Si Morrison a su s’imposer dans les dernières années comme l’un des cinéastes expérimentaux les plus importants de sa génération, c’est qu’il a su prendre acte, par le biais d’une véritable poétique de l’archive, de l’historicité non seulement du cinéma mais avant tout de ses supports et de ses modes de projection, en en explorant toutes les frontières.
« J’ai réellement envie de faire des œuvres physiques, qui affectent le corps, de telle sorte que l’expérience est une véritable expérience, et n’engage pas seulement une saisie conceptuelle. »
L’effet-Snow se situe précisément dans l’écart entre une expérience concrète, corporelle de l’œuvre et ses dimensions discursives ou conceptuelles, comme si le cercle ne parvenait jamais à se boucler tout à fait, et que l’oubli était intégralement lié à sa mise en mémoire.
La vidéo est de toute évidence le médium de notre époque et celui de notre culture. Au cours des trente dernières années elle a proliféré comme aucun autre médium dans le monde des arts (diffusion élargie dans les musées, galeries d’art et festivals de cinéma, intégration à tous les arts de la scène, à la culture techno, enseignements spécifiques dans les écoles d’art…), en plus d’être le support du média de masse qu’est la télévision. En tant que technologie de l’image, dans toutes ses variantes, son étendue est encore plus vaste ; caméras amateures, cinémas maison, documents corporatifs, Internet, surveillance… L’omniprésente possibilité de tout capter en images.