“Le cinéma, à mon sens, est mort en devenant un art de la maîtrise, dès le second film des frères Lumière. Le prolongement de cette forme morte de cinéma se trouve dans le virtuel. Le premier film des Frères Lumière quant à lui, se prolonge avec Rohmer, Kiarostami, les Straub et c’est une aventure folle.”
“L’esprit de l’exode, c’est le goût de la diversité. Il faut faire un parcours en traversant différents types de diversité jusqu’au point où on peut rentrer chez soi et trouver que c’est le pays le plus exotique.” (Ruiz)
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En hommage à cet immense cinéaste, Hors champ republie l’entretien qu’il nous avait accordée en 2004, lors de son passage au FFM.
Si Morrison a su s’imposer dans les dernières années comme l’un des cinéastes expérimentaux les plus importants de sa génération, c’est qu’il a su prendre acte, par le biais d’une véritable poétique de l’archive, de l’historicité non seulement du cinéma mais avant tout de ses supports et de ses modes de projection, en en explorant toutes les frontières.
« Si le cinéaste crée un film avec des idées crues, non digérées en tête, le film devient un slogan animé. Dans un pays comme l’Iran, où les questions sociales et politiques changent constamment, l’artiste doit voir au delà de ces dénouements mondains ; il doit se concentrer sur des réalités plus fondamentales comme l’humanité elle-même, qui est plus universelle… »
«…C’est exactement ce que je nomme la « vérité extatique », qui est au centre de mon travail. Très tôt, j’ai eu le sentiment que ce serait seulement par l’invention et la stylisation que je pourrais toucher la vérité profonde d’un personnage, même dans un documentaire…»
“ J’ai d’abord photographié ce qui était autour de moi; je me suis toujours demandé pourquoi on ne pouvait pas raconter certaines histoires, pourquoi certaines choses n’étaient jamais dites. Quand j’étais jeune, tout était supposé être très bien, il n’y avait supposément ni toxicomanie, ni alcoolisme, ni abus d’enfant. “
« J’ai réellement envie de faire des œuvres physiques, qui affectent le corps, de telle sorte que l’expérience est une véritable expérience, et n’engage pas seulement une saisie conceptuelle. »
“C’est peut-être ça qui fait que c’est du réel : ça résiste. C’est ce que l’on ne traverse pas facilement. Quand nous choisissons les angles de caméra, les mouvements des corps de nos personnages ou de la caméra, nous essayons toujours qu’il y ait quelque chose qui résiste au regard. Nous cachons une partie, nous en cachons plus que ce que nous en montrons. “
DEUXIÈME PARTIE
PREMIÈRE PARTIE “…Cette popularité-là n’a rien à voir avec l’étrange mystique, curieuse, qui entoure les deux frères, et dont raffole, certes, un certain public qui, enfin, allait pouvoir découvrir les “individus biscornus” qui avaient mis au monde de tels mondes. Au fond, en les rencontrant, par un matin clair, nous avons pu constater qu’il n’y avait rien de plus erroné. Au lieu des “jumeaux-névrosés à la sexualité vacillante”, qu’une certaine presse tente à grands renforts de mystification de nous vendre, ce sont deux artistes d’une générosité rare, attentionnés et précieux, que nous avons rencontrés, et qui nous ont accordé une séance d’interview qui dépassait toutes nos attentes…”