FNC 2019

Errances festivalières : les stars et le nouveau cinéma

Pendant qu’Atom Egoyan ouvrait le FNC, Tom Cruise n’apparaissait pas dans le dernier film d’Ang Lee. Si je peux facilement expliquer mon absence à cette cérémonie d’ouverture (peu d’intérêt à vérifier si le film est aussi mauvais qu’on le dit), l’absence de l’ami Tom demeure beaucoup plus énigmatique, au point de me hanter encore aujourd’hui, et de m’avoir accompagnée tout au long de ce festival. À d’autres, cette question peut sembler insignifiante — après tout, Tom Cruise est absent de la vaste majorité du cinéma, et notamment de tous les films présentés au FNC cette année (et sans doute de tous les films projetés à ce festival depuis sa fondation). Je m’imagine mal, en effet, Maverick débarquer dans un film d’Albert Serra ou de Kleber Mendonça Filho, mais il m’est plus difficile de comprendre pourquoi il ne tient pas la vedette de Gemini Man, d’autant plus qu’on m’aura glissé à l’oreille qu’il était le premier choix de Lee, offre qu’il aurait déclinée. Ce casting tenant pour moi de l’évidence, je n’ai pas pris le temps de vérifier cette information?; vraie ou fausse, de toute façon, à ce point, rien ne m’a plus troublé au cinéma cette année que cette absence de Tom Cruise.

Pourquoi, se demandent ceux qui n’ont pas le bonheur d’être cruiséologue?? D’abord parce que cette histoire de clone (celle de Gemini Man) s’inscrit parfaitement dans la trajectoire de la carrière de Cruise depuis le début des années 2000 : pensons à ces images mensongères renvoyant la star à elle-même (Minority Report), à ce clone, déjà (Oblivion), à cette boucle temporelle qui oblige Tom Cruise à se différencier de lui-même pour faire avancer le récit (Edge of Tomorrow), etc. Ensuite, parce que le personnage interprété par Will Smith (qui s’en tire très bien, et qui n’a que le malheur d’être à la place d’un autre) est l’un de ces professionnels cachant un traumatisme personnel (l’absence d’un père) en devenant le meilleur dans ce qu’il fait, maîtrisant parfaitement son métier pour échapper à la peur de perdre le contrôle sur une vie personnelle qu’il ne sait pas comment gérer (voir tous les rôles de Tom Cruise). Enfin, parce que même les détails — par exemple la peur de la noyade, évoquant des séquences-clés de Minority Report et Mission ImpossibleRogue Nation — s’inscrivent parfaitement dans la mythologie cruséenne. Rien ne manque, sauf Tom Cruise.

C’est ainsi que j’abordai le FNC, en me disant que si Tom Cruise est pour moi l’un des plus grands penseurs du cinéma contemporain, son absence d’un tel film ne peut pas être insignifiante, et quel meilleur endroit, pour trouver des réponses sur le cinéma contemporain, qu’un festival qui se dit axé sur le « nouveau »?? Mais ce premier sujet de méditation, comme s’il n’était pas déjà assez complexe et épineux en soi, se coupla vite à un second : en effet, en construisant mon horaire, en faisant, vous m’excuserez, les choix les plus paresseux qui soient (une Palme d’Or par ici, un film de Netflix par-là, des cinéastes déjà aimés, des auteurs bien établis, dont il me tardait de découvrir la dernière œuvre), je me retrouvai devant un choix déchirant, comme il y en a dans tous les festivals honorables, un dilemme que je ne pus résoudre qu’au dernier instant, entre le dernier film de Lav Diaz, The Halt, et le dernier Nicolas Cage, Color Out of Space (que ce soit réalisé par Richard Stanley m’importe peu). Le devoir cinéphile l’emporta, et je m’engouffrai finalement, un peu lendemain de veille et en manque de sommeil, dans les cinq heures du dernier Diaz, dans le parfait état d’esprit pour se laisser happer par ce grand film sans soleil. Aucun regret donc, mais alors que j’avais déjà l’impression d’avoir manqué un rendez-vous avez Tom Cruise (c’est lui qui ne s’était pas présenté), d’en manquer un autre avec Nic Cage (parce que moi je ne me présenterais pas) m’apparaissait comme une perspective malheureuse.

