« La vie donne parfois au plus petit geste le retentissement d’une victoire. Et le cinéma a ceci d’émouvant qu’il restitue la densité de l’ordinaire en enregistrant cette profusion de signes presque imperceptibles qui en font l’étoffe. […] »
Ça se déroule au début de Frances Ha, le sympathique film de Noah Baumbach. Sophie et Frances sont dans le métro, en route vers leur appartement de Brooklyn. On est en plan moyen, noir et blanc, les deux filles, filmés de trois-quarts, remplissent le cadre. Sophie a les yeux rivés sur son Iphone. Frances lui dit : « There’s no service. » À quoi l’autre répond : « Sometimes there is, for a second. »
Ce texte est simplement la tentative de saisir au vol quelques moments d’une telle fuite d’associations à partir de ce détail, menant à des images aussi étrangères les unes aux autres qu’un tableau de Bosch, des vidéos de Donigan Cumming, des films de Maurice Proulx, de Pierre Perrault, de Bunuel et de Boorman.
Devant ce thème du geste cinématographique, une séquence m’est venue à l’esprit, avant toutes les autres. Une séquence d’Umberto D. de Vittorio De Sica (1952). Celle où le vieillard, réduit à la mendicité, tente d’avancer sa main auprès d’un passant mais ne peut se résoudre à recevoir la charité, et finit par retourner sa paume en levant les yeux, comme s’il guettait la pluie.
Au cinéma, un verre de lait n’est pas aussi anodin qu’un verre d’eau, et moins courant qu’un verre de vin. Aussi, lorsqu’il apparaît à l’écran, il prend souvent une importance dramatique et esthétique. Petite étude de cet objet obsédant à travers quelques films des années 1940-50.
En écho à la rétrospective que lui consacrait la Cinémathèque québécoise cet automne, Hors champ propose un dossier sur le cinéaste américain Gus Van Sant avec des analyses de My own private Idaho, Psycho, Gerry, Elephant, Last Days, ainsi qu’un entretien avec la compositrice canadienne Hildegard Westerkamp. À lire également dans ce numéro, un important dossier en hommage à Danièle Huillet, qui nous a quittés le 10 octobre dernier.