orientation politique et à une certaine manière d’envisager le cinéma. En retrouvant un texte de 1927, je pensais relire une pensée politique, une autre réflexion sur le rôle social du cinéma. Point ici. Et c’est en cela que le retour aux sources est toujours un mouvement surprenant, permettant des rencontres là où l’on croyait être en terrain connu.
mos Gitaï nous convie avec Lullaby to my Father à une déambulation sur les traces du père. Ces traces prennent la forme d’archives que Gitaï articule en divers dispositifs qui permettent une reconstruction mémorielle où s’enchevêtrent l’histoire personnelle de Munio Weinraub, celle de l’architecture et celle d’Israël. Chacun de ces dispositifs constitue une tentative singulière de rappel du passé où les archives ont des présences diverses.
Analyse de FIlm Ist. A Girl and a Gun de Gustav Deutsch, troisième volet de la série Film ist, présenté au Festival du nouveau cinéma en 2009.
Le Kodachrome offre une image claire, définie, richement colorée, une spécificité qui se distingue des autres types de pellicules, hors d’une notion de progrès, hors du temps. Et aujourd’hui, Kodak ne propose pas de le remplacer ou de l’améliorer, on le fait tout simplement disparaître, et c’est donc cela qui disparaît : une texture d’image qui échappait à l’histoire accélérée des règles du marché et du développement technique.
Quel effet produisent des images du passé en couleurs, pour des événements dont nous avons traditionnellement vu des films noir et blanc ? Pourquoi existe-t-il des films couleur de la Seconde Guerre mondiale, tournés par des soldats et leurs familles, alors qu’à l’époque, 90% des films que les gens allaient voir au cinéma étaient en noir et blanc ? Enfin, la couleur réduit-elle la distance émotive du spectateur des archives à la réalité du passé, à l’horreur de la guerre ?