Carte blanche

Il va falloir retrouver La Vie. Florilège pour Jean-Luc Godard

Depuis les années 1960, on dit de Jean-Luc Godard qu’il est un « cinéaste pour cinéastes ». Alors, à son (cher) sujet, nous avons demandé à des artistes de par le monde ce qui spontanément leur venait à l’esprit : une phrase, un paragraphe, une/deux images… Voici leurs réponses, dont nous les remercions profondément, recueillies entre le 10 et le 19 février 2023.

Nicole Brenez

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« J’ai vu mes premiers Godard assez tard, quand j’avais déjà 19 ans, je n’étais pas dégourdie. Godard m’a appris à regarder dehors ».

Patricia Mazuy

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« Le Big Bang a produit le fond diffus cosmologique (FDC), ce rayonnement électromagnétique observé dans toutes les directions du ciel, qu’on qualifie de diffus parce qu’il ne provient pas d’une source localisée, et de cosmologique parce que selon l’interprétation qu’on en fait, il est présent dans tout l’Univers (Wikipédia). Eh bien pour moi, JLG a produit le fond diffus cinématographique dans lequel je me situe et me perds en permanence ».

Eric Baudelaire

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« He truly showed that everything is possible in cinema. It is said that cinema changes with every viewing, can’t be truer than for the films of Jean-Luc Godard. Love, loneliness, revolution, they all feel anew, they are our own ».

Prantik Basu

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« Jean-Luc Godard n’a pas seulement inventé des formes cinématographiques absolument neuves en embrassant toute l’histoire du cinéma, il a aussi inventé de nouvelles formes de courage. Il a révolutionné le sens même du courage. Ce courage esthétique, politique, poétique, philosophique, narratif, technique, financier, est pour moi ce qu’il y a de plus précieux. L’héritage le plus immédiatement urgent et concret pour le cinéma aujourd’hui. Sans ce courage radical, la critique ne parle plus que des critiques et de leurs goûts, la jeunesse vieillit trop vite, et le cinéma (à venir) est derrière nous. Godard, c’est le courage de faire de chaque film une révolution. Celui d’affirmer que les couleurs, la lumière, les “acteurs”, le montage et la production ne seront plus jamais ce qu’ils étaient. Une frontière décisive qui marque la séparation radicale entre le (Trou) Noir du Temps Cinéma et la zone grise de tous ces films usés que le marché nous impose. Le courage de recommencer ailleurs, autrement, chaque fois, le cinéma, comme nos vies ».

Le Nouveau Monde (Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, 2023)

Nicolas Klotz

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« Chaque fois que je me rappelle ou utilise l’affirmation selon laquelle “tout film de fiction est (également) un documentaire sur ses comédiens”, me vient à l’esprit la voix de Godard. C’est cette forme d’intelligence esthétique qui l’a défini, lui a conféré son aura inimitable et l’a rendu inoubliable ».

Andrei Ujică

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« Jean-Luc Godard, c’est celui qui m’a donné l’autre vie, celle qui se vit en parallèle de la “vraie”, celle où se déplacer de droite à gauche est affaire de morale. Grâce à lui j’aurai vécu en 35 mm, et même parfois en couleurs. À cause de lui, ma vie aura eu un début, un milieu et une fin, mais pas forcément dans cet ordre ».

« Jean-Luc Godard is the one who gave me the other life, the life that is lived in parallel to the “real” one, the one where moving from right to left is a matter of ethics. Thanks to him I will have lived in 35 mm, and even sometimes in colour. Because of him, my life will have had a beginning, a middle and an end, but not necessarily in that order ».

Jean-Marie Bénard

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« Rares sont les cinéastes qui ont pu changer la grammaire du cinéma. C’est-à-dire qu’après eux, on ne peut plus tourner de la même façon. Ils n’ont pas seulement inventé une nouvelle façon d’agencer des phrases, ils ont inventé une nouvelle façon d’agencer les mots. Il y a Eisenstein, Vertov, Gance, Griffith et… Godard. On pourrait aussi citer Welles, mais Welles, c’est Ford ! On pourrait citer Ford, mais Ford, c’est Griffith ! Rares sont les films que l’on peut admettre comme des chefs d’œuvres. Un chef-d’œuvre est une œuvre accomplie en son genre. Un chef-d’œuvre est une œuvre qui ne rougit pas de la comparaison avec d’autres chefs d’œuvres. Quels sont les films qui ne rougissent pas d’être comparés à La Liberté guidant le peuple de Delacroix ? Quels sont les films qui ne rougissent pas d’être comparés au Requiem de Mozart ? Quels sont les films qui ne rougissent pas d’être comparés aux Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand ? Ils se comptent probablement sur les doigts des deux mains… Il y a Le Mépris de Jean-Luc Godard ».

