Arrimant la technologie à une vision et une voix des plus personnelles, il incarne plus que quiconque le credo esthétique de Tarkovski selon lequel « le cinéma est un art sérieux et difficile, lourd de sacrifices ». Avec ses éclairages impressionnistes, ses rythmes lancinants et sa mise en scène sophistiquée, Sokourov pourrait être considéré comme le plus rigoureux des cinéastes actuels tant en documentaire qu’en fiction.
Hors Champ présente une sélection de films autour de la vie paysanne :
L’arbre aux sabots (E. Olmi), La terre (A. Dovzhenko), Les terriens (A. Doublet), Farrebique (G. Rouquier), Les inconnus de la terre (M. Ruspoli), Le retour à la terre (P. Perrault), Euskadi été 1982 (O. Iosseliani) et Maria – élégie paysanne (A. Sokourov). 1er au 13 avril
Mais le paysage n’est pas qu’une vue, c’est aussi une vue de l’esprit, un rapport au monde, un point de vue sur le pays. Comme l’écrivait Eisenstein : « Le paysage peut incarner dans une image concrète des conceptions cosmiques entières, des systèmes philosophiques entiers. […] Tout plan est un paysage.» Sokourov, certainement, connaissait cette phrase, pour l’avoir retranscrite à la lettre à chaque plan des Voix spirituelles .
Sokourov, avec l’Arche russe, aura inventé un nouveau genre, non pas le film-fleuve, mais le film-radeau, le film-arche. Ce n’est pas un film historique où il s’agit de remonter à peu près adéquatement le fleuve de l’histoire, c’est plutôt le film qui est devenu le radeau, le véhicule scripturaire de l’histoire, descendant son fleuve mouvant avec lequel il se confond, suivant une lame continue, emportant dans son cours, indistinctement, le passé et le présent.