Entretien avec Karine Boulanger
Conservatrice-programmatrice cinéma international
Karine Boulanger a occupé le poste d’adjointe à la programmation de 2007 à 2011, puis de programmatrice-conservatrice du cinéma international, de 2011 à 2013. Elle a quitté la Cinémathèque au mois de juin 2013, quelques temps après nous avoir accordé cet entretien. À l’occasion de cette publication, l’équipe de Hors Champ aimerait saluer son assiduité exemplaire et son travail passionné qui permirent de mettre en place des programmations aussi riches que diversifiées.
Hors Champ: Racontez-nous les origines de votre rapport au cinéma, votre parcours qui vous a amené à la cinémathèque québécoise et les divers postes que vous y avez occupés…
Karine Boulanger: Le cinéma a toujours été ma grande passion, ma seule passion durable disons. J’avais des parents qui essayaient de nous initier à la culture en général. Même s’ils n’étaient pas de grands cinéphiles, il connaissaient quand même les films de Hitchcock, de Welles, et c’est un peu par transmission que ça a commencé. Adolescente c’était plus une question de midinette, à l’université j’étais en anthropologie et j’avais un cours optionnel en cinéma. C’est là que le déclic s’est vraiment fait et je me suis dit que c’est vers ça que je voulais m’enligner. J’ai donc fait un parcours classique, bac et maitrise en études cinématographiques, tout en travaillant pour le GRAFICS, le Centre de recherche dirigé par André Gaudreault. On avait un partenariat avec la Cinémathèque dans le cadre duquel on faisait la programmation des films des premiers temps (1895-1900). J’ai ainsi commencé à travailler avec Pierre Jutras et j’ai découvert la programmation. D’une chose à l’autre, j’ai fait des contrats pour la cinémathèque et finalement je suis restée comme adjointe à la programmation. Je me suis occupée pendant quelques années de la télévision et de la vidéo qui font parties du mandat de la cinémathèque et puis ensuite quand le poste s’est libéré il y a deux ans, je suis devenue programmatrice du cinéma international.
HC: En tant que programmatrice du cinéma international, comment arrivez-vous à coordonner les programmations en parallèle avec le cinéma national et le cinéma d’animation qui sont deux grands volets du mandat de la Cinémathèque ?
KB: On travaille en fait de façon assez collégiale tant au niveau de l’organisation que de la programmation. On prend pour acquis que chacun à un connaissance que les autres n’ont pas forcément. Le problème avec l’international c’est que c’est extrêmement large, parce qu’en théorie ça regroupe absolument tous les pays, toutes les époques, tous les types de production, tant le cinéma, la télévision, que les nouveaux médias. Mais ça se fait de façon assez organique, c’est un équilibre entre des choses très triviales: l’argent, les disponibilités des copies, et par ailleurs ce qu’on veut faire en faisant découvrir tel auteur et en discutant de l’importance de l’un ou de l’autre. C’est là dedans que la programmation finit par naitre. Il reste que numériquement, la programmation internationale c’est la plus grande partie de la programmation de la Cinémathèque, parce que l’animation c’est majoritairement des courts-métrages, c’est donc un autre type de programmation. Le cinéma québécois, on en fait beaucoup, mais on ne peut pas faire que ça, comme la demande est beaucoup trop large. Il y a donc une immense partie de la programmation qui est celle de l’international et ça c’est assez bien établi depuis au moins l’époque de Pierre Jutras, qui s’en est beaucoup occupé.
HC: Comment en tant que programmatrice arrive-t-on à rallier à la fois cette envie de partager son expérience de tel ou tel film et l’envie d’être soi-même dans la découverte de nouvelles œuvres.
