Alors que Guy Laliberté, grâce à l’assistance veule et bénévole des médias, tente de fasciner le monde avec la promotion de sa Fondation One Drop, la lecture ou la relecture de Don Quichotte s’avère hautement désaltérante. Sûrement pas pour comparer le Chevalier à la Triste Figure à la tête heureuse de Guy Laliberté, mais pour l’y opposer.
Il est manifeste qu’une des choses que l’homme ne fait naturellement pas en public, c’est bien de copuler ou de faire l’amour et que cette activité privée est bien, par contre, le garant que l’homme acquiert le statut de civilisé, qu’il a un réel plaisir personnel sans la complaisance d’un public-miroir. Le jour où l’on sera parvenu à montrer un phallus et un vagin communiquant ardemment en gros plan sans être au moins troublé, on pourra se féliciter d’avoir éradiqué la sexualité humaine.
Une réflexion sur le cinéma d’horreur contemporain, sur les enjeux liés à la référentialité, à l’historicité du genre, à l’influence médiatique et technologique, ainsi qu’à ses diverses formes de contamination (sociologiques, génériques).
Si croire dans les systèmes idéologiques fut une erreur gravissime (peu repérée à l’époque !), croire en ces nouveaux systèmes du Bien l’est tout autant (peu repérée aussi à notre époque !). « Nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés. » disait La Rochefoucauld.
Il y a presque quarante ans qu’une nouvelle caste, dans sa stratégie de prédation, tente d’imposer un nouveau capitalisme, un capitalisme hédoniste. Cette formule est du cinéaste et écrivain Pier Paolo Pasolini qui avait compris, dès les années 60 et 70, que le néo-libéralisme devait évoluer sur la “gauche”, devenir « progressiste » et « humaniste », « tolérant », « communicant », histoire de décloisonner et de s’étendre au monde entier pour créer un individu totalement « émancipé », « élastique », ayant perdu tous ses repères familiaux, sexuels, culturels et autres, et ce afin d’être plus facilement soumis au despotisme de la marchandise.
Depuis une dizaine d’années au moins, l’idée de fiction à la télévision semble traverser une crise, dont la multiplication des concepts de téléréalité apparaît comme un symptôme parmi d’autres. Non pas que les émissions de fiction soient appelées à disparaître du petit écran – elles sont encore très présentes, et le resteront – mais quelque chose se passe qui concerne en substance le statut attribué au processus de fictionalisation lui-même, affectant profondément au passage le nature des liens qui se tissent dans une partie de la programmation entre le réel et l’imaginaire.
Jean Baudrillard est décédé le 6 mars 2007, à l’âge de 77 ans. Sociologue, philosophe, photographe, mais surtout écrivain génial, penseur inclassable, célébré et dénigré, il a porté à travers ses nombreux écrits un regard pénétrant sur les phénomènes culturels, les convulsions de l’Histoire, les fondements psychiques et sociaux d’un monde en profonde mutation.
De son rôle de médiatrice entre le public et un monde qui existerait sans elle, la télévision s’est trouvée peu à peu à usurper la fonction même du réel, à recomposer selon ses propres schémas une certaine idée du monde qui désormais se trouve toute entière surdéterminée par le traitement qu’en propose le médium.
Voilà en fait ce que captent les caméras : des individualités choisies au départ pour leurs egos sur-dimensionnés, et que la promiscuité forcée du Loft amènera peu à peu à s’exhiber, offrant le spectacle bien contemporain d’une multitude de Narcisses luttant pour le pactole suprême – bien plus que de l’argent – la popularité, la reconnaisance, une célébrité instantanée.
Une nouvelle forme d’intolérance déguisée derrière un humanisme de façade s’installe, nouvelle étape historique, d’autant plus difficile à démasquer qu’elle n’annonce plus aussi ouvertement sa barbarie. Faut-il craindre comme Charles Melman un fascisme volontaire, « non pas un fascisme imposé par quelque leader et quelque doctrine, mais une aspiration collective à l’établissement d’une autorité qui soulagerait de l’angoisse, qui viendrait enfin dire à nouveau ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire, ce qui est bon et ce qui ne l’est pas, alors qu’aujourd’hui on est dans la confusion.