La 40e édition du FNC

SOUS LE SIGNE DE LA LOUVE

Du 13 au 23 octobre 2011 à Montréal

La revue Hors champ est complice, amie, “fan” du Festival du nouveau cinéma depuis 14 ans maintenant. Dans la généreuse constellation des événements de cinéma à Montréal, il n’y a aucun doute – si on exclut les festivals que l’on pourrait dire “spécialisés” – qu’un seul grand Festival se démarque et se distingue à chaque année : c’est le FNC.


Nul mieux que le Festival du nouveau cinéma sait nous donner l’impression de vivre au présent du cinéma — sous toutes ses formes —, y compris dans la redécouverte émue des œuvres du passé (Etaix, Kren, Debord, Snow, etc.). Avec ses hauts, avec ses bas, le FNC a toujours su maintenir une ligne de combat admirable et une programmation solide et diversifiée, portée, parfois à bout de bras, par une équipe enthousiaste et passionnée.

Ils ont toujours su nous offrir d’extraordinaires programmes de films (longs-métrages, courts-métrages), des performances, des rencontres, des événements dont Hors champ a su, à travers les années, témoigner à diverses reprises (notamment en 2006 et en 2009). C’est grâce au FNC (jadis FCMM) que nous avons pu interviewer (parfois, soulignons-le, avec la collaboration de la Cinémathèque québécoise, qui proposait parallèlement une rétrospective), Michael Snow, Werner Herzog, Abdellatif Kechiche, Wang Bing, Helène Cattet et Bruno Forzani (réalisateurs du très beau Amer), les frères Quay, Larry Clark, Ed Lachman, Jonathan Nossiter, Jean Douchet, que nous avons découvert des œuvres marquantes — et dont chacun de nous garde un souvenir précis et vif — de Pedro Costa, Claire Denis, Haneke, Monteiro, Godard, Tarr, Tsai Ming-liang, Straub, Weerasethakul, Wong Kar-wai, Gitaï, Akerman, Ceylan, Grandrieux, Dardenne, Brakhage, Ken Jacobs, Tscherkassky, Sokourov, Morin, Rodrigue Jean, De Oliveira, Reygadas… L’an dernier, ce fut, par exemple, le choc immense des films de Pierre Etaix, du Manoel de Oliveira, l’année d’avant celui de Ne change rien de Costa, les films de Kurt Kren, l’année d’avant, celui d’Un lac de Grandrieux, et l’on pourrait ainsi remonter le long fleuve de films et d’événements qui tapissent notre mémoire et auquel le nom du FNC demeurera toujours profondément associé.

Cette année, question de souligner à notre façon le 40e anniversaire du Festival, Hors champ a décidé de vous proposer un petit parcours par section du Festival, rédigé par les membres de l’équipe. Il s’agit d’une traversée, très approximative et subjective, rédigée en amont du Festival — nous n’avons pas vu tous les films —, et qui vise à offrir quelques points de repères, quelques jalons, quelques pistes éclairantes. Inutile de dire que ces quelques notes et remarques sont loin, très loin, de couvrir tous les recoins, toutes les merveilles secrètes et les découvertes potentielles que l’on risque d’y faire : on ne peut qu’inviter les lecteurs à se plonger à son tour dans cette programmation touffue, éclectique, inventive, généreuse pour s’inventer, chacun pour soi, son propre FNC, sa propre mémoire.

Pour accompagner ce survol, nous avons également décidé de ramener au sommaire de la revue — pour toute la durée du FNC —des textes déjà publiés dans Hors champ ces dernières années et qui informent directement ou indirectement certaines des œuvres ou des performances qui seront présentées lors de cette 40e édition : que ce soit un entretien avec Bill Morrison, réalisé en 2004 (le FNC présente trois programmes de ses films), un texte sur le très beau film de Nuri Bilge Ceylan, Three Monkeys (on projettera le très attendu Once Upon a Time in Anatolia), un texte sur les [« alchimistes »->http://www.horschamp.qc.ca/AURA-DESTRUCTION-ET.html] de la pellicule, dont Jürgen Reble, présent à Montréal pour présenter ses films et offrir une performance avec Thomas Könner, etc. À cela, nous ajoutons un entretien inédit, réalisé l’automne dernier, avec le grand maître du found footage, Gustav Deutsch qui nous offre l’immense plaisir de revenir à Montréal cette année, ainsi que la reprise d’un texte d’une collaboratrice sur Film ist. A Girl and a Gun. Nous suivrons également, via notre page Facebook, le Festival de façon plus directe et spontanée, avant d’offrir, cette fois en aval de l’événement, dans les prochaines semaines, les prochains mois, des articles et des entretiens qui témoigneront des soubresauts affectifs que nous aura procurés cette 40e édition.

