Jean Baudrillard est décédé le 6 mars 2007, à l’âge de 77 ans. Sociologue, philosophe, photographe, mais surtout écrivain génial, penseur inclassable, célébré et dénigré, il a porté à travers ses nombreux écrits un regard pénétrant sur les phénomènes culturels, les convulsions de l’Histoire, les fondements psychiques et sociaux d’un monde en profonde mutation.
Sans rejeter la légitimité de la fiction pour représenter des personnes réelles et connues publiquement, ou des événements marquants et documentés, il reste qu’on peut parfois se questionner sur l’intérêt de réincarner dans l’artifice des sujets déjà largement immortalisés dans les images…
Le Kodachrome offre une image claire, définie, richement colorée, une spécificité qui se distingue des autres types de pellicules, hors d’une notion de progrès, hors du temps. Et aujourd’hui, Kodak ne propose pas de le remplacer ou de l’améliorer, on le fait tout simplement disparaître, et c’est donc cela qui disparaît : une texture d’image qui échappait à l’histoire accélérée des règles du marché et du développement technique.
Quel effet produisent des images du passé en couleurs, pour des événements dont nous avons traditionnellement vu des films noir et blanc ? Pourquoi existe-t-il des films couleur de la Seconde Guerre mondiale, tournés par des soldats et leurs familles, alors qu’à l’époque, 90% des films que les gens allaient voir au cinéma étaient en noir et blanc ? Enfin, la couleur réduit-elle la distance émotive du spectateur des archives à la réalité du passé, à l’horreur de la guerre ?