Dans un contexte médiatique toujours plus saturé, et toujours plus soumis à la dictature du présent, trois événements récents viennent éclairer la riche actualité du cinéma expérimental, et des questions qu’il suscite notamment autour de ladite « Révolution numérique », qui n’en finit pas d’arriver et dont, après la prise de la Bastille argentique, on peine parfois à réaliser que les jours de la Terreur sont déjà advenus, et les premières têtes coupées depuis un bon moment.
“…Au terme de ces soirées denses, l’artiste viennois a cependant semé dans la tête des spectateurs – ainsi qu’à la rédaction d’Hors Champ – de nombreuses questions qui n’ont pas manqué de soulever des discussions et des prises de positions aussi radicales (et opposées) que celles proposées par Kubelka. Il nous semblait donc nécessaire de revenir clarifier certaines des affirmations de ce théoricien iconoclaste, mais aussi de prendre avis de l’état du cinéma, un art toujours “inachevé”. Nous avons rencontré Peter Kubelka à son hôtel où, bien calé dans son fauteuil au retour d’une brève excursion ethnologique chez les amérindiens Mohawk, il a poursuivit sur la même lancée qui l’avait animé pendant deux heures chaque soir…”
“…À mi-chemin de son histoire, il s’est ouvert une brèche dans le développement du cinéma, une marge où s’est constituée en quelque sorte une deuxième genèse possible du médium filmique. Bien qu’il y eu plus tôt des précurseurs français – René Clair, Fernand Léger, Marcel Duchamp… – et bien sûr Vertov, c’est dans cette marge des années 50 et 60, aux États-Unis et plus à l’est en Europe, qu’est apparu un corpus d’oeuvres remarquable par sa variété, son ampleur et la force des expériences qu’il offrait…”