Et malheureuse elle l’est, mais en même temps, je pressentais dans cette symétrie, dans le fait que mon FNC s’ouvrait sur l’absence d’une star pour se terminer sur l’absence d’une autre, la possibilité du texte que voici (en somme, je me privai de voir un film afin de mieux raconter mon festival). Car Nic Cage, comme ce brave Tom, est l’un des plus fascinants philosophes du septième art?; je l’ai autrefois décrit, dans une autre occasion 1 , comme une figure christique venue absorber notre douleur, nous purger du désespoir. Pour vous convaincre de la justesse de ces mots, rappelons l’anecdote de l’extraordinaire Face/Off de John Woo : vivant encore dans le deuil de son fils, le flic John Travolta emprunte le visage et le corps du criminel Nic Cage. Il en revient donc à ce dernier de jouer le désespoir de Travolta, prisonnier du corps de Nic Cage?; il doit, avec son corps de Nic Cage, interpréter Travolta interprétant Nic Cage, et au terme du film, quand Nic Cage aura épuisé le désespoir de Travolta en l’exaltant dans sa performance opératique, Travolta pourra retrouver son corps, renouvelé, allégé du poids d’un deuil enfin achevé (il se fait retirer la cicatrice qu’il gardait à la poitrine en souvenir de son fils). En nous invitant à se nous mouler sur son corps, à passer à travers lui tels des John Travolta mélancoliques, Nic Cage nous délivre de nos malheurs, grâce à ses dons chamaniques, caractéristiques de sa technique de jeu 2 .

Color Out of Space (Richard Stanley, 2019)

Nic Cage dans une adaptation de Lovecraft, pour Color Out of Space, une telle prémisse nous promet de redécouvrir la dimension cosmologique des performances de la star, que le cinéma n’a plus explorée depuis le Knowing d’Alex Proyas (où Nic Cage contenait en lui toute la douleur du monde, et devait accepter notre finitude pour empêcher l’apocalypse). Du moins j’ose l’espérer, et même si Lovecraft est l’un des auteurs les plus difficiles à adapter au grand écran (comment représenter une couleur impossible à décrire, à un point tel que « it was only by analogy that they called it colour at all »), et que j’ai peu confiance en Stanley à ce point de sa carrière (sur les images promotionnelles, cette couleur indescriptible ressemble à s’y méprendre à du rose), j’aime m’imaginer la performance lovecraftienne de Nic Cage : je le vois sonder les profondeurs obscures de son être pour traduire en des gestes grandiloquents, sans commune mesure, le désespoir infini qui l’habite, sa rage cyclopéenne éclatant afin d’exprimer cet inexprimable, branché qu’il est sur les forces cosmiques qui sont en nous et nous traversent de part en part?; je le vois ébranler la forme cinématographique par la puissance titanesque des affects qu’il libère, comme des entités innommables surgies d’abysses oubliées, en ce temps de l’histoire du cinéma où l’inexpressivité est devenue la plus haute forme d’expressivité (pensons à tous ces personnages refermés, muets, impassibles, qui pullulent sur nos écrans, un cliché typique des films d’auteurs de festival d’ailleurs, que j’ai pu miraculeusement éviter cette année), la monstrueuse expressivité de Nic Cage emportant avec lui le spectateur dans la folie. Pour paraphraser Lovecraft, « it is only by analogy that we call him an actor at all », ou peut-être qu’au contraire il est le seul véritable « interprète », un médium utilisant son corps pour exprimer la vérité enfouie de nos vies intérieures en la traduisant en des formes intelligibles, mais boursouflées, rendues grotesques par l’ampleur inconcevable de ce qu’il invoque, rendant caduc toute définition préalable de l’acteur tant il réinvente la gestuelle humaine pour y réinsérer avec violence une expressivité que nous avons tenté, dans notre couardise, de renier (si nos héros sont devenus inertes, n’est-ce pas parce qu’ils répondent à notre propre souhait de rester inconnu, imperméable au regard aliénant des autres)