Sur ce l’équipe de Hors champ vous souhaite un bon Festival ! Bon 40e !

————-

PRÉSENTATION SPÉCIALE

Dans cette partie de la programmation se bousculent les gros noms et les titres attendus, souvent primés dans les festivals les plus prestigieux. Au risque d’éclipser ceux qui ne nous disent rien au premier abord… La section « présentation spéciale » donne l’occasion de rattraper les lacunes de la distribution en salles en voyant les derniers opus des grands noms du cinéma contemporain, mais aussi de faire tous les ans des découvertes inédites. Rappelons donc que les quelques pistes lancées ci-dessous sont loin d’être exhaustives, et que cette section du festival est bien celle où cela vaut la peine de se risquer à rentrer dans une salle au hasard.

Quelques films s’imposent évidemment : pour l’un des plus grands chocs cinématographiques de 2011, il faudra se joindre aux files d’attente fébriles et vibrer à l’approche de la planète Melancholia, qui donne son titre au dernier Lars Von Trier, déjà affirmé comme étant l’un des films majeurs de son œuvre. À l’image de Melancholia ou de la Palme d’or, The Tree of Life (les deux films se répondent d’ailleurs étonnamment, tout en étant antithétiques sur bien des points), l’année 2011 semble être celle d’un retour à une forme « monumentale », avec des films très ambitieux, d’une durée conséquente elle aussi : enchaîner ces films en période de festival promet d’être une intense expérience. D’autant qu’aussi différentes soient les formes de cinéma qu’ils proposent, on peut dire sans trop s’avancer que tous ces films semblent témoigner d’une même inquiétude d’être au monde, se tenant comme au bord d’un gouffre. Parmi ces « monuments » attendus avec impatience : Faust réinterprété par Sokourov, Lion d’or 2011 du Festival de Venise, le retour des images orageuses du cinéma de Nuri Bilge Ceylan avec Once Upon a Time in Anatolia, Grand Prix au dernier festival de Cannes, ou encore le dernier Belà Tarr, The Turin Horse, Ours d’argent au festival de Berlin, qui étire en longs plans noir et blanc la vie du cheval maltraité qui aurait été à l’origine de la folie de Nietzsche.

Le meilleur du cinéma français sera bien représenté, sous diverses facettes. À commencer par le beau film de Bertrand Bonello, L’Apollonide, plongée embuée dans un bordel de 1900, à la mise en scène méticuleuse et précise, caractéristique du nouveau « cinéma d’auteur » français. De la guerre, son précédent film, et l’un des plus marquants, sera également projeté.
On retrouve aussi le marginal Bruno Dumont, qui pousse encore plus loin le radicalisme de son cinéma avec Hors-Satan, où il poursuit ses réflexions sur le spirituel et l’inexplicable des actes humains, en revenant aux paysages dénudés du nord de ses premiers films. Faisons en sorte que la salle ne soit pas elle, dénudée, car il y a là la promesse d’un des films les plus forts de la programmation.
Pour faire rimer les consonances japonaises, signalons deux films qui piquent également notre curiosité : le portrait expérimental du cinéaste Masao Adachi par Philippe Grandrieux, Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution, et le mysticisme fragile de Hanezu, de la cinéaste indépendante Naomi Kawase.

