QUI ES-TU POUR JUGER?
Quand vient le temps de définir son rôle ou d’exercer son «métier», le critique se bute souvent à la question : «Qui es-tu pour juger?». La question ou la rebuffade n’est pas toujours aussi clairement énoncée, quelquefois un animateur la pose directement à un chroniqueur, des internautes la lanceront sous quelques déclinaisons dans les médias sociaux ou sur Internet à la suite d’un article un peu virulent à l’endroit d’un film ou d’un cinéaste, mais le plus souvent il s’agit d’une résistance palpable, d’une attitude qui par certains indices laisse entrevoir les croyances courantes que «tout se vaut» ou que c’est «chacun pour soi».
«Qui es-tu pour juger?» est donc une manière de laisser savoir qu’il n’y a plus de hiérarchie des valeurs; attitude par excellence de l’abdication et de l’indifférenciation qui permet d’éviter toute confrontation, tout débat réel, tout choc culturel ou idéologique, et qui permet de s’enfermer dans ses certitudes individuelles.
En soi la question n’est pas tellement importante et il est difficile d’y répondre sans se compromettre, sans s’enfoncer dans des explications aux allures prétentieuses – qui plus est invalidées a priori par le «tout se vaut». Elle demeure cependant importante dans la mesure où elle est l’indice d’un fossé entre la critique et le public. Pour celui qui s’y intéresse, le constat mérite qu’on s’y arrête. Si on dit «soumettre une question», on «se soumet» également à la question en acceptant d’y répondre. Plutôt que d’y répondre, allons au-delà de la question pour voir à quels sous-entendus et à quels phénomènes elle renvoie.
Cette attitude est liée à un phénomène historique bien concret et très complexe de remise en question, de relativisation, voire de rejet de l’autorité dans plusieurs sphères de la société. Dans le monde actuel voué aux cultes du spectacle et de la technologie, passe encore l’autorité d’un analyste sportif reconnu, d’un programmeur analyste ou d’un médecin spécialiste, mais sur les questions esthétiques, politiques, sociales, philosophiques, etc., chacun devient un spécialiste en surfant sur son petit vécu et sur quelques opinions glanées à gauche et à droite.
Il y a encore à peine quelques décennies, en Occident – précisons-le puisque ailleurs dans le monde il s’agit du modèle traditionnel encore en place – , les figures d’autorité encadraient ou s’imposaient à l’individu de toutes parts : Pape, clergé, père de famille, chefs (de clan, de tribu, de village, etc.), professeurs, grands écrivains, grands penseurs, politiciens, etc. Puis l’individualisme et la démocratie – qui incubaient depuis quelques siècles – triomphèrent avec cette idée que l’individu peut penser par lui-même, faire ses choix et agir librement. La critique des autorités et d’une hiérarchie rigide des valeurs n’est pas une mauvaise chose en soi, mais n’avons-nous pas tout faux quand nous pensons nous «faire notre propre idée» sur tous les sujets?
Si un tel et un tel autre s’enferment volontiers dans «le mien vaut le tien», c’est que nous vivons dans une époque où règne l’opinion. Une opinion en vaut une autre, mais l’erreur consiste à penser qu’une opinion vaut bien une idée. Il n’y a rien de mal ou de « faux » dans une première impression, une intuition, une opinion face à un individu, une idée ou un phénomène, mais j’insiste, l’erreur consiste à ne pas voir la différence de valeur entre l’opinion et l’idée, entre l’impression et la connaissance. Et c’est bien là un mal qui ronge notre société démocratique et qui donne beaucoup de pouvoir aux autorités pourtant bien réelles (médiatiques, industrielles, financières, culturelles, politiques, etc.). En général la vision d’un individu sur les questions morales, éthiques, spirituelles, esthétiques, etc. ne sont qu’un agrégat aléatoire d’opinions et de lieux communs de la pensée qui n’ont rien à voir avec une connaissance éclairée fondée sur une recherche individuelle approfondie (par exemple un tel vote pour « le changement », un autre ne vote pas parce que « c’est du pareil au même »). Même si toute l’information est à sa portée (avec Internet tout est donné) et qu’aucune autorité écrasante visible n’est plus à ses côtés ou devant lui (elle se contente maintenant d’être au-dessus ou derrière) pour lui indiquer le droit chemin de la pensée, l’individu veut rarement prendre la peine de chercher, recevoir, échanger ou critiquer. La différence entre une opinion et une idée semble assez évidente, revenons-en à «se faire sa propre idée». Qu’y a-t-il de «propre» dans une idée?
