Il y a de ces masses sonores qui pénètrent sous la peau comme seule peut le faire une bestiole dont la fonction première est de dérégler tout organisme. C’est le cas de la musique d’Étienne O’Leary composée à Paris durant la turbulente décennie soixante.
Surimpressions — par décalques successifs et frénétiques — d’une « époque acidulée », captées par Etienne O’Leary, Pierre Clementi, Jean-Pierre Bouyxou, foyers agités de l’underground français des années 60-70. Trois soirées présentées à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Blue Sunshine, les 5, 6 et 7 novembre 2010.
En 1964, Groulx démontre dans Le chat dans le sac qu’il est possible d’intégrer et d’exploiter les diverses caractéristiques du jazz pour des fins cinématographiques et idéologiques. Dans ce premier long métrage, la musique de Coltrane ne sert pas qu’à créer des ambiances – elle accompagne Claude et son réalisateur dans leurs déplacements vers l’improvisation et l’action idéologique.
Peut-on parler de cinéma Beat en regardant À tout prendre? Cela est possible mais il faut d’abord accepter de sortir du cadre dans lequel le film est généralement présenté et ce afin de pouvoir mieux se situer.
L’intérêt de La théorie du tout tient à la fois de l’intelligence du discours et de sa mise en forme cinématographique. Car jamais ici la rigueur esthétique ne s’écrase devant le sérieux du propos. Pas plus qu’elle ne cède à une soi-disant efficacité du spectaculaire afin de convaincre.
La transformation qu’il s’apprête à subir est donc invariablement présentée comme la réparation d’une injustice. Le geste doit en être un de réappropriation d’une identité perdue ou jamais complètement assumée, et non comme l’expression d’un désir égoïste. L’équipe des spécialistes chargés de mettre en œuvre les diverses opérations est alors introduite, chacun pratiquant à l’écran son diagnostic et les actions qu’il s’apprête à prendre. Le sujet est ensuite complètement isolé de son milieu pour plusieurs semaines, période qui nous est présentée sous la forme d’un montage des transformations, invariablement ponctué par une série d’aveux prononcés par le « cobail » – à ce stade, il en vraiment toutes les apparences -, découragement et enthousiasme se succédant à mesure que son apparence se transforme.