Du côté d’un cinéma plus expérimental, on retrouvera rien de moins que l’un des maîtres du cinéma d’avant-garde américain, Jonas Mekas, avec My Paris Movie, où il rend un hommage à la capitale dans laquelle il vit par intermittence depuis des décennies, en reprenant comme à son habitude des images engrangées au fil des années.
Expérimentation encore, dans un tout autre style, avec Pina, où Wim Wenders s’essaie avec brio à la 3D et transcende ainsi l’espace de la scène, en choisissant de se concentrer uniquement sur les numéros de danse des disciples de Pina Bausch, plutôt que de « documenter » le discours ou l’idéologie de celle-ci.

Enfin, n’oublions pas les noms moins célèbres : si l’emploi du temps est serré et qu’il faut faire des choix, plutôt que de se ruer sur le dernier Pedro Almodovar (qui sort en salles dans un mois), il serait judicieux de se ménager du temps et de l’énergie pour aller voir par exemple Arrêt en pleine voie de Andreas Dresen (Prix Un Certain Regard 2011), que les rumeurs pré-festival annoncent déjà comme l’un des films à ne louper sous aucun prétexte, ou encore pour découvrir l’une des très belles surprises de cette année 2011 : Une séparation de l’iranien Asghar Farhadi (Ours d’or 2011), d’une remarquable finesse. Les autres films de Farhadi seront également présentés au cours du festival, belle occasion d’approfondir et de voir l’ensemble d’une œuvre jusque là peu connue du public.

(ACO)

Melancholia, Lars Von Trier.

————-

FNC LAB

Le FNC Lab est peut-être — disons-le d’office — l’un des volets les plus relevés de cette 40e édition. On peut féliciter les programmateurs — et en particulier Jasmine Pisapia et Philippe Gajan — d’avoir décidé, cette année, de condenser au sein du FNC Lab l’ensemble de la programmation vouée à l’expérimentation et au cinéma élargi (films expérimentaux, installations, performances, etc.), d’avoir intégré une réflexion de pointe sur des questions qui sont au cœur des préoccupations tout à la fois des spécialistes du cinéma et des artistes eux-mêmes, et à tirer profit d’une association très judicieuse avec, entre autres, le Cinemaspace du Centre Segal — lieu incontournable et incontesté pour voir le cinéma expérimental à Montréal, avec l’Université Concordia, la revue Intermédialités.

C’est résolument sous le signe de la matérialité filmique, de la performance et de ses multiples migrations, transsubstantiations et transmutations du cinéma que s’inscrit une pluralité des événements présentés au FNC Lab cette année. À commencer par la venue à Montréal de Gustav Deutsch et de Marc Toscano, qui présenteront une conférence — qui sera de toute évidence aussi une performance visuelle et sonore pure — sur le thème du cinéma amateur (Deutsch) et de l’art de la conservation cinématographique (Toscano), le 14 octobre, à 13h, à Concordia. Ils nous proposeront également des programmes de films splendides, qui recoupent leurs intérêts pour les archives, la matérialité de la pellicule, la mémoire visuelle et l’exploration formelle.

Deutsch, sans doute l’un des plus grands artisans du found footage contemporain, nous offrira l’occasion extraordinaire et rare de découvrir — au fil des trois programmes qu’il nous a concoctés — des films peut-être moins connus que sa série Film ist. (Film ist. 1-12, Film ist. A Girl and a Gun), notamment Adria-Holiday Films 1956-1968 (1990) et les trois épisodes de Welt Spiegel Kino (2005), jamais vus à Montréal. De son côté, Marc Toscano, cinéaste, historien archiviste spécialisé dans la conservation et la restauration du cinéma expérimental, viendra nous présenter deux programmes de films expérimentaux (restaurés par l’Academy Film Archive) d’une richesse inouïe, contenant, entre autres, deux oeuvres de Brakhage très rarement, voire jamais présentés (Blue Moses, 1962, ainsi que He was Born, He Suffered, He Died, 1974).

Le cinéaste new yorkais Bill Morrison, autre grand spécialiste des archives et de la décomposition filmique (The Film of Her, Decasia, Light is Calling), à qui Hors champ consacrait, en 2004, une rétrospective à la Cinémathèque québécoise, sera à Montréal cette année pour nous présenter ses trois dernières œuvres (The Miners’ Hymns, Tributes-Pulse, Spark of Being), accompagnées — comme le veut la tradition des films de Morrison — respectivement par trois grand musiciens, Johann Johannsson, Simon Christensen, Dave Douglas.

