Dans un contexte médiatique toujours plus saturé, et toujours plus soumis à la dictature du présent, trois événements récents viennent éclairer la riche actualité du cinéma expérimental, et des questions qu’il suscite notamment autour de ladite « Révolution numérique », qui n’en finit pas d’arriver et dont, après la prise de la Bastille argentique, on peine parfois à réaliser que les jours de la Terreur sont déjà advenus, et les premières têtes coupées depuis un bon moment.
Le révélateur est à ranger précieusement parmi ces films rares touchant aux sensations les plus enfouies, mais sans doute les plus indélébiles, ces obscures impressions ressenties pendant l’enfance, films procurant l’étrange sentiment d’avoir toujours été vus, et peut-être même vécus, films dont les images remontent en nous comme autant de réminiscences de ce territoire lointain.
Garrel met en scène, dans ses films, des solutions similaires à Baudelaire pour échapper au temps. L’amour y est tout aussi destructeur. On parle souvent d’amour fou mais ne devrait-on pas plutôt le désigner par amour diabolique ? La folie et le diable n’ont-ils pas, à travers les siècles, partagés plus d’une fois une histoire commune ?
Une lettre à Manon Dumais rédigée suite à une chronique cannoise portant sur le dernier film de Philippe Garrel, “La frontière de l’aube”.
Que reste-t-il de mai ? Quels plans ai-je tourné un jour de mai 68 que je pourrais retrouver d’une certaine manière aujourd’hui, en prenant soin de filmer les visages de mes contemporains plus jeunes ? Voilà peut-être à quoi voulait répondre Garrel, entre autre chose, en faisant Les amants réguliers.