Sommaire mai-juin 2022
Ce numéro spécial de Hors champ accompagne le cycle « Jocelyne Saab : une ville suspendue » qui s’est déroulé entre le 18 et le 25 mai 2022 à la Cinémathèque québécoise. Ce programme proposait une déambulation à travers treize films que la cinéaste a réalisés à Beyrouth, sa ville, entre 1973 et 2009. Pour la première fois présentées en versions restaurées, ces œuvres ainsi visionnées les unes à la suite des autres, en l’espace condensé d’une semaine, ont permis de retracer la trajectoire d’une cinéaste vigoureusement indépendante qui ne s’est jamais lassée de tenter de garder mémoire d’une ville qui se transforme et qui se perd.
Lors d’une de mes premières rencontres avec Jocelyne Saab en Février 2017, nous regardions toutes les deux ses Lettres de Beyrouth (1979) dans son appartement parisien sur le boulevard Saint-Germain. Nous voulions prélever des images pour le catalogue d’un festival qui programmait deux ou trois de ses films. Moi, qui n’avais ni vécu la guerre ni vu ce film, voyait ma ville défiler sur le petit écran de son ordinateur portable, à la fois éblouie et perplexe par cette apparition d’un Beyrouth de 1979 en 2017. Et puis soudainement, j’arrivais à reconnaître un coin de rue, et puis un immeuble et puis la mer. Je ne reconnaissais par contre pas du tout les bus, ni les trous laissés par les obus, ni les visages. Jocelyne, elle, me racontait sa circulation dans la ville, son rapport avec son caméraman et surtout, elle me parlait de cette magnifique jupe rose qu’elle insistait à porter durant son tournage parce qu’elle s’y sentait bien et confiante. Cette jupe qui, comme une cape d’invisibilité, lui donnait le pouvoir magique d’une confiance en soi séduisante et contagieuse, et lui inspirait la confiance des autres, permettant de la sorte la circulation et le dialogue avec les gens, à un moment où tout semblait arrêté et suspendu.
Les textes de ce numéro forment un florilège de voix, d’émotions et de points de vue. Ils se penchent sur le processus créatif de la cinéaste tel que le travail de restauration et de numérisation de son archive le fait apparaître, ainsi que sur l’impact de son œuvre sur de multiples générations d’artistes et de chercheurs habitant le Liban, mais aussi ailleurs.
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Mathilde ROUXEL, « Itinéraire en pointillés d’un processus de restauration collectif »
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Stéphane MORO, « À propos des archives non-film de Jocelyne Saab »
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Ghada SAYEGH, « Images et regards, à rebours »
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Claudia POLLEDRI, « Il était une fois Beyrouth »
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Série Entretiens
Les grands entretiens : « Jocelyne Saab par Dominique Huppi »
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Jinane MRAD, « La mémoire et l’oubli »
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Mathilde ROUXEL, « Le devenir-archive d’un cinéma qui palpite »
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Série Entretiens
Anne LARDEUX, « Un entretien avec Mathilde Rouxel »
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Zoom Out
Conversation avec Mathilde Rouxel et Nour Ouayda
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Entretien avec Mathilde Rouxel à propos de Adolescente, sucre d’amour