Un texte présenté dans le cadre de la série CRITIQUES organisé et présenté par VISIONS, en collaboration avec Hors champ.
Un des passages les plus étranges de l’Odyssée d’Homère concerne un certain Elpenor, « tout jeune homme point trop vaillant dans les combats et peu ferme d’esprit ».
Comme d’autres, je n’ai pas été capable de visionner la vidéo de l’assassinat de George Floyd alors même que « ces images » que je n’ai pas eu le courage ou l’indiscrétion de regarder ne cessent de me, de nous hanter.
Été 1999. Dans les bureaux d’Hors champ de la rue Ste-Catherine, il y avait des projections de choses « rares », montrées en VHS. Un soir, on avait programmé un Godard récent, repiqué de la télé française qui venait de le diffuser, envoyé par la poste par un ami, en PAL-Secam. Il s’agissait des Histoire(s) du cinéma.
C’est le seul passage de mon mémoire de maîtrise que j’ai eu le désir de relire. Il concerne une image « originaire », sur bien des points, dans ma relation aux Histoire(s).
Entretien avec Matthew Rankin à l’occasion de la sortie de son film, The Twentieth Century.
Je me revois comptant sur les doigts d’une main les films que j’arriverais à happer cette année au Festival du nouveau cinéma. Les astres s’étant mal alignés, c’est souvent depuis un ailleurs que je me projetais dans une salle où défilaient tel Serra, Costa, Liu, Baumbach, Hu, Rankin, Fleischer, Landes, Deraspe, Weir, Kluge et même si l’expérience pratique voudrait que certains de ces films « repasseraient » ou qu’on savait qu’un misérable petit lien Vimeo existât pour pouvoir découvrir le film par défaut, c’est toujours avec un pincement que je ne parviendrais jamais à éliminer, que je verrai « passer » une édition du FNC sans pouvoir m’engouffrer une vingtaine de fois au moins dans ses salles.
J’ai beaucoup pensé à Lav Diaz cet été, sans doute pour avoir passé beaucoup de temps en sa compagnie, au mois de mai et juin. Et je trimballe ainsi depuis – comme cette « malle dans la tête » qui encombre, dont parle Proust — des liasses d’idées qu’il aurait fallu parvenir à colliger et organiser en un grand texte synthétique, qui se serait déplié en une vaste fresque composée et articulée, comme le sont chacun de ses films-monde. Plutôt, c’est quelque chose d’assez épars, de personnel, de trivial souvent, variant les focales et les échelles, les durées et l’esprit, qui s’est imposé. Des notes, encore.