Réfléchir la programmation : gestes critiques, gestes créateurs / séance 1. « expérimenter »

Le cinéma expérimental présente la particularité de se déployer en-dehors des circuits commerciaux et du grand public. À la fois très présent et discret à l'échelle de la scène montréalaise, ce cinéma, qui entretient des connivences avec les arts visuels, la performance et le cinéma d'animation, présente aussi cette autre particularité de faire dévier la narrativité du cinéma traditionnel vers des façons de faire davantage liées à la processualité, à la matérialité, à la perception et de la sorte convient des formes d'opacité qui réfléchissent la création et interrogent les positions conventionnelles de spectature. 

En vertu de l'exigence que pose cette plus grande opacité, le cinéma expérimental nécessite un accompagnement que l'on dirait plus soutenu, ce que déploie depuis 2015 la lumière collective, organisme qui se définit comme un collectif d'artistes et de commissaires, un micro-cinéma présentant les films sur leur support d'origine et un espace de pratique et de résidences. Depuis sa création, l'organisme chapeaute une programmation en séries (VISIONS, IN SITU) et cherche à faciliter la diffusion de formes expérimentales. Selon un esprit qui se veut ouvertement collaboratif et horizontal, la lumière collective organise des séances de projection en présence des artistes et entend, selon les mots de Benjamin R. Taylor, co-fondateur du lieu, de « décortiquer les films ensemble dans un espace commun ». 

Quels sont les petits et grands principes qu'observe la lumière collective en rapport avec cet esprit de collaboration ? Comment le geste de diffuser le cinéma expérimental s’enrichit de la salle de la lumière collective et comment la salle, son identité, sa taille, son emplacement, influencent la réception des films ? Qu'est-ce que la programmation de cinéma expérimental fait au cinéma et à l'art ? En quoi la discussion avec les artistes et cinéastes enrichit les programmes, au-delà des évidences ?

Cette activité est rendue possible grâce au soutien de la Periculum. Fondation pour l'art contemporain

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Programme / program

Aliki, Richard Wiebe (2010), 6 min

Spacey, Takashi Ito (1980-81), 10 min

Shape Shift, Scott Stark (2004), 3 mins

Wild Filly Story, Josefin Arnell (2020), 20 mins

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Dicussion avec Benjamin R. Taylor, Noa Blance, Nour Ouayda et Mathilde Fauteux

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Experimental cinema is unique in that it operates outside commercial circuits and the general public. At once very present and discreet on the scale of the Montreal scene, this cinema, which has links with the visual arts, performance art and animation, also has the particularity of diverting the narrativity of traditional cinema towards ways of making that are more closely linked to processuality, materiality and perception, and in so doing, agreeing to forms of opacity that reflect on creation and question conventional positions of spectatorship.

By virtue of this greater opacity, experimental cinema requires what might be described as more sustained support, something that has been deployed since 2015 by lumière collective, an organization that defines itself as a collective of artists and curators, a micro-cinema presenting films on their original medium and a space for practice and residencies. Since its creation, the organization has overseen a series of programs (VISIONS, IN SITU) and sought to facilitate the dissemination of experimental forms. In an overtly collaborative and horizontal spirit, la lumière collective organizes screenings in the presence of artists and aims, in the words of co-founder Benjamin R. Taylor, to “dissect films together in a common space”. 

What are the major and minor principles observed by lumière collective in relation to this spirit of collaboration? How does the gesture of screening experimental cinema become enriched by the collective light room, and how does the room-its identity, its size, its location-influence the reception of the films? What does experimental cinema programming do to cinema and art? How do discussions with artists and filmmakers enrich programs beyond the obvious?

This activity is made possible thanks to the support of the Periculum. Foundation for Contemporary Art

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Benjamin R. Taylor est un artiste indépendant dont les œuvres sont présentées dans des festivals et des cinémas internationaux. Il est également conservateur, programmateur et animateur indépendant dans le domaine du cinéma. Il est le fondateur et l'animateur de VISIONS, une série curatoriale indépendante qui met en avant des artistes travaillant dans le cinéma expérimental et documentaire. Il est cofondateur et responsable de la lumière collective, un microcinéma et studio d'artistes situé à Montréal, au Québec, au Canada.

Benjamin R. Taylor is an independent artist with work exhibited in international festivals and cinemas. He is also an independent film curator, programmer and facilitator. He is the founder and facilitator of VISIONS, an independent curatorial series that foregrounds artists working in experimental and documentary cinema. He is a cofounder and caretaker of la lumière collective, a microcinema and artist studio in Montréal, Québec, Canada. 

Noa Blanche Beschorner (elle) travaille à la fois en tant que cinéaste et artiste visuelle, entre Montréal/Tiotià:ke et Berlin, . Elle termine actuellement son baccalauréat en production cinématographique à l'Université Concordia et travaille comme coordonnatrice d'événements et programmatrice à la lumière collective et VISIONS. Son cinéma explore la notion de durée au moyen du formalisme et de l'ethnographie visuelle.

Between Montreal/Tiotià:ke and Berlin, Noa Blanche Beschorner (she/her) works as both a filmmaker and visual artist. She is currently completing her bachelor's degree in film production at Concordia University and works as an event coordinator and programmer at La Lumière Collective and VISIONS. Her films explore the notion of duration through formalism and visual ethnography.

Nour Ouayda est une réalisatrice et programmatrice de films. Elle forme avec Mira Adoumier et Carine Doumit le collectif Le Comité du Camélia. Elle fait partie du comité éditorial de Hors Champ. Entre 2018 et 2023, elle a été coordinatrice des partenariats puis l’adjointe à la direction à l’association Metropolis Cinema à Beyrouth où elle a géré et développé le projet Cinematheque Beirut. Elle enseigne actuellement la programmation de films à Beyrouth. Dans son travail, elle explore les relations multiples entre l'image, le texte, la voix et le son, à travers la réalisation de films, la programmation cinématographique et l'écriture. Elle conçoit ces gestes comme un écosystème unique qui fournit le cadre, les ressources et les infrastructures permettant de poursuivre une pratique cinématographique à travers différentes formes et formats. 

Nour Ouayda is a film director and programmer. Together with Mira Adoumier and Carine Doumit, she forms the collective Le Comité du Camélia. She is a member of the editorial board of Hors Champ, the Montreal-based online film magazine. Between 2018 and 2023, she was the partnership coordinator and then assistant director at the Metropolis Cinema association in Beirut, where she managed and developed the Cinematheque Beirut project. She teaches film programming in Beirut. In her work, she explores the multiple relationships between image, text, voice, and sound through filmmaking, film programming, and writing. She conceives of these actions as a unique ecosystem that provides the framework, resources, and infrastructure to pursue a filmmaking practice across different forms and formats.

Mathilde Fauteux œuvre dans le milieu artistique et cinématographique à titre de distributrice chez Vidéographe où elle accompagne et valorise les pratiques expérimentales d'artistes locaux et internationaux. En parallèle à cette occupation, elle développe sa pratique en tant que programmatrice. Mathilde Fauteux a notamment fait partie de l’équipe de programmation des courts métrages au Festival du nouveau cinéma et collabore maintenant avec les Rencontres internationales du documentaire de Montréal. 

Mathilde Fauteux works in the arts and film industry as a distributor at Vidéographe, where she supports and promotes the experimental practices of local and international artists. At the same time, Mathilde is developing her skills as a programmer. She was part of the short film programming team at the Festival du nouveau cinéma and now works with the Rencontres internationales du documentaire de Montréal.