KB: Je vois la programmation dans le cadre d’une cinémathèque comme la nécessité d’avoir une vision ouverte du cinéma. J’aime c’est autant les films industriels que les grands classiques, le muet, l’expérimental. Mon dilemme c’est d’arriver à rendre compte de cette diversité sans pour autant m’éparpiller. Je n’ai jamais vu la programmation comme un travail éditorial. Évidemment, il m’arrive de glisser mes coups de cœur dans la programmation comme tout le monde, mais en même temps, je n’ai pas non plus de position tranchée sur ce que doit ou ne doit pas être le cinéma. Je pense qu’il est important que la cinémathèque se présente une ouverture, soit un lieu de découverte. Il ne faut pas que les spectateurs s’attendent à être bercés par nos caprices cinéphiliques. Il y en a qui veulent que la cinémathèque soit le temple des chef-d’œuvres, des grands auteurs.Je ne suis pas tout à fait en accord avec cet esprit-là. Je pense qu’il faut s’ouvrir à des choses moins connues, comme le cinéma de genre. J’essaye de mesurer l’équilibre dans l’exploration de différentes choses, de ne pas trop se répéter ou se confiner à des lieux géographiques, de viser davantage la diversité. C’est dans cet esprit là que je travaille.
HC: C’est Cocteau je pense qui disait de Henri Langlois qu’il était “le dinosaure qui veillait sur nos trésors”… cette notion d’être un gardien prend toutefois un autre sens aujourd’hui lorsqu’on sait que les œuvres sont accessibles de plusieurs manières. Comment définir ou peut-être même redéfinir le rôle du programmateur aujourd’hui.
KB: Je pense qu’il y a deux aspects. D’une part ça dépend de ce que l’on veut conserver ou protéger, parce que d’un point de vue de conservation, notre problème reste toujours le 35 mm et la pérennité du support d‘origine des œuvres. À la cinémathèque on a un mandat historique et muséal aussi. Il faut donc montrer les choses dans leur format d’origine, garder une trace, une mémoire de ce qu’était le cinéma en 16mm en 35mm, de ce qu’était la télé dans les années 50. Il y a donc tout cet aspect de conservation matérielle, et même si les films sont sur internet, il reste que c’est un problème quotidien, parce que les films doivent être entreposés. Ça prend de l’espace, des archivistes, et cet aspect ne change pas tant du point de vue de travail muséal et archivistique. Après, si on pense en termes de contenu, tout le monde peut tout voir, tout louer. Je me dis qu’il y a un aspect un peu pervers de l’accessibilité, il faut se demander comment on trouve au bout du compte ce qui nous intéresse. On a beau avoir un million de films sur Youtube, nous n’allons pas nécessairement aller en voir parce qu’ils sont là. C’est plus dans cette idée de pointer des choses aux gens que se définit le métier de programmateur. Comme c’est mon métier de voir beaucoup de films, je connais l’histoire du cinéma, j’ai le rôle d’un guide. C’est un peu comme la question des musées ; faire un tri dans l’immensité de ce qui se fait pour dire finalement que ce film à une signification culturelle, esthétique ou pas. Et il faut garder à l’esprit l’idée que c’est la double expérience qui disparaît, la pellicule et le visionnement des films en salle. On parle beaucoup du support, le fait d’aller voir des films en salle, avec des étrangers dans le noir, ça aussi ça disparaît et c’est à la cinémathèque de garder cet esprit d’expérience collective.
HC: Est ce que la diversité des activités cinéphiliques en dehors de la Cinémathèque (ciné-clubs, projections universitaires, nouvelles salles) a une incidence positive ou plutôt néfaste sur l’affluence à la cinémathèque.
KB: Je pense que ça va dans le même sens. J’essaie de ne pas voir ça comme de la concurrence parce que la Cinémathèque c’est un organisme à but non lucratif et c’est important pour moi de ne pas tomber dans une logique commerciale, de me dire qu’il n’y aura pas assez de gens en salle pour certains types de cinéma. Je pense qu’au bout du compte tout le monde fait un peu le même travail d’intéresser au cinéma. On ne peut pas tout montrer non plus, donc les autres lieux montrent d’autres types d’objet dans d’autres contextes, ce qui est tout aussi honorable.
HC: Qu’est ce qui se trame pour le 50e anniversaire de la Cinémathèque ?
