J’écris après. Alors que déjà se dissipe le souvenir de ces nuits projetées. Que s’émousse ce qui était encore il y a quelques jours, quelques heures, saillant dans la mémoire. La précision de certains rythmes, sensations, bruits, non décantée, revenait simplement. Il faut désormais faire un peu d’effort.
Lorsque, il y a vingt ans, j’ai eu pour la première fois l’idée d’écrire un article sur les films de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, j’avais pensé lui donner le titre : « Curiosité », ou même : « Enthousiasme ». Prenant le contre-pied d’un ensemble de réflexions théoriques bien pesantes qui circulaient à l’époque sur les films de Straub-Huillet, je voulais plutôt souligner une dimension rare, immédiate et agréable de leur cinéma, à savoir la précision, la justesse de tout ce qui le compose…
“Depuis maintenant quarante-cinq ans, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet sévissent avec joie dans le monde en fabriquant un cinéma de l’épurement. Depuis plus de quarante-cinq ans, à chacune de leurs œuvres et avec une courageuse économie, ils nous convient à une singulière leçon ; ce qui est tout différent que s’ils nous la faisaient.”