Tout individu naît dans une communauté qui va lui transmettre un ensemble de valeurs qu’il n’aura pas choisies. Quand on met dans la tête d’une personne dès son jeune âge que faire ou penser telle chose «c’est très bien» ou au contraire que «c’est un grave péché», elle le croira avant même d’avoir pu «se faire sa propre idée». Il se peut qu’elle reste toute sa vie avec cette idée reçue, comme il se peut qu’elle soit amenée à très sérieusement réfléchir à la question pour ensuite maintenir ou changer sa position. Et il en va ainsi de toutes les valeurs reçues au cours de l’enfance.
Ce qui a changé par rapport à l’autorité, c’est que l’individu une fois adulte peut aujourd’hui choisir beaucoup plus librement les autorités auxquelles il se soumet – sans toutefois pouvoir systématiquement retracer toutes les sources d’influences ni le processus par lequel il les aurait sélectionnées. Mais un individu ne peut penser par lui-même sur tous les sujets et il doit bien se rapporter à d’autres sources auxquelles il donne une valeur, une autorité quelconque.
À cela ajoutons qu’il existe d’autres mécanismes qui nous amènent à faire des choix a priori. En plus de l’éducation et de la culture qui ont déjà en grande partie fondé et orienté nos intérêts, chaque individu sait par intuition les problèmes qui l’intéressent ou non, sans pouvoir toutefois exactement expliquer pourquoi, même en s’y penchant de près. Ne serait-ce qu’au plan religieux, on ne peut pas tout approfondir sur le bouddhisme, l’hindouisme, le christianisme et l’islamisme dans le seul but de se faire une idée juste. À la religion s’ajoutent tous les problèmes sociaux, la politique, l’environnement, le sport, tous les arts, etc. sur lesquels nous ne pouvons très souvent nous prononcer qu’en ayant recours à des opinions vagues ou des idées approximatives.
«Se faire sa propre idée» reste vrai pourvu qu’il y ait un processus conscient par lequel nous recevons et reconnaissons les origines de nos influences. Recevoir une idée ou une valeur nouvelle, ce n’est ni l’accepter ni la rejeter a priori, c’est chercher à la comprendre puis la passer au crible. Si une idée ou une valeur ne nous semble contenir rien de bon, c’est que nous l’aurons jugée selon nos valeurs qui se trouveront ainsi affermies par la mise à l’épreuve. Si au contraire il s’y trouve quelque chose de valable selon nos critères, nous aurons augmenté, transformé nos connaissances et consolidé nos idées ou nos valeurs. Au contraire, rejeter a priori le jugement d’un autre parce que « le mien vaut bien le tien », c’est se condamner à garder des idées et des valeurs reçues et à entretenir diverses formes d’aliénation. Finalement, si nous n’avons pas envie d’écouter un tel nous parler de tel sujet, ce n’est pas que tout se vaut a priori. Au contraire si cela ne nous intéresse pas, c’est que par intuition ou par connaissance nous n’accordons pas de valeur suffisante à notre interlocuteur ou à son message. Le problème se trouve donc dans l’usage du «qui es-tu pour juger» ou du «tout se vaut» comme arme rhétorique, comme moyen de réfuter qui cache une paresse ou un manque de fondements quand vient le moment de défendre sa position.