Dans la même série (ruines, décomposition, archives), il serait franchement indécent de rater le programme de films et de vidéos de l’extraordinaire cinéaste allemand Jürgen Reble et de son collaborateur, le musicien et vidéaste Thomas Könner, le 15 octobre à 19h30 au Cinemaspace, ainsi que la performance — inoubliable avant même qu’elle ait eu lieu — Materia Obscura, qu’ils livreront le 13 octobre à 20h30.

Toujours du côté performance, soulignons la présentation de la prerformation d’animation en direct 49 Flies de cet infatigable génie Pierre Hébert, qui sera accompagnée par Lori Freedman, d’un essaim de mouches et d’un « quintet virtuel » (résultat des cinq autres variations musicales réalisées à ce jour). Dans le même esprit, impossible de passer sous silence ce qui s’annonce comme l’un des grands moments du Festival : Por la Noche Volvio Delirando « Todo est Agua » de Jerusalem in my Heart (Malena Szlam et Radwan Ghazi Moumneh), le 16 octobre à 20h, qui combinera projections 16mm, écrans suspendus, voix et synthétiseur, en un condensé affectif qui promet une expérience d’une intensité rare. On attend enfin beaucoup du Operating Theater de Philippe Léonard et Daniel Oniszeczko, qui nous avaient donné l’une des performances les plus physiques et allumées du dernier FNC (ne passons pas pour autant sous silence le projet Optical Machines, présenté après le Operating Theater de Philippe Léonard, ainsi que Spell du Zapruder Filmmakersgroup).

On ne boudera pas non plus les Archives d’Amérique du trop rare Arnaud Des Pallières (Poussières d’Amérique et Diane Wellington), qui avait présenté au FNC il y a plusieurs années l’inclassable et magnifique Adieu, pas plus que Two years at Sea du prolifique et très en vogue cinéaste expérimental britannique Ben Rivers (on retrouvera aussi son Slow Action dans le programme Détournement). Dans les programmes de courts-métrages remarquons — en survol — la présence de l’extraordinaire film du tout aussi extraordinaire cinéaste japonais Tomonari Nishikawa (Tokyo-Ebisu) (à quand une rétrospective Daichi ?), Charlemagne 3 : Pastrami Recordings de Pip Chodorov, le très beau L’entre-deux de Sabrina Ratté, So certain I was, I was a Horse d’Émilie Serri (qui avait réalisé le superbe À l’est des vents), Liquid Movements de Reble, des films de Vincent Grenier, Lotte Schreiber, David Gatten. Vautrez-vous.

Du côté des installations interactives qui semblent particulièrement intéressantes cette année, soulignons avant toute chose Epopée, l’une des expériences documentaires sur le Web les plus radicales et puissantes à avoir émergé depuis un an, sous la direction de Rodrigue Jean (qui nous donnera également ce mois-ci Zoo à l’Espace Libre, à partir du 11 octobre). Epopée sera présenté, une seule fois, dans une version en salle (Épopée : un état des lieux), avant d’être présentée, à partir du 12 janvier, et en collaboration avec Dazibao, à la Cinémathèque québécoise.

Grâce à ce partiel et très subjectif survol, on comprend pourquoi le Lab porte, enfin, bien son nom, et personne ne devrait s’en plaindre.

À vous, maintenant, d’en faire l’expérience.

(AH)

Spark of Being, Bill Morrison.

