Je mesure l’étendue du chemin qu’il m’a fallu parcourir pour arriver dans ces Forêts que je cherchais à rejoindre, à éclairer et à ouvrir, sans savoir ce qui se trouve au-delà. Et si le chemin peut sembler long, c’est aussi qu’il s’est entremêlé avec celui du Chant d’Empédocle. Le film et mon livre appartiennent à la même forêt, se sont nourris l’un l’autre. Ce parcours était nécessaire, vital, pour me conduire là où je suis, à peine posée pour mieux repartir. Voyageant maintenant par l’imagination sur la piste des animaux à la rencontre desquels je vais depuis plusieurs mois. Exploration tentaculaire, infinie… !
La discussion retranscrite ici eut lieu le 2 avril 2008 à Montréal. Il s’agissait du 1er de deux ateliers organisés dans le cadre de la Carte blanche de la revue Hors champ à la Cinémathèque québécoise. Dans le but de créer une rencontre entre des cinéastes et le public, ainsi que de poursuivre la réflexion sur des questions qui ont nourri nos pages au fil des ans, nous avions invité Jean Pierre Lefebvre, Bernard Émond et Sylvain L’Espérance.
« D’une part, il y avait le discours sur la mondialisation qui devait apporter la richesse et d’autre part, c’était la crise économique. J’ai alors constaté qu’à partir du moment où les quartiers ne sont plus des lieux d’enracinement et que seul le travail peut nous donner une position sociale, le chômeur est non seulement pauvre, il est aussi dans une situation d’errance… »