Face/Off (John Woo, 1997)

Pourrions-nous penser que cette performance lovecraftienne est si puissante qu’elle en vint à effrayer Tom Cruise, au point de l’inciter à refuser un rôle trop personnel pour se réfugier plutôt dans celui, plus confortable, d’un personnage iconique (pour le prochain Top Gun)?? Drôle d’idée, vous me direz, mais il est certain que Tom Cruise gagnerait à confier son désespoir à Nic Cage plutôt que de le fuir en défiant la mort à chaque film – d’ailleurs, difficile d’imaginer un cinéaste aussi doux qu’Ang Lee rentrer dans ce jeu casse-cou et arrogant, il faut un tâcheron à la Christopher McQuarrie, plus intéressé par les belles images que par la vie des hommes, pour risquer avec autant de plaisir de tuer sa star. Lee aurait plutôt confronté Tom Cruise à son jeune moi, comme il le fait avec Will Smith, pour lui offrir un nouvel avenir, dans lequel il pourrait reprendre contact avec le monde plutôt que de vivre à l’écart comme un espion. Faut-il en conclure qu’en refusant ce rôle, Tom Cruise a renié le monde, et, partant, le cinéma?? Ce serait négliger le fait que ce nouvel avenir, dans Gemini Man Christopher McQuarrie, est possible grâce à un double numérique, une créature de CGI, et que si Lee utilise les effets spéciaux contemporains comme des allégories permettant de raconter le monde autrement pour mieux vivre en son sein (pensons à Life of Pi), Tom Cruise se méfie au contraire des possibilités falsificatrices de ces nouvelles technologies (au-delà de ses déboires avec les fausses images et les doubles, les cascades des Mission : Impossible reposent précisément sur la promesse du « il a fait ça pour vrai »), une incompatibilité fondamentale entre le cinéaste et la star qui vient sans doute résoudre notre énigme.

Je ne saurais trop où me situer, entre Ang Lee et sa confiance envers des nouvelles technologies permettant de repenser notre rapport au monde par le cinéma, et la méfiance réactionnaire de Tom Cruise envers ce qu’il convient d’appeler le nouveau cinéma (celui qui arriverait après la mort du septième art, si souvent déclarée qu’on n’arrive plus à repérer le moment exact où elle eut lieu). Les deux perspectives me sont précieuses, alors j’ai envie de laisser parler cette anecdote : en début de festival, je me rendis dans l’un de ces multiplexes portant le nom poétique d’une banque, afin d’y rechercher le confort d’une de ces rares projections en 70 mm. Le film (Joker) m’indifférait, alors quand, en arrivant sur les lieux, on m’apprit que le projecteur était endommagé, je préférai rebrousser chemin. Par chance, le soir même, j’allais à la Cinémathèque dans le cadre du FNC, et, à ma grande surprise, le Nicholas Ray, Wind Across the Everglades, fut projeté dans une copie 35 mm impeccable : non seulement mon désir de pellicule fut comblé, mais de plus il m’apparut assez tôt qu’il s’agissait du seul format acceptable pour apprécier ce film à sa juste valeur, puisque l’argument écologique de Ray repose sur la beauté, la splendeur du Technicolor captant celle de la faune des Everglades, qu’il faut protéger afin d’éviter qu’elle ne soit transformée en ornements vestimentaires. Par contraste, quelques jours plus tard, je retournai faire l’expérience du 70 mm, mais avant la moitié du film, je découvris, pour la première fois depuis le tournant numérique, que cette pellicule en voie d’extinction ne suffisait plus à soutenir mon attention, et que la richesse des textures de l’image, captant un Gotham plus new-yorkais que jamais, dans une lumière évoquant le Nouvel Hollywood, ne comblaient en rien la vacuité de l’œuvre (non pas dangereuse, comme on a essayé de nous le faire croire, mais d’une banale médiocrité). Sans doute était-ce une évidence il y a vingt ans, que les mauvais films ne sont pas sauvés par le format de projection, mais j’avais réussi à l’oublier?; je le réappris cruellement, lorsque ma nostalgie se heurta au néant d’un certain pan du cinéma contemporain.

