J’écoute en boucle Alabama, en méditant tranquillement ce matin sur les images et les sons de La statue de Robert E. Lee à Charlottesville, 9e volet du cycle des Lieux et monuments de Pierre Hébert. Alabama, le chef-d’œuvre de John Coltrane a été composé et enregistré deux mois après les attentats racistes commis dans une église baptiste de Birmingham, le 16 septembre 1963, qui avaient enlevé la vie à quatre jeunes filles noires, une sorte de point de bascule (parmi d’autres) dans la longue lutte pour la reconnaissance des droits civiques des afro-américains.
J’essaie ici de mettre ensemble André Martin et André Bazin pour réfléchir à la nature commune du cinéma et du cinéma d’animation et ainsi éclairer certaines de mes pratiques. Il y a pour cela des raisons personnelles, historiques et finalement théoriques dans lesquelles se joue la question du rapport entre images de prise de vues réelle et images animées, et de leur incidence réciproque dans la définition du cinéma.
Outre un héritage surréaliste évident, une filiation plus subtile peut venir à l’esprit. Unissant elles aussi le corps classique hollywoodien (un corps ici aussi exclusivement féminin) à toute une série d’images ou d’objets hétéroclites, les célèbres boîtes (sculptures, assemblages, collages, constructions, mémoriaux – les termes ne manquent pas pour qualifier ces travaux), construites par Joseph Cornell entre les années 30 et les années 50 proposent en effet une semblable réunion d’images ou d’objets composites.
Si Summer Heat se présente de prime abord comme une ruine visuelle, dans la tradition des remontages d’images dégradées consignant les traces plastiques du passage du temps sur la pellicule, le court-métrage se rapproche d’une disparition thermique plus immédiate. Sur la compilation de ces clichés estivaux, de petites taches noires apparaissent, semblables aux bulles d’une solution acide venant liquéfier, en le brûlant, le matériau originel.
Hommage à Robert Todd, décédé le 18 août 2018.
Je tourne les pages, je regarde par la fenêtre. Il fait beau – je m’en souviens, j’avais déjeuné avec ma copine Cathy – je tourne donc les pages, me disant que je consulte le dernier dossier d’archives et que la récolte est maigre. Il faut que cette fois soit la bonne. Et bing! Un titre : « Mais oui, c’est un art ».