Jean-François Richet

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« La solitude, la mer, Homère. Ô mer… “Oh Capitaine mon capitaine” »

Stéphanie Pouech

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« Jean-Luc Godard révélation de ma jeunesse, il a osé rompre avec le naturalisme qui engluait notre regard et m’a montré que toute image était une mise en scène : sans lui, sans les 4 copies qu’il m’a offertes de mon film Oser lutter, Oser vaincre, ma vie n’aurait pas été la même ».

Jean-Pierre Thorn

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Valérie Massadian

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« I am most grateful to Godard for showing me and my underground film generation of the ’60s–70s that the avant-garde needs courageous French critics like Godard to be talking left and talking politics, while framing it with the black humour that should guide all discourse and film expression that proclaims itself “to lead the way”! and hence to be avant-garde film ».

Weekend (1967), the first film by Godard I saw during our underground film days.

Al Razutis

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« “Pauvre révolutionnaire, millionnaire en images de la révolution”, as-tu dit dans Ici et Ailleurs… un constat dur à écouter,

et à vivre, mais aussi un défi pour l’imagination. L’archéologie des images que tu nous as proposée, qui à nous s’est imposée,

permet de penser que la futilité n’existe pas, les révolutions y sont en gestation, même à notre insu.

Des surimpressions de l’histoire, l’Histoire qui continuera sans nous ».

Bani Khoshnoudi

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Juste un Mouvement (Vincent Meessen, 2021)

Vincent Meessen

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« J’étais monteuse sur le film Paris vu par…, dont le sketch Montparnasse-Levallois avait été réalisé par Jean-Luc Godard. Et il n’était pas très présent en salle de montage chez Dovidis, ce qui ne m’a pas gêné puisque ses indications sur le choix des prises — comme disait JLG, la “partition du film” — et les coupes à effectuer étaient très précises. Barbet Schroeder, et aussi Albert Maysles, le chef opérateur, auront eux aussi été d’une grande aide. En fait, Jean-Luc se trouvait à Knokke-Le-Zoute, un festival d’avant-garde. À son retour pour le dernier visionnage du film (Barbet Schroeder était présent), il nous avait dit avoir vu un film qui désacralisait selon lui Sur les quais (1954) de Kazan : il s’agissait de Scorpio Rising (1963) de Kenneth Anger.

Dix années plus tard, alors que je fais la programmation du Bleecker Street Cinema à New York, je lui achète les droits de Numéro Deux pour une bonne poignée de dollars, achat comprenant une copie 35 mm avec sous-titres anglais. Jean-Luc quitte New York avant que je m’aperçoive que ladite copie ne comporte aucun sous-titre anglais.

Je l’appelle à Sonimage, en France, et lui fais part de ma grande déception. C’est qu’à l’époque, le coût des sous-titres et de la traduction et de l’impression des titres sur la copie était très cher (quelque 6000 dollars en plus de l’achat des droits de distribution). Tranquille comme quatre, il me répond :

“Ben tu sais, les sous-titres n’étaient pas bons, j’ai vu une copie sous-titrée chez Ledoux de la Cinémathèque de Bruxelles et je ne les ai pas acceptés”.

Et il avait raison : les sous-titres anglais existants étaient faits pour un public anglais.

Ne connaissant pas le métier de sous-titreuse, j’ai dû payer une équipe (dont Cheryl Carlesimo [Producteur, acteur]), afin d’élaborer des sous-titres en langue américaine. Le boulot a été très long, mais passionnant, en raison des jeux de mots presque intraduisibles en américain de ce chef d’œuvre.

Lorsque la date de sortie de Numéro Deux a été décidée à l’automne 1980, Jean-Luc, alors à New York, devait lire la liste des sous-titres pour valider le travail.

Après plusieurs rendez-vous manqués de sa part, je lui ai finalement téléphoné un soir vers onze heures, à son hôtel :

“Jean-Luc, je ne comprends pas ta négligence envers moi, tu retardes tout le travail d’impression… On doit sortir le film d’ici quelques semaines”.
“Ah ! Tu veux la guerre ou quoi ?”.
“Non, je veux simplement que tu valides notre travail”.

