Entretien avec le musicien, graphiste et collaborateur de Tenzier Dominic Vanchesteing.
« On arrête tout et on réfléchit », me suis-je dit en 2010. Ce n’était pas l’an 01, mais c’était tout comme dans le sens où j’avais pris la décision d’arrêter de battre les tambours et de prendre du recul vis-à-vis de la scène musicale montréalaise afin de poursuivre des études supérieures en histoire. En fondant Tenzier cette année-là, j’espérais maintenir un pied dans le concret, aux côtés de ceux et celles qui avaient été mes complices dans le champ de la création, en proposant un retour aux origines des avant-gardes québécoises par le truchement de l’archive sonore et visuelle.
Le cinéaste québécois Étienne O’Leary nous a quitté le 17 octobre dernier. Son oeuvre fulgurante, composée pour l’essentiel de trois films inclassables, d’une émouvante et transfigurante beauté, réalisés entre 1966 et 1968 (Day Tripper, Homeo, Chromo Sud), constitue un jalon important de l’histoire du cinéma expérimental, québécois et français. Nous avions eu le bonheur inouï de redécouvrir ses films en novembre dernier, sur grand écran, en 16mm, à la Cinémathèque québécoise.
Ephémère et flamboyant, directement lié à la révolution psychédélique et à la génération hippie, le cinéma underground français (ou, comme on aimait dire à l’époque, cinéma « souterrain ») a surgi dans l’effervescence contre-culturelle qui annonçait et préparait les chamboulements de Mai 68.
Il y a de ces masses sonores qui pénètrent sous la peau comme seule peut le faire une bestiole dont la fonction première est de dérégler tout organisme. C’est le cas de la musique d’Étienne O’Leary composée à Paris durant la turbulente décennie soixante.
Surimpressions — par décalques successifs et frénétiques — d’une « époque acidulée », captées par Etienne O’Leary, Pierre Clementi, Jean-Pierre Bouyxou, foyers agités de l’underground français des années 60-70. Trois soirées présentées à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Blue Sunshine, les 5, 6 et 7 novembre 2010.