KB: Pour le 50e on a identifié certains programmes qui sont plus importants ou plus porteurs d’un point de vue cinéphilique ou de cinémathèque. Moi j’ai proposé Jean Grémillon parce que c’est un cinéaste dont je ne connais que Remorques et j’ai eu l’occasion l’année dernière d’aller au festival « Cinema Ritrovato » à Bologne où il y avait une rétrospective Grémillon, et je me disais que c’est fantastique qu’en 2012 on puisse découvrir des choses qu’on n’a pas encore vues. Je connaissais le cinéaste de nom évidemment, mais c’est un cinéma qui a un peu disparu ; c’est à la fois un cinéma grand public, avec de grands acteurs comme Gabin et Darrieux, et en même temps d’une grande intelligence sur les relations humaines. Chez Grémillon on a souvent affaire à des gens qui ne sont pas ce qu’ils ont l’air d’être, qui entretiennent des relations factices. C’est un cinéma qui traite de la subtilité des liens humains, qui plus est, c’est une œuvre qui a été récemment restaurée. Il y aura donc une redécouverte autour de Grémillon. L’autre grande rétrospective c’est celle d’Orson Welles et ça c’est un gros trip de programmateur et de cinéphile. On s’était dit qu’on allait essayer de trouver le plus de choses possibles : radio, films, télé, une grosse fête autour de l’œuvre de Welles qui étrangement aussi est très connu, mais dont on ne revoit pas toujours l’œuvre. L’aspect hétéroclite d’un artiste qui a revisité tous les médiums m’intéresse beaucoup. Donc Grémillon et Welles permettent de faire tenir en équilibre la passion personnelle et l’intérêt cinéphilique dans le plus grand sens du terme. C’est le 50e, il faut jouer aussi cette carte là de l’amour du cinéma, qui est d’ailleurs le slogan du 50e [rires].
HC: On sait que le monde du programmateur n’est pas le même que celui des com’ et souvent les deux pratiques sont antithétiques. Pouvez vous nous parler de cette cohabitation ?
KB: Il y a un énorme problème dans la conception même de la Cinémathèque qui rend difficile à communiquer dans le sens où on programme à l’année, et on présente les films une fois ou deux. On a deux salles. En soit il y a le volume et il y a la vitesse avec laquelle se font les choses. Il y a donc des choix à faire. Il y a des choses dont ont sait au préalable qu’elles vont passer à la trappe et d’autres plus porteuses, pour les jeunes notamment. C’est un problème effectivement de programmer en ne sachant pas si ça va rejoindre le public. Ce n’est pas magique et il n’y a pas de réelles recettes. Moi j’essaye de cohabiter, je fais des envois ciblés, je navigue sur les médias sociaux. J’essaye au mieux de travailler avec l’équipe des com’, mais je dois aussi y apporter des efforts personnels pour porter mes programmes, parce que parfois certaines programmations sont assez pointues et il faut être en mesure de donner l’envie de venir voir ces films. Est ce qu’on a les outils appropriés? C’est la question qu’il faut se poser. C’est un sujet difficile, et j’avoue que je ne me suis toujours pas remise de la disparition de la revue de la cinémathèque, parce que c’était l’outil qui combinait toutes les intros, les résumés, les textes de présentations. Maintenant on fonctionne avec le pari que les gens vont passer au web. Il faut donc donner l’envie d’aller explorer le site. Ceci dit, la triste réalité comme beaucoup de choses, c’est qu’on fait avec ce qu’on peut et avec ce qu’on a. La question que tu me poses est vraiment centrale, mais je pense qu’il ne faut pas aborder la chose comme une confrontation ou une opposition entre programmation et communication, il faut réussir à s’arrimer même si on n’y arrive pas toujours. Il y a aussi les programmes conjoints qu’on fait avec les universités comme le cycle « Histoire du cinéma », ou les programmations que l’on fait avec les programmateurs extérieurs et étrangers. On espère que ça touche d’autres réseaux, d’autres gens. Tout ça c’est aussi de la com’ sans que cela soit adresser directement à la presse. Je pense que l’on parle beaucoup aux médias, sans que les médias parlent forcément de nous. On a désormais plus d’outils pour parler au public sans intermédiaires.
