Pendant qu’Atom Egoyan ouvrait le FNC, Tom Cruise n’apparaissait pas dans le dernier film d’Ang Lee. Si je peux facilement expliquer mon absence à cette cérémonie d’ouverture (peu d’intérêt à vérifier si le film est aussi mauvais qu’on le dit), l’absence de l’ami Tom demeure beaucoup plus énigmatique, au point de me hanter encore aujourd’hui, et de m’avoir accompagnée tout au long de ce festival.
Avant même que cette 49ème édition du Festival du nouveau cinéma ne commence, j’avais déjà quelques idées pour le présent compte-rendu. J’envisageais, par exemple, différents points de départ et réfléchissais à quelques axes qui me semblaient pertinents. Il faut dire qu’après avoir fréquenté cet événement pendant plus de quinze ans, j’avais des attentes spécifiques sur lesquelles je souhaitais écrire. Aller au FNC, après tout, constitue toujours un éternel retour cinéphilique des plus agréables. J’avais bon espoir de renouer avec mes vieilles habitudes comme l’euphorie des fêtes et l’émoi d’une découverte inattendue.
J’ai beaucoup pensé à Lav Diaz cet été, sans doute pour avoir passé beaucoup de temps en sa compagnie, au mois de mai et juin. Et je trimballe ainsi depuis – comme cette « malle dans la tête » qui encombre, dont parle Proust — des liasses d’idées qu’il aurait fallu parvenir à colliger et organiser en un grand texte synthétique, qui se serait déplié en une vaste fresque composée et articulée, comme le sont chacun de ses films-monde. Plutôt, c’est quelque chose d’assez épars, de personnel, de trivial souvent, variant les focales et les échelles, les durées et l’esprit, qui s’est imposé. Des notes, encore.
Pour accompagner la rétrospective des films de Lav Diaz à Montréal, nous nous sommes entretenus avec le cinéaste pour retracer les jalons de sa carrière, situer le contexte ainsi que les spécificités culturelles et géopolitiques de ce cinéma profondément de son temps, qui nous parle d’un autre temps.
Dossier établi par Nicolas Klotz, fruit de deux discussions entre les cinéastes bonifiées de trois splendides textes adressés à des oeuvres récentes de Lav Diaz, Norte, la fin de l’histoire (2013), From What is Before ? (2014) et The Women Who Left (2016) ainsi que d’une courte série de portraits du cinéaste philippin issue de la main de l’autre (et de son Hassleblad).
Le tout, initialement paru sur le site du magazine culturel français Transfuge, est aussi un avant-goût de la rencontre entre les cinéastes qui se tiendra devant public suite à la projection de [L’héroïque lande, la frontière brûle->https://cinemamoderne.ticketacces.net/fr/organisation/representations/index.cfm?EvenementID=175&refresh=1] (Nicolas Klotz, Elisabeth Perceval), le 30 juin prochain. La projection du film débutera à 12h45 et la conversation suivra dès 17h, au Cinéma Moderne (dans le cadre de la rétrospective Lav Diaz).