Fin octobre (quelques jours avant mon anniversaire à vrai dire) Nicole Brenez me propose de produire un petit film pour un grand homme, un film bref, un film comme une chanson d’anniversaire, un cadeau commun.
Tout se passe comme si, au lendemain d’un désastre qui n’en finit pas de survenir, nous avions perdu tous nos repères, face à des images qui nous engloutissent. À l’Histoire vécue, succession d’évènements dont la violence ne cesse de défier la raison et le langage, la possibilité d’une image est à réinterroger, sans cesse.
Je suis né à Beyrouth et j’ai grandi dans ses différentes salles réparties entre les places Debbas, Riyad el Solh, El Burj et des Martyrs, du cinéma Capitol, aux deux salles Byblos et Gondole situées rue Saifi, et aux alentours du port. M’y rendre était dès mon plus jeune âge ma seule ballade dans Beyrouth, et quant au territoire qui a le plus marqué mon être, c’était le centre-ville de Beyrouth.
À propos du film Zigeunerweisen de Seijun Suzuki.
How are you? demande une femme tapie dans l’ombre, au coin de deux murs blancs, From ten to one? Ten to zero? quelques pas de danse et elle rit — de nous peut-être, ou alors de l’absurdité de la question ? Une seconde femme, ailleurs, s’agite convulsivement sous une musique répétitive, lave ses mains et s’agrippe au mur — oui, le mur est bien là, massif, impénétrable, sécuritaire ; elle tournoie et ses cheveux giclent sur la surface blanche, souillent le mur de l’eau sale, son corps se cambre et se redresse, elle se lave les mains, How are you? la voix déclenche un tournoiement, un spasme nouveau, les cheveux fouettent le mur, le corps se cambre.
Si on m’avait montré Maggie’s Farm (2020) de James Benning alors que j’étais étudiant en cinéma au CÉGEP, j’aurais probablement déclaré haut et fort que « n’importe qui peut réaliser un film pareil ».
Retour sur la section Confronter l’histoire présentée lors des RIDM 2020.
Entre tous les films de cette édition 2020 du FNC, ce sont les deux films de Guillaume Nicloux qui ont attrapé mon œil en premier… Deux questions ont alors traversé mon esprit : est-ce que la pandémie m’a eue? Est-ce que Houellebecq m’a eue?