« L’absurdité de ce réel est de constater que personne ou presque, au fond, ne souhaite vivre dans une telle société. Mais personne également n’a rien pu empêcher (…) une fois qu’elle est là, et ne pourra rien faire si un jour tout cela s’écroule. Notre liberté est aussi infinie qu’impuissante et inutile. La démocratie est devenue un pays où la liberté est réelle mais où celle-ci ne sert (presque) plus à rien. »
” [...] plus le cinéma de Polanski est “réel”, plus il est étrangement inquiétant (ce qui ne veut pas dire qu’il débouche obligatoirement sur le fantastique ou l’irréel) ; plus il est palpable, plus il vise l’impalpable en cela qu’il veut nous faire saisir la vérité, le versant métaphysique des choses et des êtres. ”
La grande force du film n’est donc pas de jouer dans la reconstitution grandiose, éblouissante et démonstrative, mais de procéder par allusions sobres et significatives. Plutôt que les grands événements historiques rabâchés, on filme les petits faits quotidiens méconnus ou mésestimés.
“...Il faut bien comprendre qu’un film comme Baise-moi n’est pas né du jour au lendemain mais qu’il est le fruit complexe de plusieurs tendances qui ont travaillé la société depuis plusieurs dizaines d’années. Il serait trop long de rentrer dans les détails à ce sujet mais tentons néanmoins de comprendre succinctement les différents enjeux du film et ce qu’on y voit. Depuis quelques temps, des films revendiqués auteuristes montrent des scènes “explicites” d’actes sexuels. Ce qui était prévisible après mai 68 et de ce qui l’a précédé au début du XXe siècle avec l’avènement de ce qu’on a appelé le “modernisme” qui revendiquait révolution politique et propagande hédoniste, est arrivé...”