« Son entreprise témoigne de l’un des plus formidables actes de foi au cinéma, celui de croire en la révélation de la vie et de la réalité à travers des images, et par le fait même d’y voir là la plus grande difficulté. (…) C’est parce que le monde n’est pas immédiatement intelligible dans toute sa complexité que le cinéma peut devenir “moyen de lecture”. »
« L’absurdité de ce réel est de constater que personne ou presque, au fond, ne souhaite vivre dans une telle société. Mais personne également n’a rien pu empêcher (…) une fois qu’elle est là, et ne pourra rien faire si un jour tout cela s’écroule. Notre liberté est aussi infinie qu’impuissante et inutile. La démocratie est devenue un pays où la liberté est réelle mais où celle-ci ne sert (presque) plus à rien. »
« “Celui qui fout la merde” est celui par lequel la vie arrive, vraie de la vérité d’une révolte qui s’abîme sans cesse, mais qui reprend ses gestes, ses attitudes, jusqu’à toucher au sublime d’une compréhension qui s’affirme au-delà de la violence.»
« J’ai réellement envie de faire des œuvres physiques, qui affectent le corps, de telle sorte que l’expérience est une véritable expérience, et n’engage pas seulement une saisie conceptuelle. »
L’effet-Snow se situe précisément dans l’écart entre une expérience concrète, corporelle de l’œuvre et ses dimensions discursives ou conceptuelles, comme si le cercle ne parvenait jamais à se boucler tout à fait, et que l’oubli était intégralement lié à sa mise en mémoire.
Archives des brèves éditoriales, 2e partie (2002).
De toutes les réactions que peuvent susciter les films de Michael Snow, le rire semble à première vue la plus incongrue. Mais n’est-elle seulement que la plus inavouable ? Mais manifester à haute voix une réaction d’hilarité devant ses films nous range immédiatement, aux yeux du vulgaire, dans une catégorie d’irrécupérables hurluberlus atteints d’une maladie cinéphilique dégénérative, mais fort heureusement inoffensive.