Ce sont les fils de ma vie qui se tressent dans Le mont Fuji vu d’un train en marche et en créent la tessiture. Ce film est la zone de croisement de tous les courants intimes et artistiques qui ont constitué mon expérience.
Durant le mois d’août 2020, j’ai écouté en boucle “Thank you Satan” chanté par Léo Ferré, convaincue que cette musique et ses paroles constituaient l’hymne du moment.
Fin octobre (quelques jours avant mon anniversaire à vrai dire) Nicole Brenez me propose de produire un petit film pour un grand homme, un film bref, un film comme une chanson d’anniversaire, un cadeau commun.
« J’ai réellement envie de faire des œuvres physiques, qui affectent le corps, de telle sorte que l’expérience est une véritable expérience, et n’engage pas seulement une saisie conceptuelle. »
L’effet-Snow se situe précisément dans l’écart entre une expérience concrète, corporelle de l’œuvre et ses dimensions discursives ou conceptuelles, comme si le cercle ne parvenait jamais à se boucler tout à fait, et que l’oubli était intégralement lié à sa mise en mémoire.
De toutes les réactions que peuvent susciter les films de Michael Snow, le rire semble à première vue la plus incongrue. Mais n’est-elle seulement que la plus inavouable ? Mais manifester à haute voix une réaction d’hilarité devant ses films nous range immédiatement, aux yeux du vulgaire, dans une catégorie d’irrécupérables hurluberlus atteints d’une maladie cinéphilique dégénérative, mais fort heureusement inoffensive.
“…Au terme de ces soirées denses, l’artiste viennois a cependant semé dans la tête des spectateurs – ainsi qu’à la rédaction d’Hors Champ – de nombreuses questions qui n’ont pas manqué de soulever des discussions et des prises de positions aussi radicales (et opposées) que celles proposées par Kubelka. Il nous semblait donc nécessaire de revenir clarifier certaines des affirmations de ce théoricien iconoclaste, mais aussi de prendre avis de l’état du cinéma, un art toujours “inachevé”. Nous avons rencontré Peter Kubelka à son hôtel où, bien calé dans son fauteuil au retour d’une brève excursion ethnologique chez les amérindiens Mohawk, il a poursuivit sur la même lancée qui l’avait animé pendant deux heures chaque soir…”
“…À mi-chemin de son histoire, il s’est ouvert une brèche dans le développement du cinéma, une marge où s’est constituée en quelque sorte une deuxième genèse possible du médium filmique. Bien qu’il y eu plus tôt des précurseurs français – René Clair, Fernand Léger, Marcel Duchamp… – et bien sûr Vertov, c’est dans cette marge des années 50 et 60, aux États-Unis et plus à l’est en Europe, qu’est apparu un corpus d’oeuvres remarquable par sa variété, son ampleur et la force des expériences qu’il offrait…”
Reflections on Black (1955) constitue un excellent point de départ pour comprendre et, surtout, pour apprécier l’oeuvre de Stan Brakhage, puisque ce film, parmi les premiers de l’auteur, révèle déjà les préoccupations essentielles au cinéma de Brakhage..
Le style de Window Water Baby Moving est assez unique dans le sens où Brakhage mélange du pur expérimental avec du documentaire réaliste. Il présente un moment partagé avec sa femme enceinte et puis l’accouchement de celle-ci.
Une puissante attraction, comme un miroir au milieu du désert, parce que cette vie battante des images et de leur lumière s’apparente très singulièrement aux pulsations de nos propres yeux. Pour le vérifier on peut toujours se livrer à l’expérience.