Il m’a autorisé à monter dans sa chambre. Je lui ai tendu la liste des sous-titres qu’il a lue à toute vitesse, visiblement plus intéressé par le match de basket qu’il regardait à la télé !

Il a enfin apposé sa signature : “OK JL Godard”, en plus d’y accoler une note de musique à côté, en me disant : “Tu as fait du très bon travail”.

Il y avait tellement de tendresse dans son regard que je suis partie avec le sourire. En fait, il ne voulait pas que nous fassions la sortie de Numéro Deux tout de suite, car Coppola venait tout juste d’acheter les droits de Everyman For Himself [Sauve qui peut la vie], et cet autre chef-d’œuvre était sélectionné pour le prestigieux New York film festival*…».

Jackie Raynal

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*Ajoutons qu’en 1994, sollicité pour recevoir un prix du New York Film Critics Circle, Jean-Luc Godard répondit qu’on le remette au Bleecker Street Cinema de son amie Jackie Raynal [NdE]

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« Years ago, while sharing a beach house with JP [Jean-Pierre Gorin] in Del Mar, Godard showed us a script he was working—the first page had “La Vie” written in black and white crayons, then pictures cut out of books, handwritten texts written over typed paragraphs, and in the margins, drawings & diagrams ».

James Benning

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« Godard, c’est Lumière revu par Brecht. 
Godard, c’est Rousseau revu par Marx.
Le cinéma + la vie = Godard ».

Gérard Courant

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« Pour moi, Godard, étant jeune, était cet invisible qui hantait Grenoble dans le froid de l’hiver. Je le savais présent. Comme un rêve.

“À Rolle, ce me semble, arrivé de bonne heure, ivre de bonheur de la lecture de Julie ou la Nouvelle Héloïse et de l’idée d’aller passer à Vevey, prenant peut-être Rolle pour Vevey, j’entendis tout à coup sonner en grande volée la cloche majestueuse d’une église située dans la colline à un quart de lieue au-dessus de Rolle ou de Nyon, j’y montai. Je voyais ce beau lac s’étendre sous mes yeux, le son de la cloche était une ravissante musique qui accompagnait mes idées et leur donnait une physionomie sublime. Là, ce me semble, a été mon approche la plus voisine du bonheur parfait” — Stendhal, Vie de Henry Brulard, 1890

“Que faire pour honorer les morts,
sinon bien vivre ?”
(Jean Prévost) ».

Eric Hurtado

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« In the early ’90s, I wisely bought myself a second-hand Aaton after learning that Jean-Pierre Beauviala had designed it to specifications made by Godard ».

Anand Patwardhan

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« Même les robots des magasins Darty ne s’y feront pas, Nathanaël ».

Guillaume Massart

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« Two or Three Things About Godard and me

I grew up in the US in a European household, steeped in Freud, Marx, Brecht, surrounded by literature and political history. Dinner was not about food, it was about what was going on in the world, what we were all thinking, reading and doing. Cinematically speaking, I came of age on the other side of the so-called avant-garde tracks in the late 1970s. In my immersive brooding, Godard’s Breathless seemed like cinephilic child’s play. But soon Alphaville and Weekend turned my head. And when it came out, King Lear found me unconditionally present to Godard’s hilariously inventive, philosophically dense, poetically iconoclastic and stirring play. I went back to look at everything that came before, thanks to a brilliant and slightly lost Godard-obsessed student at the college where I was working. He became a fast friend, turning me on to films he rented from BLOCKBUSTERS and which we illegally copied for study.

I continue to revisit works with which I’ve struggled or find exhaustingly perplexing. No one has so expansively challenged me more.

A line from Shakespeare’s Hamlet to be heard in Godard’s King Lear rings true when I think of Godard: “Inside me there is a kind of fighting which will not let me sleep” (Act V, scene 2:5) ».

Eve Heller

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« Le lit dans le coin avec des mots écrits à la main sur le mur. Le train qui passait d’une pièce à l’autre. Des petits écrans sur un mur avec des films que je ne reconnaissais pas. Des plantes au milieu d’une pièce et un tas de télévision non-utilisées sur le sol. L’autre lit avec une grande télévision sur laquelle passaient des extraits de Black Hawk Down [La Chute du faucon noir (Ridley Scott, 2001)], à côté une télévision dirigée vers le plafond qui présentait des films pornographiques, et dehors des tentes des sans-abris distribuées cet été-là par Médecins sans frontières. J’avais 17 ans, j’étais en France pour la première fois, je suis allé au Centre Pompidou en ayant entendu parler de Godard, mais ne sachant rien de son œuvre ; j’ai pensé que j’avais trouvé le meilleur hommage possible au cinéma ».