———-

TEMPS ZÉRO

Temps Zéro, la section « freak show » du FNC, concoctée depuis plusieurs éditions par Julien Fonfrède, cinéphile assidu et grand spécialiste du cinéma asiatique, nous laissera avec les 15 longs-métrages qui la composent (dont 8 films asiatiques) encore plus gaga cette année-ci. A miser d’abord et avant tout sur la montée foisonnante du cinéma australien ces dernières années et qui sera représenté par deux films ; Snowtown de Justin Kurzel, gagnant d’une mention spéciale à la dernière semaine de la critique, est un intense thriller sur un réel serial killer prolifique, et le mystérieux Sleeping Beauty de Julian Leigh, en lisse pour la palme au dernier festival de Cannes, interroge la limite du voyeurisme et du témoignage, à travers un conte de fée somptueux et clinique qui ne va pas sans rappeler Belle de jour et Eyes Wide Shut .

Take Shelter est sans doute un des films les plus attendus du festival. Gagnant du grand prix de la semaine de la critique, Jeff Nichols (Shotgun Stories) revient avec un fllm combinant politique et paranoïa, un peu comme si Night Shyamalan avait fait corps avec Bruno Dumont pour brosser les dessous tourmentés d’une Amérique qui n’en finit pas de recevoir les ondes de choc du début du siècle. Deux autres films Américains à surveiller. D’abord, Last Fast Ride : The Life, Love and Death of a Punk Goddess, un regard intense sur la trop courte vie de Marian Anderson, punk rockeuse dur à cuire, morte trop jeune (le film est narré par l’iconoclaste Henri Rollins, punk rockeur et activiste). Ensuite, si Stockhausen avait vu dans les attentats du 11 septembre, la première grande œuvre du XXIe siècle, le compositeur allemand n’avait probablement pas eu vent de l’expérience « Pandrogyne » que menait en 2000 Genesis P-Orridge (tête pensante des légendaires groupes industriels Throbbing Gristle et Psychic TV) qui consiste à littéralement se transmuter, à travers le miracle de la chirurgie plastique, en sa compagne Lady Jane (et vice-versa) dans le très décoiffant The Ballad of Genesis and Lady Jane.

Avec un titre comme 3D Sex and Zen : Extreme Ecstasy, le film hongkongais, présenté un peu comme la cerise sur le sundae de la sélection, risque d’être le blockbuster du festival (à en croire les chiffres, il détrôna Avatar au box-office de premier weekend). Sur une trame sonore orgasmique, Christopher Sun livre un film à faire littéralement perdre la tête avec des décapitations, des grosses queues de mulets, un montage romantique kitch et des poitrines rebondissantes, tout ça, comme le titre du film l’indique, en pleine figure.

Quatre films Japonais sont au programme, à commencer par Shinya Tsukamoto (Tetsuo, Haze, A Snake of June), le cinéaste cyberpunk chéris depuis longtemps du FNC revient avec Kotoko un film qui vaque entre fantaisie et réalité pour raconter l’histoire d’une mère souffrant de dépression post-patrum. Un croisement de Lodge Kerrigan et David Cronenberg qui risque de dérouter les doctrinaires des premiers films qui ont fait la renommée du cinéaste nippon. Ensuite arrive l’ambitieux Hara-kiri, de l’inhumainement prolifique et touche-à-tout Takeshi Miike qui s’attaque ici au chef-d’œuvre du même titre de Masaki Kobayashi et puis Shirome de Koji Shiraishi un autre film d’horreur japonais mettant en scène de jeunes adolescentes exaltées et qui se présente comme un faux documentaire à la croisée de Blair Witch Project et Paranormal Activity, avec en plus le gout du déjanté nippon. Et pour clore le tour de l’ile, Sion Sono qui nous avait fasciné il y a presque 10 ans avec son Suicide Club et qui n’a cessé depuis d’explorer les limites du macabre, revient avec Guilty of Romance, le chouchou de son programmateur.

Temps Zéro reste la catégorie des films à scandale, des cinéastes sulfureux, des œuvres de mauvais goût, et la cuvée 2011 semble particulièrement bien portante. Un voyage au bout de la nuit ne vient jamais sans récompenses, alors soyons désinvolte, et n’ayons peur de rien.

(SA)

Take Shelter, Jeff Nichols.

