La confusion qui règne autour de la restauration des films est de nos jours d’autant plus grande qu’elle est accablée par deux dogmes idéologiques. Le premier s’affiche déjà comme une évidence : aujourd’hui, la « restauration des films » consiste principalement – sinon exclusivement – en un processus de numérisation de la pellicule cinématographique. Le deuxième, beaucoup plus délicat, se cache sous la surface polie du numérique : c’est une entreprise qui s’opère hors de tout examen minutieux et qui ignore subtilement tout les discours technologiques, éthiques et philologiques ; une affaire qui s’effectue au-delà de tout besoin réel de refléter l’histoire (du cinéma) ; un processus profondément, purement et irréversiblement repoussé dans les catégories de l’économie de marché.