Tout se passe comme si, au lendemain d’un désastre qui n’en finit pas de survenir, nous avions perdu tous nos repères, face à des images qui nous engloutissent. À l’Histoire vécue, succession d’évènements dont la violence ne cesse de défier la raison et le langage, la possibilité d’une image est à réinterroger, sans cesse.
Je suis né à Beyrouth et j’ai grandi dans ses différentes salles réparties entre les places Debbas, Riyad el Solh, El Burj et des Martyrs, du cinéma Capitol, aux deux salles Byblos et Gondole situées rue Saifi, et aux alentours du port. M’y rendre était dès mon plus jeune âge ma seule ballade dans Beyrouth, et quant au territoire qui a le plus marqué mon être, c’était le centre-ville de Beyrouth.
“ […] C’est suite à la projection du film à la Cinémathèque québécoise que cet échange entre Nour et moi s’est engagé. Le dialogue nous a accompagnés jusqu’à Beyrouth en février 2020, pour ensuite se poursuivre par courriel au cours des mois suivants. Le film a été un point de départ pour parler du cinéma et de sa pratique?; de la relation aux images, aux sons et aux textes?; de Beyrouth et de la mer?; et de l’intersection du cinéma et de la politique.”
Etablir une cartographie des ruines au Liban revient à appréhender cette hétérogénéité des vestiges, autant que ses stratifications temporelles. Comment appréhender Beyrouth après le désastre, comment représenter une ville en ruines, dont les repères spatio-temporels seraient rompus ?
La revue Hors champ est heureuse de présenter une rétrospective complète du cinéaste franco-libanais Ghaasan Salhab, du 27 janvier au 2 février, à la Cinémathèque québécoise et à la Lumière Collective. En présentant cinq longs métrages de fiction et trois essais réalisés par le cinéaste entre 1998 et 2016, cette programmation place, pour la première fois, son travail de fiction et sa pratique d’essai filmique côte à côte.
Pour retrouver les premières images en mouvement tournées au Liban, il faut probablement remonter à la fin du XIX siècle. Captées par Alexandre Promio et produites par Louis et Auguste Lumière en 1897, ces images nous montrent une vue inédite des souks de Beyrouth (Souk Abou-al-Nassahr) ou de la place des Canons avec ses piétons et ses voitures.
Entretien avec Jinane Dagher, productrice de films libanaise à Orjouane Productions.
“Avant de tourner En cette terre reposent les miens, Reine Mitri a réalisé d’autres essais documentaires comme Un bruit de pas sur les carreaux du trottoir (The Sound of Footsteps on the Pavement, 2004), qui se concentre sur la disparition d’un lieu attachant, un café-restaurant de la rue Hamra (et du quartier éponyme) à Beyrouth très apprécié de celles et ceux qui le fréquentaient, souvent avec assiduité, parfois même depuis plusieurs décennies, ainsi que Vulnérable (2009), un portrait croisé d’habitant(e)s de Beyrouth, ami(e)s de la cinéaste.”
“Le cinéma occupe une place centrale dans la vie et l’œuvre de Mohamed Soueid. Sa jeunesse a été rythmée par la découverte des films, du classique au populaire : mélodrames égyptiens, comédies ou films américains classiques, films de karaté ont peuplé son imaginaire et alimenté son désir de cinéma.”
“Il me semble que chaque film se doit de porter en lui tant d’autres films, et il me semble aussi que chaque film se doit de porter en lui le deuil de tous ces autres films. Il nous suffit de remplacer le mot film par le mot vie. Non pas que le cinéma soit comme la vie ainsi que le clamait un ridicule slogan, un film est une vie à lui seul, entité vivante. Une tentative de vie, si l’on préfère.”