Même si nous pensons «tenir» une idée en maîtrisant un ensemble cohérent d’arguments qui s’y rapporte, une idée n’est jamais capturée et fixée une fois pour toutes, elle est plutôt à l’image de la conscience et de la vie : toujours en mouvement vers l’Ouvert 1 . Même en s’attachant à un absolu que nous faisons nôtre, que nous voulons défendre pour toujours (l’amour d’une vie), nous ne pouvons y échapper, des forces de l’intérieur poussent constamment vers le changement, vers un certain affaiblissement de ce que nous prenions un jour pour la Vérité. Le noyau dur, le point de gravité de notre conscience se déplace et en voulant y résister pour défendre une position antérieure, des tensions se développent et des craquèlements se forment. Le chaos nous apeure, nous préférons les certitudes, le définitif, pour ne se déplacer que sur notre petit territoire, ne plus en sortir. Illusion puisque cette zone de confort poreuse se voit traversée chaque jour par un nombre incalculable d’images. Les influences extérieures forcent un perpétuel et quotidien processus d’érosion, de déplacement, de défense, de consolidation.
En admettant ce double mouvement de l’intérieur et de l’extérieur, «tenir une idée» ne signifie rien d’autre que de maintenir un certain équilibre entre des agencements cohérents qui évoluent autour d’un point de gravité lui-même en dérive. Penser, se faire une idée propre, c’est chercher à garder les traces de ces changements, à cartographier les marques, les coordonnées de ces mouvements.
Défendre ou donner sa position, c’est bien là le fardeau du cadeau de la liberté. On l’a vu, l’individu ne peut pas tout vérifier et se prononcer sur tout. Mais on lui donne aujourd’hui l’illusion d’avoir besoin de lui dans tout et sur tout. Notre société «démocratique» – mais surtout médiatique – invite l’individu à se prononcer sur tout et cette liberté le fait crouler sous les sollicitations tous azimuts. (Un bel exemple est l’émission de télé TVA en direct.com. Voir l’article de Pierre Barrette [L’information rattrapée par le web->http://horschamp.qc.ca/TVA-EN-DIRECT-COM-L-INFORMATION.html]) Les médias de plus en plus nombreux lui renvoient quotidiennement des torrents d’images frénétiques souvent en contradiction. L’individu est sursaturé d’images.
Jour après jour il est question pêle-mêle dans les médias de congestion sur les routes, de corruption, de réfection de pont, de famine, de violence, de droit à la mort dans la dignité, du réchauffement de la planète, de pollution, d’augmentation du coût de la vie, d’œcuménisme multiculturaliste, de tolérance, d’intolérance, de syndicalisme, de crise économique ou politique, d’envoi ou de retrait de troupes militaires, du problème de la Palestine, des profits des firmes pétrolières et des banques, des dettes nationales ou personnelles, de conciliation de travail et de famille, etc., etc., le tout entrecoupé de divertissement, de pubs qui vous vendent le monde merveilleux de l’auto, de la famille idéale, de la maison, des assurances; autant de questions sérieuses sur lesquelles on ne sait plus se prononcer.
À cela s’ajoute le phénomène nouveau de la course aux médias sociaux et aux nouvelles technologies qui accélèrent le spin médiatique tout en réduisant presque à néant toute distanciation. Toute image se colle à la rétine, or il devient difficile de «poser un regard» sur une image sans un certain recul. Des téléréalités aux médias qui invitent les gens à envoyer leur propre topo en passant par Twitter, Youtube ou Facebook, tout tend vers le désir de consommer immédiatement l’image au moment où elle se crée sans possibilité d’un intervalle où se glisserait un temps pour voir, une pensée, un discours.
Devant cette saturation, devant tant de sollicitations, d’images, d’opinions, d’enjeux qui bourdonnent chaque jour, l’individu nauséeux n’a d’autre choix que de développer une insensibilité. Cet individu, c’est chacun de nous qui sent cette part poreuse de soi envahie par cette ubiquité médiatique et qui désire légitimement se protéger au prix de l’irrationnel, pour échapper aux divers courants frénétiques que nous participons ironiquement à créer, pour colmater les brèches que ne nous ne cessons d’agrandir chaque jour.
