Comme artiste et chercheuse, ma pratique pluridisciplinaire explore la question de l’indicible, des choses dont on ne doit pas parler dans l’espace social ainsi que de l’incapacité du langage à rendre compte des états affectifs forts. C’est donc sous cette prémisse, que j’ai choisi de décortiquer, un peu, une image bien précise des Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard.
C’est le seul passage de mon mémoire de maîtrise que j’ai eu le désir de relire. Il concerne une image « originaire », sur bien des points, dans ma relation aux Histoire(s).
Un Carnet de… Paris. Entre les manifestations des Gilets jaunes, Les Misérables et la rétrospective Godard.
Parce que l’amour est le contrechamp parfait à la catastrophe.
L’intrusion d’images de Blinkity Blank de Norman McLaren dans les Histoire(s) du Cinéma de Jean-Luc Godard.
Une femme au regard clair.
Elle fixe quelque chose dont on ne sait rien, le bout de ses doigts contre ses lèvres.
Geste-réflexe de protection, d’inquiète prémonition ?
A film is a girl and a gun.
Autant y aller par la fin, par la dernière pierre de l’édifice d’images.
Analyse d’une image de l’épisode 2A des Histoire(s) du cinéma.
Pourquoi attirer l’attention du lecteur sur une réalité aussi singulière? Peut-être parce qu’elle confirme que les cinéphiles, dans leur incessant parcours à travers les films, espèrent renouer avec eux-mêmes.
Je me revois comptant sur les doigts d’une main les films que j’arriverais à happer cette année au Festival du nouveau cinéma. Les astres s’étant mal alignés, c’est souvent depuis un ailleurs que je me projetais dans une salle où défilaient tel Serra, Costa, Liu, Baumbach, Hu, Rankin, Fleischer, Landes, Deraspe, Weir, Kluge et même si l’expérience pratique voudrait que certains de ces films « repasseraient » ou qu’on savait qu’un misérable petit lien Vimeo existât pour pouvoir découvrir le film par défaut, c’est toujours avec un pincement que je ne parviendrais jamais à éliminer, que je verrai « passer » une édition du FNC sans pouvoir m’engouffrer une vingtaine de fois au moins dans ses salles.
Voilà une note que j’ai écrite pour éclaircir mes positions en réponse à à l’invitation de présenter une conférence en janvier 2019 au microsalon à Paris. C’est le grand rendez-vous de l’Association française des directeurs de la photographie cinématographique.
J’aimerais écrire un petit livre, plaquette, étude, essai libre, sur l’attrait de la flaque au cinéma, avec un sous-titre bien sérieux comme : « Pour une esthétique du renversement ». J’en émets ici l’hypothèse, la très frêle et improbable ébauche, avec peut-être l’espoir que quelqu’un prenne la balle au bond et me donne un jour le plaisir d’en exposer le dessin complet.