Avant d’en conclure que je me détourne du nouveau cinéma tel Tom Cruise, de son support numérique comme d’un festival dont je suis supposé faire le compte rendu, notons que ledit festival m’a bien légué quelques souvenirs marquants : la voix d’un homme racontant un mystère si épais que même l’image se retire, nous laissant sur un écran noir pour mieux imaginer l’inimaginable que les mots suggèrent (The Vast of Night)?; le contraste extraordinairement expressif entre le noir le plus profond et la mince portion éclairée d’un plan, par une lumière faisant briller tous les détails qu’elle touche, en particulier les corps et les visages (Vitalina Varela)?; l’affiche géante d’un dictateur s’écrasant au sol, ramassée par un enfant qui la traîne avec lui pour l’offrir à un homme cherchant un matériel pour boucher le toit de sa bicoque (The Halt)?; un village, des hommes et des femmes, un clocher, toutes ces frêles, mais confiantes figures s’élevant sur le paysage majestueux d’une chaîne de montagnes appelant au divin (A Hidden Life)… Mais entre tous, le souvenir le plus marquant demeure celui d’une star (bien sûr), la plus brillante parmi les rares réussissant encore à s’accrocher au firmament : Scarlett Johansson, deux fois présente au FNC, dont je manquai le Jojo Rabbit (que ce soit réalisé par Taika Waititi m’importe peu), une autre absence, en un sens, mais que je remarquai moins que celle de Tom Cruise ou Nic Cage tant Scarlett est présente dans l’émouvant Marriage Story de Noah Baumbach.

Jojo Rabbit (Taika Waititi, 2019)

Dès qu’elle apparaît, dans le premier plan du film, sur un fond noir, la lumière d’un projecteur vient l’éclairer, ou plutôt elle fait elle-même surgir cette lumière qui permet au cinéma d’exister. Tout le film trouve sa raison d’être, sa prémisse, dans le désir de Scarlett de devenir qui elle est en quittant son mari pour aller s’épanouir devant des caméras à Los Angeles, alors Baumbach, pour une rare fois, laisse son cynisme de côté pour mieux filmer Scarlett avec toute l’attention qu’elle exige, quand elle se raconte à son avocate, en trouvant sa voix, celle qu’elle croyait avoir perdue dans l’ombre de son mari. Pas de cinéma sans Scarlett, pas de cinéma sans cette transformation d’une créature en chair et en os en une figure de lumière qui nous rappelle à la nature photographique du cinéma, à ce lien mystérieux entre la réalité et celle que nous voyons à l’écran, la même, mais différente, comme un monde possible qui existerait souterrainement au nôtre, et qui serait celui auquel nous aspirons sans le savoir, celui où il est possible pour Scarlett de parler pour nous, d’exprimer mieux que je ne le pourrais ce que cela implique, se sentir invisible dans le monde (même quand on est sous les feux de la rampe, et peut-être d’autant plus invisible que les regards sont braqués sur nous et ne nous voient pas), et quel courage, quelle conviction, cela requiert pour se rendre intelligible aux autres, pour raconter son mariage en ses mots.

