Accompagnement à la programmation de la Cinémathèque Québécoise en avril. Nouveaux regards sur le genre et ses mythes. Un parcours à travers dix-sept œuvres atypiques du western. Sam Peckinpah, Arthur Penn, Clint Eastwood, Michael Cimino…
Le film – ambitieux, techniquement très accompli, bien interprété, vraiment réussi dans sa première demi-heure grâce notamment à des effets de contraste saisissants – souffre d’un défaut majeur qui atténue sa force : l’imagerie.
Gran Torino n’est pas plus modeste que ne le serait le cinéaste, et pour une raison simple : un film d’Eastwood dans lequel il joue, c’est toujours deux histoires filmées en une, à égalité de temps. Celle du scénario et celle qui n’a pour cadre que la présence solitaire et picturale de l’acteur.
De façon rétrospective, le film montre que le parti-pris temporel d’Eastwood concernant les deux versants de son diptyque était chronologiquement juste : être dans une mémoire d’après-guerre dans le cas des américains – seule capable de fabriquer le spectacle dont ils ont culturellement besoin – mais rester dans une mémoire d’avant-guerre dans le cas des soldats Japonais, puisque la logique de sacrifice dans laquelle ils sont placés les prive de la possibilité même d’un retour au pays.