Ted Fendt

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A Frame for Jean-Luc (Peter Tscherkassky, 1989–2023)

« Le Mépris taught me the beauty of CinemaScope like no other film ever. In my essay “Deux voix, un adieu” for the 2006 Centre Pompidou catalogue Jean-Luc Godard – Documents, I asked the world to entrust me with a print of the masterwork so I can cinematically express exactly what I mean. So far, no response. I herewith shamelessly renew my plea, so I can create a final darkroom farewell to maestro Godard ».

Peter Tscherkassky

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« JLG, avec toi, j’ai compris que le cinéma, que l’art, étaient des énergies vitales, des jeux parfois sérieux, parfois pas, qui expriment la vie et donc la mort, qui résistent au monde, qui aiment et qui crient, qui chuchotent et que tout peut arriver en même temps, que tout au long de la vie on peut inventer et rajeunir, se battre et de gagner en liberté. J’ai appris que pour moi le cinéma est l’art, et que j’y consacrerai ma vie ».

Jacques Perconte

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« Du montage des idées eisensteinien à la comédie musicale, du Scope au Ciné-Tract,
de l’ethnographie au film noir, du film-esquisse au spot publicitaire,
de l’essai vidéo à l’action directe…

Avec lui, les formes de production font partie du processus de création.

De fait, il nous révèle des émotions inconnues et inaugure un nouveau rapport au cinéma.
Godard a tout vu.

Et pourtant, loin d’inhiber, ce travail et cette “forme d’être-au-monde” nous prouvent que tout est possible.

Je ne savais peut-être pas encore à quel point cette “forme d’être-au-monde” nous accompagnait ».

José Luis Guérin

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« JLG a repris la main dans sa fonction essentielle, celle du geste artistique originel, de la grotte Lascaux au Lac Léman »

Olivier Azam

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« JLG : un grand prestidigitateur et un être d’images qui avec sa rare intelligence a réécrit l’histoire, il la remodèle, il avale l’image, subvertit les commandes, les formats, saborde et sabote tout ce qu’il fait, et depuis sa capacité de destruction, il fusionne le flagrant et le marginal pour en faire quelque chose de génial ».

Marylène Negro

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« Godard cinéaste romantique allemand, ont dit certains…

Godard n’a-t-il pas réintroduit le fragment au cinéma — pilotant ses films au grand large du cinéroman… “le fragment comme essentiel inachèvement” (F. Schlegel) — tout en restituant l’image à sa pure extériorité : “ce n’est pas une image juste, c’est juste une image” — à revisiter après Novalis :

“L’extérieur est un intérieur élevé à l’état de mystère” (Novalis) ? »

F. J. Ossang

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« Comment dire l’indicible ? Godard est un brasier qui sourd en moi et je ne suis pas sûr ni de l’atteindre, ni de véritablement le comprendre un jour… quand j’y pense, mes ailes de papier s’embrasent ».

Coquelicots 9 (Othello Vilgard, 2023)

Othello Vilgard

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« A significant fulcrum of the artist is play. Pure, unadulterated play. Through play, we discover, we journey, and through the galvanization we experience in such journeys, we play more, we journey more, and thus, we discover even more. In pursuing the small quiet paths that serpentine off the busy road—those paths of often ignored possibilities—we can go deeper, beyond them, into the wilderness, where we can arrive at impossibilities; unimaginable impossibilities that through us simply playing, journeying, and venturing there, become possible. Not only possible, but vivid, present. Perhaps inscrutable, yes, but vivid, real. This act is hope, this act is future, and this act is cinema. Nobody played more, journeyed more than Godard. He may have now departed—but we have not lost him. All we need to do is play, journey, and we will discover ».

Scott Barley

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4 rue des Fontaines du Temple, Paris, 19 février 2023, 18 h 31.

Vladimir Perišić

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Le trésor au bord de la table propre et dressée,
L’œil dans la marge juste au-dessus du niveau de la mer,
Une chute d’oiseau,
Et la voix perdue d’un griffon légendaire qui monte à la verticale de l’amour.

Hamé

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« Lorsqu’on est trop perdu, interroger le Sphinx, méditer ses énigmes, accueillir leurs beautés, et avancer, avec un peu plus de clarté, dans la nuit de la nuit, qui n’est pas le jour ».

Yann Gonzalez

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Boston, 2019

Bouquet, 2023

John Gianvito