———-

COURTS MÉTRAGES

Les programmes de courts métrages du FNC réservent toujours d’intéressantes surprises, dans une variété de formes et de genres. Du côté de la sélection internationale, on sera particulièrement intrigué par des films de cinéastes bien connus comme Harmony Korine, Spike Jonze et les frères Quay. Du Québec, on attend la première montréalaise de quelques films qui ont déjà attiré l’attention dans d’autres grands festivals, comme le film de Nicolas Roy en compétition à Cannes, celui de Mathieu Tremblay primé à Toronto et celui de Sophie Goyette présenté à Locarno. Parmi d’autres découvertes à anticiper dans la sélection québécoise, on note un essai cinématographique du photographe Serge Clément, un court film coréalisé par André Turpin, Louise Archambault et Stéphane Crète, et un film de Nancy Baric, présente au FNC par le passé avec des films expérimentaux mais s’engageant ici dans le drame minimaliste.

(NR)

———-

FILMS QUÉBÉCOIS ET CANADIENS

FOCUS

Cette année, les films les plus attendus ne se trouvent probablement pas du côté de la section FOCUS, les cinémas canadien et québécois étant ce qu’ils sont. On comprend que sélectionner des films québécois et canadiens – dont la production annuelle est somme toute limitée – selon une certaine orientation (film d’auteur ou d’art et essai), n’est pas chose facile. Déjà il n’est pas question de retenir par exemple des Comédies avec un grand C comme French Immersion ou des films pompeux comme Café de Flore, mais en plus certains films intéressants se retrouvent déjà engagés dans d’autres circuits comme Coteau Rouge au FFM. Finalement, le film d’Auteur avec un grand A recèle aussi son lot de clichés comme le démontre très bien Laurentie de Mathieu Denis et Simon Lavoie, film retenu au FNC. Nous y reviendrons peut-être plus tard dans Hors Champ.

Tout comme Laurentie qui est passé par Karlovy Vary avant d’aboutir au FNC, Roméo Onze, premier long métrage d’Ivan Grbovic, y a reçu une mention spéciale du prix œcuménique. Dans la section FOCUS, on retrouve aussi le documentaire de Carlos Ferrand
sur le yoga, Planète Yoga. Loin de son [Americano->http://www.horschamp.qc.ca/ENTRETIEN-AVEC-CARLOS-FERRAND.html] toutefois, il s’agit d’un film de commande bien ficelé mais inoffensif et gentil. La Fille au manteau blanc de Darrell Wasyk, inspiré du Manteau de Gogol, serait peut-être une surprise intéressante… Hors Champ ira aussi à la découverte du film d’ouverture de la section Focus Survivre au progrès de Mathieu Roy et Harold Crooks ainsi que du Fils béni de Tony Asimakopoulos et République : un abécédaire populaire d’Hugo Latulippe.

On se montrera agréablement surpris de voir Nuit #1 d’Anne Émond apparaître dans la Sélection internationale. Premier long métrage de la cinéaste et seul film québécois et canadien en compétition pour le Louve d’or, on est en effet surpris de voir que le scénario ne comprend pas un traumatisme psychologique comme la mort ou l’agonie d’un proche ou d’un voisin. Comme jeune cinéaste, tout simplement s’intéresser à l’amour entre deux jeunes, c’est presque devenu rétro. On ne s’en plaindra pas. L’agonie ne se tient cependant peut-être pas si loin pour autant…

D’autres films québécois ou canadiens se retrouvent dans Présentation spéciale. C’est le cas de 30 Tableaux de Paule Baillargeon qui est davantage un collage autour de son témoignage que ce qu’on pourrait appeler un film à part entière. Il s’agit d’un « documentaire » où on mise entièrement sur la vérité et l’authenticité de l’histoire illustrée et racontée au « je », ce qui s’avère relativement efficace. Deux films de Benoît Pilon tombent dans cette section avec Décharge et Louis Martin, journaliste. Après l’excellent premier long métrage Away from Her, Sarah Polley nous revient avec un film pas aussi fort – paraît-il – Take This Waltz. À vérifier. En clôture, il faudra bien jeter un coup d’œil à Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau – film qui a déjà attiré l’attention à Locarno et au TIFF et dont on parle pour les Academy Awards et les Oscar.

(AG)

Nuit #1, Anne Émond.