Au bout du compte, quand un spectateur va voir un film, il veut tout sauf lire dans la presse qu’un critique a trouvé que «ce film ne vaut pas un Bergman ou un Woody Allen.» C’en est trop, d’où la vive réaction qui se matérialise par un «qui es-tu pour juger!? Moi j’ai aimé ce film, c’est tout.» Souvent exposés à des films comme à des critiques aux idées réductrices, les spectateurs se sentent en droit d’en avoir plus mais ils préfèrent se fermer. Quand un critique défend mal un film qu’il aime ou s’attaque mal à un film grand public qu’il déteste, quand le lecteur voit ce qu’il «devrait aimer» et qu’il y trouve un commentaire comme «difficile», «pointu» ou «à prendre ou à laisser», et bien il laisse. Comment lui en vouloir? Rien n’a été fait pour l’attirer sur l’autre plan, on lui a dit : «tu es du clan ou tu ne l’es pas». Un exemple de système clos et biaisé consiste à jouer le jeu de ne pas imposer de valeurs. Comme tel cinéaste qui ne veut pas imposer d’émotion et tel commentateur d’applaudir «parce que l’auteur n’impose pas de valeurs ou de point de vue». Le spectateur devrait-il être content de tant de respect mutuel? D’une part c’est faux, toute œuvre et toute critique est orientée et porteuse de valeurs (au moins esthétiques, par des choix ou des non-choix), d’autre part quel idéal y a-t-il à ne rien recevoir, à rester confortable dans ses positions, à «voir le réel» sans recul, sans intervention? Ne venons-nous pas d’anéantir l’art et la critique dans leur fonction?
CRITIQUE: QUELQUES PISTES
Devant cette saturation, cette insensibilité, cet irrationnel, quel est le rôle du critique? Le défi – qu’aucun commentateur de la presse ou de la télévision n’atteint et même pas toujours dans les magazines spécialisés – est d’amener les gens sur le plan de l’Art et de la critique. Si la critique implique par un certain rapport au vide de retarder, de ralentir, de s’attarder, de fixer son attention sur un objet, comment y parvenir dans un monde en proie au déficit d’attention? Comment être « de son temps », un temps ultra-rapide, et en tirer le nécessaire sans être happé par lui, en restant sur le plan critique? Comment faire des liens entre les deux plans et combiner les deux vitesses? Le critique serait donc encore et toujours un missionnaire, son but serait de sortir quelques disciples de l’enfer du bruit et de la brûlante actualité pour l’amener sur un plan calme où sont ordonnés quelques objets, appréciés, valorisés selon une durée, un contexte, une vie.
«Tout se vaut» : variante du goût
Tout le monde a entendu dans une discussion : «J’ai mes goûts et tu as les tiens. On ne discute pas les goûts.» Or l’idée du Beau dépassera toujours l’individu même si elle s’y actualise dans le goût personnel. Même si chaque culture a ses modes et ses codes particuliers pour définir le Beau, l’esthétique (par exemple les questions de symétrie, de proportion, d’harmonie et de composition) et les affects sont inscrits dans l’homme depuis la nuit des temps et cela ne relève pas simplement d’une histoire de goût personnel. C’est que «quelque chose» résonne chez la plupart des êtres humains. La résonance, l’absence de résonance voilà une piste pour chercher à comprendre autrui.
Le travail critique, c’est donc essayer de comprendre, d’analyser, d’expliquer : «Pourquoi trouves-tu ce film intéressant alors que je n’y vois aucun intérêt et même une fumisterie ?» Travail difficile, à la découverte d’autrui, à la découverte de soi, à la découverte de l’Art, au risque de se tromper. Le travail du critique et de l’artiste, c’est la recherche perpétuelle de saisir le Beau. Si tout se valait, les artistes ne sacrifieraient pas leur vie à la recherche du Beau, Téléfilms et la SODEC financeraient les projets en tirant au sort dans un chapeau et les gens iraient au cinéma en choisissant les films au hasard de leur temps libre et ils seraient également satisfaits de tout ce qu’ils voient. Il n’y aurait plus lieu d’écrire sur les films ni d’en parler. Finalement l’art disparaîtrait.