HC: Vous mentionnez la collaboration avec les universités et je pense qu’effectivement la présentation des films, que je vois comme un geste d’accompagnement, est importante et trouve sa place à la cinémathèque…
KB: Il y a une partie du public qui déteste les présentations parce qu’ils ont une connaissance cinéphilique qui n’a pas besoin d’être domptée, mais effectivement il y a une autre partie du public qui apprécie les mises en contexte. C’est toujours plus intéressant si les créateurs et les cinéastes peuvent eux-mêmes être présents pour présenter leurs films, mais c’est l’argent et la disponibilité qui manquent. Quand un cinéaste est là, ça crée quelque chose de nouveau autour du film et de l’expérience du film.
HC:La Cinémathèque devrait-elle avoir aussi comme vocation la découverte, le dépistage de nouveaux talents.
KB: Je pense que oui, du moins j’essaye de le faire. Un des projets que je suis fière d’avoir pu réaliser c’est le programme sur les jeunes cinéastes chinois. Je connaissais très peu les films et les cinéastes, mais il me semble que cela fait parti de notre mandat de travailler avec un esprit ouvert, et parfois avec ce que l’on ne connaît pas, ne serait-ce que parce que c’est la suite de l’histoire ; on ne travaille pas sur un objet fini, fermé. Et puis il faut savoir qu’on existe dans un autre circuit que les festivals, donc encore une fois, de façon très pragmatique, je n’ai pas toujours le temps ni l’a liberté ou la possibilité de suivre de très près l’actualité. Mais pour revenir à la question, je pense que oui parce que il y a aussi un intérêt et une demande du public, et la situation de la distribution à Montréal fait que le cinéma étranger, à part le cinéma français ou quelques films iraniens, se fait peu valoir. On essaye donc parfois d’aller chercher ces nouveaux cinémas enfouis qu’on ne voit pas autrement. On n’est pas dans une logique d’exploitation commerciale et le contemporain est une sous branche très particulière de la programmation aussi. Les programmateurs invités nous aident souvent à combler des lacunes. Le cycle sur les cinéastes chinois par exemple nous a été proposé par Erik Bordeleau lorsqu’il enseignait à l’UQAM. En collaborant donc avec des gens de l’extérieur, on amène aussi un savoir qu’on n’a pas nécessairement.
HC : Est ce que la disponibilité, l’accessibilité des films sur le web ou en DVD ont un incidence sur votre décision de programmer tel ou tel film ?
KB: J’aurais tendance à dire que non parce que je m’accroche à l’idée que voir des films en salle ce n’est pas comme les voir sur un petit écran. Ceci dit il y a en même temps une limite informelle qu’on ne franchit pas et qui est celle du gros cinéma commercial qui trouve son public autrement. Ça m’est arrivé récemment de présenter Ratcatcher de Lynn Ramsey qui est disponible en DVD chez Criterion. Il faut arriver à balancer cet aspect et ce n’est pas parce que ça existe que les gens l’on forcément vu.
HC: Comment faites-vous pour trouver le ton juste qui consiste à prêcher à des convertis tout en rejoignant un public moins averti?
KB: Il y a un noyau dur de gens, nos habitués, qui sont toujours là, qui sont très curieux et qui sont des cinéphiles de haut niveau. Mais ça change aussi selon les rétrospectives. On remarque des fois que ce n’est pas du tout le même public. Souvent on ne comprend pas trop pourquoi, mais on voit que le public change et ça nous ramène à ce qu’on disait sur la communication. Je pense que de plus en plus on a des micros-publics ; il y en a qui se passionnent pour le cinéma de genre, certains ont des passions définies, et au fond, il n’y a pas de circulation latérale. On présente des fois certaines choses qui attirent un public complètement différent et à d’autres moments des choses qui ne rejoignent que notre clientèle fidèle. On a présenté récemment Docteur Mabuse, et on savait que ça allait être un succès général, parce que c’est un incontournable. Même chose lorsqu’on présente La maman et la putain. Il y a des programmations qui sont un peu plus floues. Il y a longtemps, quand je venais à la Cinémathèque, j’avais l’impression de faire baisser la moyenne d’âge… il est certain que certains films attirent un public plus jeune, mais il n’y a pas de recette, et je n’arrive toujours pas à l’analyser. C’est un peu le nerf de la guerre : comment les gens se déplacent-ils, comment est-ce qu’ils en entendent parler ? Notre clientèle est constituée majoritairement d’étudiants et de gens de plus de 50 ans, entre les deux c’est un peu vide. Quand on lit les commentaires du public il y a tout et son contraire, il faut faire face aussi à tout ce que les gens attendent de la Cinémathèque. La cinéphilie a beaucoup changé aussi, c’est générationnel je pense, je le sens par rapport à mes prédécesseurs… la période des purs et durs est révolue, j’appartiens plutôt à un nouveau public plus éclectique. On fait plus facilement le saut entre les films d’horreurs et Bergman, il y a quelque chose qui a changé dans notre rapport aux films.