La star, voilà sans doute une figure démodée, parfaitement étrangère au nouveau cinéma — sans définir mon festival par cette absence de la star (ce serait évidemment malhonnête), ce serait au moins une manière de trouver une cohérence à ce texte. De Tom Cruise, refusant de confronter son clone pour mieux se mesurer à son jeune moi (du moins, je l’espère) dans la suite du film (Top Gun) qui a plus que tout autre défini qui il est, à Nic Cage, de qui je me suis détourné, peut-être, pour me protéger de l’intensité de son désespoir, d’une vulnérabilité qu’il exhibe même dans ses performances les plus absurdes, et qui rend mes rencontres avec lui toujours aussi douloureuses que jouissives, il y a il me semble une leçon à tirer, sur ce que les acteurs-shamans tirent de leur imagination pour refléter nos préoccupations. Des préoccupations on ne peut plus ordinaires, celles de savoir lacer un soulier par exemple, comme Scarlett à la fin de Marriage Story, dans l’une des plus belles images de l’année, résumant parfaitement dans sa quotidienneté tout l’extraordinaire de la star : son mari part au loin, vers un soleil couchant, vers le monde possible au bout de cette rue, dans l’hors-champ, que Scarlett a inventé pour eux, et qu’il n’a pas su voir dans son égoïsme, dans son incapacité à accepter la rupture, à reconnaître que sa femme ait une vie à elle, et alors qu’il se dirige enfin vers cet avenir heureux, elle vient encore, dans un geste d’une infinie tendresse, se pencher pour relacer ses souliers, pour qu’il puisse marcher sans tomber.

Depuis le festival, et durant l’écriture de ce texte, j’ai eu l’occasion de voir Jojo Rabbit : quel étonnement d’y retrouver ce même geste, souligné par la mise en scène (le gros plan) et la narration (sa récurrence), Scarlett laçant les souliers de son fils. Il faudrait sans doute distinguer ce que cela signifie, attacher les souliers d’un ex-mari qui pourrait bien le faire lui-même, et attacher ceux d’un fils qui devrait, à son âge, savoir le faire, mais qui en est encore incapable, entre poser un geste et l’enseigner, et aussi entre marcher (comme Adam Driver à la fin de Marriage Story) et danser (comme Jojo à la fin de son film). Mais dans les deux cas, Scarlett permet aux deux hommes de se confronter à leur égoïsme ou leur idéologie aveugle, pour qu’ils retrouvent le monde sous leurs pieds.

Marriage Story (Noah Baumbach, 2019)

Il me vient alors cette réflexion, inspirée par Stanley Cavell : Scarlett, les stars en général, sont prêtes à marcher (d’autres préfèrent courir), tel que Thoreau concevait cette activité, comme une forme d’exercice de liberté personnelle à l’écart des chemins déjà tracés?; les stars, encore aujourd’hui, portent le flambeau de la philosophie américaine. Thoreau n’aurait rencontré qu’une ou deux personnes comprenant réellement l’art de la Marche, possédant ce génie particulier pour flâner : s’il avait pu rencontrer Scarlett, une troisième se serait ajoutée (pensons à sa flânerie exemplaire dans Lost in Translation). Scarlett ne peut pas nous apprendre à marcher, nous enseigner à flâner, la décision nous appartient, mais elle peut au moins lacer nos souliers pour s’assurer que nous sommes bien équipés, prêts à entreprendre pour soi le périple qu’elle a su faire pour elle, prêts à faire de nos errances une flânerie, qui, aussi sinueuse et désordonnée parait-elle, demeure la voie de notre devenir.

Marriage Story (Noah Baumbach, 2019)

Notes

  1. Dans une communication pour la 9e édition du colloque Off-Ciel, le 19 avril 2018.
  2. Qu’il nomme Nouveau Shamanic, et qui est beaucoup moins bête que son nom peut le laisser paraître. Il le justifie ainsi en entrevue : « I read a book by professor Brian Bates called The Way of the Actor. I was really just recalling what I read in that, which is the notion that, thousands of years ago, pre-Christian for example, the medicine men or the tribal shamans were really actors. What they would do is they would act out whatever the issues were with the villagers at that time, they would act it out and try to find the answers or go into a trance or go into another dimension, which is really just the imagination, and try to pull back something that would reflect the concerns of the group ». [->https://www.laweekly.com/nicolas-cage-explains-his-acting-style-and-his-legacy/]