En y réfléchissant même un peu, on conçoit bien que du début à la fin, tous les intermédiaires choisissent en fonction de leurs valeurs : institutions qui financent, distributeurs, scénaristes, acteurs, boîtes de pub, télévision, critiques, animateurs de radio, etc. chacun va faire des choix, juger et décider de s’associer ou non à tel film, ce qui au bout du compte donne un cinéma à l’image de la frange qui domine le milieu. Faire un film, écrire sur le cinéma, c’est donc positionner une petite image individuelle dans la grande image de ce que nous sommes comme communauté, c’est laisser passer ou refléter certains rayons d’influences et résister à d’autres.
En créant, l’artiste mélange intuition et travail critique. En aval, c’est ce que l’amateur cherche à retracer en ayant également recours à l’intuition et à un processus critique. Cette définition fera l’objet d’un prochain article. Il me semblait pourtant nécessaire de faire une mise au point à propos de l’indifférenciation, de définir quelque peu le plan sur lequel le critique évolue et son rapport au «public» pris dans son sens large.
Qui est donc le critique pour juger? Un critique de cinéma est un amateur de films qui cherche à saisir le Beau dans son mouvement perpétuel, parce que tant que les hommes seront là pour créer et faire de l’Art, la définition sera ouverte. Parce que tout ne se vaut pas, qu’il y aura toujours des imitations, des copies, des faux et des œuvres sans intérêt qui à défaut d’être «dénoncés» doivent être différenciés des films qui apportent quelque chose de nouveau et qui comptent. C’est d’ailleurs ces films que le critique devrait d’abord et avant tout défendre. Si le critique ne veut pas essuyer une rebuffade, il ne doit pas se contenter d’établir une hiérarchie entre les films et d’imposer sa vision sommaire du cinéma en pensant que le public acquiescera devant la grandeur de ses connaissances. Il doit éviter les pièges séduisants de l’opinion et du snobisme (tu n’es pas du clan), remonter aux sources du travail de l’artiste et faire appel à l’intelligence du spectateur (ses valeurs, son esprit critique, son intuition). Le critique doit entraîner le spectateur sur son plan de la quête du Beau, par l’intuition et la lucidité.
Droits d’auteur pour le dessin d’en-tête: © Selçuk Demirel
Notes
- « Partout où quelque chose vit, il y a, ouvert quelque part, un registre où le temps s’inscrit. » Henri Bergson, L’évolution créatrice, PUF, 2008, p. 16. Et Gilles Deleuze d’expliquer dans Pourparlers (p.80) : « Bergson ne cessera pas de dire : le Temps, c’est l’Ouvert, c’est ce qui change et ne cesse de changer de nature à chaque instant. C’est le tout, qui n’est pas un ensemble, mais le passage perpétuel d’un ensemble à un autre, la transformation d’un ensemble dans un autre. » Et puisque nous sommes entre nous que ça intéresse, j’ajouterais cette citation pour les fans de Heidegger : « … c’est un point fondamental entre Bergson et Heidegger. Le seul point de ressemblance entre Bergson et Heidegger. Mais c’est vraiment un point, un point qui est de taille. C’est d’avoir fait une philosophie de l’ouvert avec un grand O. Et la ressemblance va très loin à ce moment-là. Parce que chez Heidegger, dire que l’être c’est l’Ouvert, et se réclamer à cet égard de deux grand poètes, Hölderlin et Rilke, tout le thème chez eux de l’Ouvert. Dire que l’être c’est l’Ouvert implique aussi que l’être ce soit le temps. Et chez Bergson, le Tout c’est l’Ouvert. Et l’Ouvert ou le Tout, c’est le devenir. C’est l’universel devenir. » Gilles Deleuze, Cinéma – Une classification des signes et du temps, [cours du 11 novembre 1982->http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=184] ↩