HC: C’est le 50e anniversaire de la cinémathèque, mais je ne peux m’empêcher de faire le rabat-joie : la cinémathèque peut-elle mourir? On pose souvent la question de la mort du cinéma, il s’agit certainement plus de transformation que de fin en soi. La cinémathèque elle, peut-elle perdre sa spécificité et sa vocation ?
KB: Je pense qu’il y a plusieurs mises à mort différentes. Elle pourrait ne plus recevoir d’argent, perdre le mandat, se diluer… Face à toutes les technologies qui émergent on a de nouvelles réflexions qui se posent : qu’est ce qu’on fait du jeu vidéo, a-t-il sa place dans une cinémathèque ? Même chose pour la télé, ou la vidéo, est ce que c’est pertinent de montrer dans un salle ce qui est destiné au web ? Il y a toujours le risque aussi de perdre son identité d’une certaine façon. On vit à une époque, et ça va pour toutes les cinémathèques, où l’on est complètement dépassé par les changements technologiques, où les choses ne se sont pas encore recodifiées. Mais ce n’est pas juste une question d’attitude… Oui, la disparition de la pellicule est un deuil à porter. On peut se demander jusqu’à quel point on embrasse le changement et jusqu’à quel point on va pouvoir continuer à présenter du film. Parce qu’au final les copies vont se raréfier, et comme on les conserve de plus en plus, il va être difficile d’en tirer des copies. Il y a des choses qui n’existaient pas il y a 5 ans et qui se profilent de tous les côtés, mais je pense qu’il y a une volonté de suivre, parce que la survie de l’institution est en jeu. Il faut surtout ne pas devenir un musée trop spécialisé. Au bout du compte ces changements se présentent comme un mal pour un bien, parce qu’ils nous poussent à mieux nous adapter et nous mettre à jour.
HC: Effectivement, plus la technologie avance et plus on a tendance à forcer le retour aux traditions, à être conscient de la précarité des films et à les valoriser, il y a ainsi une sorte de nostalgie qui se met en place. Dans cet ordre d’idée, la numérisation des salles commerciales n’est-elle pas l’occasion pour la cinémathèque de rappeler l’importance du 35mm ?
KB: Oui, je ne vois pas ça comme une défense ou un rôle de porte flambeau, il ne faut pas se faire d’illusions non plus, mais le 35mm va peut-être acquérir une nouvelle valeur parce que ce que l’on voit c’est la fin de la reproductibilité technique du film. Les laboratoires ferment, plus de pellicules produites, les compétences des techniciens disparaissent. C’est tout un champ qui disparaît et je pense que d’une certaine façon le film va devenir une rareté comme le vinyle, des techniques qui vont survivre pour leur valeur historique.
HC: Pour terminer, quelle serait votre retrospective de rêve ?
KB: Mizoguchi ou Ozu. C’est tout un casse-tête de programmateur… Ces gens produisaient à une échelle qu’on ne connaît plus. Ça serait ma fierté si un jour j’arrivais à le faire.
On vous le souhaite.
Entretien réalisé le 1e juin 2013 par Serge Abiaad
Retranscription: Serge Abiaad
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